Plusieurs éléments, à première vue, sans aucun lien entre eux, se sont déroulés cet été courant et concernent, tous, la question sahraouie. Ces nouveaux paramètres sont, pourtant, d'une importance capitale et constituent un véritable cap stratégique vers l'indépendance du peuple sahraoui. Il y a eu, tout d'abord, la reconnaissance par le Paraguay du Front Polisario et de la RASD. Avec tous les symboles forts y afférents, ouverture d'ambassade, échanges de lettres diplomatiques protocolaires et, surtout, une décision d'ouverture d'une grande campagne de sensibilisation dans ce pays en faveur des Sahraouis. C'est la première fois que cette nation «latino» reconnaît le Polisario et la RASD. Ensuite, il a été rendu public le limogeage de Peter Van Walsum, l'étrange ex-envoyé spécial du secrétaire général pour le Sahara occidental. Les annales des Nations unies ont rarement pour ne pas écrire, jamais (l'auteur de cet article s'engage à vérifier et à en rendre compte), enregistré un «débarquement» pareil pour une mission d'arbitrage. Peter Van Walsum, pour rappel, n'a pas eu la décence de proposer sa démission après un basculement, avec armes et bagages, vers l'option marocaine. Cet étrange diplomate n'a pas hésité à porter atteinte à sa réputation et à celle de sa patrie d'origine (les Pays-Bas) pour se mettre, honneur abandonné, au service du Makhzen. Les indiscrétions recueillies, ici, dans la capitale européenne parlent de fortes royalties et de mirobolantes sommes d'argent perçues par Walsum et, généreusement accordées par le roi du Maroc au désormais ex-envoyé spécial. Avant de procéder à sa liquidation, de ses enceintes, l'institution onusienne a procédé à une enquête intra-muros. Sans doute que ces résultats ont abouti à des conclusions déshonorantes pour Walsum. Le secrétaire général de l'ONU a, en tout cas, pris ses responsabilités en se débarrassant de ce diplomate devenu encombrant. Ce qui n'était pas évident, sur les pressions qui se sont exercées sur Ban-Ki-moon pour qu'il maintienne Peter Walsum dans sa mission. Boutros-Boutros Ghali ou Koffi Annan, ses prédécesseurs n'auraient sans doute pas eu ce courage. Les manifestants de Sidi Ifni, et les tribus de Aït Baâmrane, en scandant dans le sillage des autres revendications sociales et politiques, leur solidarité et leur soutien au Polisario, constituent, enfin, une autre charge puissante contre le régime marocain. La féroce répression qui s'était abattue sur les pauvres gens de Sidi-Ifni et de Aït Baâmrane prouve que le Makhzen a été ébranlé. Et très sérieusement. Sidi-Ifni et Aït Baâmrane, situés en territoire marocain, soutenant l'indépendance des Sahraouis, c'est tout un édifice qui risquait de s'effondrer. Comme, depuis son invasion des territoires sahraouis, Rabat a encore une fois choisi la gégène, la torture et la fuite en avant. Pour autant, la courageuse reconnaissance de la RASD par le Paraguay, la fin de mission sans gloire signifiée à V.Walsum et les manifestations de solidarité venant de Sidi-Ifni et des Aït Baâmrane sont des éléments à analyser comme des signes avant-coureurs. Les changements les plus brutaux sont, ne l'oublions pas, d'ordre tectonique.
De notre bureau de Bruxelles
Kader Vacour
lecourrier-dalgerie
Admirez le journalisme
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