I. Le retour du «deal» en politique étrangère
Le 21 octobre 2025, depuis Washington, l'envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, a affirmé qu'un « accord de paix entre l'Algérie et le Maroc » pourrait être signé « dans les 60 jours ».
Une déclaration qui, sous des apparences conciliantes, cache une logique d'opportunisme politique et géoéconomique.
Car si la paix maghrébine est un idéal depuis soixante ans, il est difficile de croire qu'un promoteur new-yorkais, reconverti en diplomate improvisé, puisse en résoudre la complexité en deux mois.
Derrière les sourires diplomatiques et les mots creux, c'est bien la méthode Trump qui refait surface : celle d'un monde conçu comme un marché, où la paix devient un produit et le Maghreb un terrain d'investissement.
II. Un contexte lourd et des fractures profondes
Depuis la rupture des relations diplomatiques en août 2021, les deux pays vivent une séparation totale : frontières fermées, vols suspendus, échanges commerciaux quasi nuls.
Les racines du désaccord sont anciennes :
- La guerre des Sables (1963), première fissure post-indépendance.
- La Marche verte (1975) et le dossier du Sahara occidental, toujours non résolu.
- La fermeture de la frontière terrestre (1994), jamais rouverte depuis.
Résultat : selon la Banque africaine de développement, le non-Maghreb coûte chaque année 2 % du PIB à chaque pays, et les échanges intra-maghrébins ne représentent que 3 % du commerce total de la région.
Une intégration économique minimale, un potentiel humain étouffé, et une perte géostratégique majeure dans un monde où les blocs se recomposent.
III. L'ombre de Trump ou la diplomatie de l'occasion
Ce « plan de paix » n'est pas le fruit d'une vision régionale, mais d'un calcul électoral.
Donald Trump cherche un succès symbolique à placer dans son tableau diplomatique, à l'approche de l'élection présidentielle de 2026.
Après les « Accords d'Abraham » signés en 2020 entre Israël et plusieurs pays arabes, il veut désormais présenter un « Accord de Tanger » ou un « Pacte du Maghreb » même si le contenu reste flou.
L'idée est claire : remobiliser son électorat, renforcer l'image d'un « négociateur mondial » et, accessoirement, reprendre pied en Afrique du Nord, où les États-Unis ont perdu du terrain face à la Chine, à la Russie et à l'Union européenne.
Ce n'est donc pas un projet de paix, mais une stratégie d'influence maquillée en diplomatie.
L'Amérique ne vise pas la réconciliation maghrébine : elle vise le contrôle des flux, des ressources, et des symboles.
IV. Ce que cache vraiment Washington
Derrière les promesses de dialogue, quatre objectifs apparaissent clairement :
1. Énergie et routes stratégiques.
2. Affaiblir la Russie et la Chine au Maghreb.
3. Créer une vitrine électorale.
4. Rassurer les partenaires européens.
En somme, ce projet est géopolitique avant d'être pacifique, stratégique avant d'être sincère.
V. Les chances et les limites de la médiation
Certains gestes récents - messages officiels, échanges de condoléances, déclarations modérées - laissent entrevoir une possible désescalade.
Mais la méfiance demeure totale. Un traité dicté depuis Washington, sans ancrage local, risque d'être un feu de paille.
La paix, pour être durable, doit se nourrir de confiance, non de pression.
VI. Le Sahara occidental - la ligne rouge
Aucun accord ne pourra ignorer la question centrale : le Sahara occidental.
Le Maroc y voit un territoire relevant de sa souveraineté ; l'Algérie défend le principe d'autodétermination sous l'égide des Nations unies. Depuis que Washington a reconnu en 2020 la souveraineté marocaine sur le Sahara, la méfiance algérienne envers toute médiation américaine s'est accrue.
VII. Résultats possibles : entre symbolique et instrumentalisation
1. Scénario optimiste : ouverture progressive des canaux diplomatiques.
2. Scénario réaliste : annonce politique sans contenu concret.
3. Scénario pessimiste : rejet et durcissement des positions.
VIII. Ce que pourrait gagner ou perdre le Maghreb
Si cette initiative ouvre un début de dialogue, elle pourrait être bénéfique.
Mais si elle se limite à une photo de campagne américaine, elle risque de réduire encore la voix du Maghreb à un simple décor dans la géopolitique mondiale.
IX. Conclusion - L'illusion utile
Oui, cette annonce a quelque chose d'opportuniste, presque cynique.
Mais elle rappelle aussi, malgré elle, que la paix reste possible. L'illusion d'un « accord des 60 jours » vaut mieux que le silence des 60 années.
La paix ne se décrète pas à Washington.
Elle se construit entre deux rives, quand les peuples décident qu'ils ont davantage à gagner ensemble qu'à s'ignorer encore.
lequotidien-oran.
Le 21 octobre 2025, depuis Washington, l'envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, a affirmé qu'un « accord de paix entre l'Algérie et le Maroc » pourrait être signé « dans les 60 jours ».
Une déclaration qui, sous des apparences conciliantes, cache une logique d'opportunisme politique et géoéconomique.
Car si la paix maghrébine est un idéal depuis soixante ans, il est difficile de croire qu'un promoteur new-yorkais, reconverti en diplomate improvisé, puisse en résoudre la complexité en deux mois.
Derrière les sourires diplomatiques et les mots creux, c'est bien la méthode Trump qui refait surface : celle d'un monde conçu comme un marché, où la paix devient un produit et le Maghreb un terrain d'investissement.
II. Un contexte lourd et des fractures profondes
Depuis la rupture des relations diplomatiques en août 2021, les deux pays vivent une séparation totale : frontières fermées, vols suspendus, échanges commerciaux quasi nuls.
Les racines du désaccord sont anciennes :
- La guerre des Sables (1963), première fissure post-indépendance.
- La Marche verte (1975) et le dossier du Sahara occidental, toujours non résolu.
- La fermeture de la frontière terrestre (1994), jamais rouverte depuis.
Résultat : selon la Banque africaine de développement, le non-Maghreb coûte chaque année 2 % du PIB à chaque pays, et les échanges intra-maghrébins ne représentent que 3 % du commerce total de la région.
Une intégration économique minimale, un potentiel humain étouffé, et une perte géostratégique majeure dans un monde où les blocs se recomposent.
III. L'ombre de Trump ou la diplomatie de l'occasion
Ce « plan de paix » n'est pas le fruit d'une vision régionale, mais d'un calcul électoral.
Donald Trump cherche un succès symbolique à placer dans son tableau diplomatique, à l'approche de l'élection présidentielle de 2026.
Après les « Accords d'Abraham » signés en 2020 entre Israël et plusieurs pays arabes, il veut désormais présenter un « Accord de Tanger » ou un « Pacte du Maghreb » même si le contenu reste flou.
L'idée est claire : remobiliser son électorat, renforcer l'image d'un « négociateur mondial » et, accessoirement, reprendre pied en Afrique du Nord, où les États-Unis ont perdu du terrain face à la Chine, à la Russie et à l'Union européenne.
Ce n'est donc pas un projet de paix, mais une stratégie d'influence maquillée en diplomatie.
L'Amérique ne vise pas la réconciliation maghrébine : elle vise le contrôle des flux, des ressources, et des symboles.
IV. Ce que cache vraiment Washington
Derrière les promesses de dialogue, quatre objectifs apparaissent clairement :
1. Énergie et routes stratégiques.
2. Affaiblir la Russie et la Chine au Maghreb.
3. Créer une vitrine électorale.
4. Rassurer les partenaires européens.
En somme, ce projet est géopolitique avant d'être pacifique, stratégique avant d'être sincère.
V. Les chances et les limites de la médiation
Certains gestes récents - messages officiels, échanges de condoléances, déclarations modérées - laissent entrevoir une possible désescalade.
Mais la méfiance demeure totale. Un traité dicté depuis Washington, sans ancrage local, risque d'être un feu de paille.
La paix, pour être durable, doit se nourrir de confiance, non de pression.
VI. Le Sahara occidental - la ligne rouge
Aucun accord ne pourra ignorer la question centrale : le Sahara occidental.
Le Maroc y voit un territoire relevant de sa souveraineté ; l'Algérie défend le principe d'autodétermination sous l'égide des Nations unies. Depuis que Washington a reconnu en 2020 la souveraineté marocaine sur le Sahara, la méfiance algérienne envers toute médiation américaine s'est accrue.
VII. Résultats possibles : entre symbolique et instrumentalisation
1. Scénario optimiste : ouverture progressive des canaux diplomatiques.
2. Scénario réaliste : annonce politique sans contenu concret.
3. Scénario pessimiste : rejet et durcissement des positions.
VIII. Ce que pourrait gagner ou perdre le Maghreb
Si cette initiative ouvre un début de dialogue, elle pourrait être bénéfique.
Mais si elle se limite à une photo de campagne américaine, elle risque de réduire encore la voix du Maghreb à un simple décor dans la géopolitique mondiale.
IX. Conclusion - L'illusion utile
Oui, cette annonce a quelque chose d'opportuniste, presque cynique.
Mais elle rappelle aussi, malgré elle, que la paix reste possible. L'illusion d'un « accord des 60 jours » vaut mieux que le silence des 60 années.
La paix ne se décrète pas à Washington.
Elle se construit entre deux rives, quand les peuples décident qu'ils ont davantage à gagner ensemble qu'à s'ignorer encore.
lequotidien-oran.
