Après sa victoire surprise à la primaire démocrate, le jeune candidat, né en Ouganda de parents indiens et ennemi déclaré de Donald Trump, continue de faire la course en tête à l’approche de l’élection municipale du 4 novembre. La chercheuse Nadia Marzouki analyse pour « le Nouvel Obs » les processus d’alliance et de recomposition politiques qui soutiennent son inédite ascension.
Le meurtre du militant d’extrême droite Charlie Kirk, le 10 septembre 2025, est venu alimenter une fois encore la crainte, de plus en plus tangible, d’une nouvelle forme de guerre civile aux Etats-Unis. Dans ce contexte, la campagne menée par Zohran Mamdani pour la mairie de New York offre une image radicalement différente de la vie politique. Tranchant avec les raids violents menés dans les quartiers résidentiels, les églises et près des écoles par l’ICE, l’agence fédérale en charge de
L’expulsion des immigrés, elle a placé la joie au cœur de sa stratégie : en plus des traditionnels meetings, une chasse aux trésors géante organisée dans la ville pour les New-Yorkais, des vidéos marquées d’humour et d’irrévérence sur les réseaux sociaux, ou la traversée de Manhattan à pied par un Zohran Mamdani assailli par ses nombreux fans, la veille de la primaire.
Né à Kampala, en Ouganda, Zohran Mamdani, âgé de 34 ans, est membre de l’Assemblée de l’Etat de New York. Fils de l’anthropologue Mahmood Mamdani et de la réalisatrice Mira Nair, il affiche une identité musulmane de gauche cosmopolite et ouverte, qui irrite les adeptes du nationalisme MAGA [« Make America Great Again », slogan trumpiste]. « L’Amérique est contradictoire, multiple et incomplète », déclarait le candidat sur le réseau X le 4 juillet [jour de la fête nationale aux Etats-Unis]. Propos que le vice-président J. D. Vance a immédiatement dénoncé comme une forme d’ingratitude dans un discours auprès du think tank conservateur Claremont Institute : « Pour qui diable se prend-il ! »
Rattaché au mouvement Democratic Socialists of America (DSA) – dont il s’est néanmoins distingué sur certaines orientations nationales –, Zohran Mamdani fait partie de cette nouvelle génération qui pousse le Parti démocrate vers la gauche sur les questions sociales et de politique étrangère. Encore inconnu du grand public à l’automne 2024 [quand il annonce sa candidature à la mairie de New York], il remporte le 24 juin 2025 43,45 % des voix au premier tour de la primaire contre Andrew Cuomo, figure de l’establishment démocrate [qui fut notamment gouverneur de l’Etat de New York de 2011 à 2021]. Initialement soutenu par des organisations et des personnalités de gauche telles que le Working Families Party, Alexandria Ocasio-Cortez et Bernie Sanders, il a progressivement obtenu le soutien de personnalités plus centristes, comme le représentant Jerrold Nadler ou la gouverneure de New York Kathy Hochul.
Alors que le maire sortant Eric Adams a annoncé son retrait de la course, Mamdani est aujourd’hui en tête des sondages, face à ses concurrents – Andrew Cuomo qui reste finalement dans la course comme indépendant, et Curtis Sliwa, le candidat républicain. Par son assurance et sa détermination, Zohran Mamdani est apparu comme le candidat le plus convaincant du débat qui s’est tenu le 16 octobre entre les trois concurrents [un deuxième et dernier débat était organisé mercredi 22 octobre].
Priorités sociales et économiques
La trajectoire exceptionnelle de Zohran Mamdani se situe au croisement de deux processus majeurs que la fascination médiatique pour la guerre culturelle entre le wokisme et le camp MAGA a fait passer au second plan. Sa campagne manifeste d’abord le renouveau d’une gauche politique américaine qui donne la priorité aux questions économiques et sociales (logement, accès aux soins, transports, éducation). Au sein de cette tendance, on a vu émerger au cours des dix dernières années une gauche multi et interconfessionnelle, qui mobilise et s’organise contre le nationalisme religieux. Le succès de Zohran Mamdani est lié d’autre part à l’inédite dynamique de construction de coalitions qu’il a su initier.
Novelobs.fr
Le meurtre du militant d’extrême droite Charlie Kirk, le 10 septembre 2025, est venu alimenter une fois encore la crainte, de plus en plus tangible, d’une nouvelle forme de guerre civile aux Etats-Unis. Dans ce contexte, la campagne menée par Zohran Mamdani pour la mairie de New York offre une image radicalement différente de la vie politique. Tranchant avec les raids violents menés dans les quartiers résidentiels, les églises et près des écoles par l’ICE, l’agence fédérale en charge de
L’expulsion des immigrés, elle a placé la joie au cœur de sa stratégie : en plus des traditionnels meetings, une chasse aux trésors géante organisée dans la ville pour les New-Yorkais, des vidéos marquées d’humour et d’irrévérence sur les réseaux sociaux, ou la traversée de Manhattan à pied par un Zohran Mamdani assailli par ses nombreux fans, la veille de la primaire.
Né à Kampala, en Ouganda, Zohran Mamdani, âgé de 34 ans, est membre de l’Assemblée de l’Etat de New York. Fils de l’anthropologue Mahmood Mamdani et de la réalisatrice Mira Nair, il affiche une identité musulmane de gauche cosmopolite et ouverte, qui irrite les adeptes du nationalisme MAGA [« Make America Great Again », slogan trumpiste]. « L’Amérique est contradictoire, multiple et incomplète », déclarait le candidat sur le réseau X le 4 juillet [jour de la fête nationale aux Etats-Unis]. Propos que le vice-président J. D. Vance a immédiatement dénoncé comme une forme d’ingratitude dans un discours auprès du think tank conservateur Claremont Institute : « Pour qui diable se prend-il ! »
Rattaché au mouvement Democratic Socialists of America (DSA) – dont il s’est néanmoins distingué sur certaines orientations nationales –, Zohran Mamdani fait partie de cette nouvelle génération qui pousse le Parti démocrate vers la gauche sur les questions sociales et de politique étrangère. Encore inconnu du grand public à l’automne 2024 [quand il annonce sa candidature à la mairie de New York], il remporte le 24 juin 2025 43,45 % des voix au premier tour de la primaire contre Andrew Cuomo, figure de l’establishment démocrate [qui fut notamment gouverneur de l’Etat de New York de 2011 à 2021]. Initialement soutenu par des organisations et des personnalités de gauche telles que le Working Families Party, Alexandria Ocasio-Cortez et Bernie Sanders, il a progressivement obtenu le soutien de personnalités plus centristes, comme le représentant Jerrold Nadler ou la gouverneure de New York Kathy Hochul.
Alors que le maire sortant Eric Adams a annoncé son retrait de la course, Mamdani est aujourd’hui en tête des sondages, face à ses concurrents – Andrew Cuomo qui reste finalement dans la course comme indépendant, et Curtis Sliwa, le candidat républicain. Par son assurance et sa détermination, Zohran Mamdani est apparu comme le candidat le plus convaincant du débat qui s’est tenu le 16 octobre entre les trois concurrents [un deuxième et dernier débat était organisé mercredi 22 octobre].
Priorités sociales et économiques
La trajectoire exceptionnelle de Zohran Mamdani se situe au croisement de deux processus majeurs que la fascination médiatique pour la guerre culturelle entre le wokisme et le camp MAGA a fait passer au second plan. Sa campagne manifeste d’abord le renouveau d’une gauche politique américaine qui donne la priorité aux questions économiques et sociales (logement, accès aux soins, transports, éducation). Au sein de cette tendance, on a vu émerger au cours des dix dernières années une gauche multi et interconfessionnelle, qui mobilise et s’organise contre le nationalisme religieux. Le succès de Zohran Mamdani est lié d’autre part à l’inédite dynamique de construction de coalitions qu’il a su initier.
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