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Condoleezza Rice fustige la Russie

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  • Condoleezza Rice fustige la Russie

    On trouvera ci-après le texte (tel qu'il a été préparé à l'avance) du discours prononcé par la secrétaire d'État américaine, Mme Condoleezza Rice, au German Marshall Fund de Washington, le 18 septembre 2008.

    (Début de la transcription)

    Je vous remercie, Craig Kennedy, pour votre aimable présentation.

    Je remercie également tout le monde au German Marshall Fund pour m'avoir invité à prendre la parole ici aujourd'hui. Le German Marshall Fund est un organisme indispensable, en particulier pour notre alliance transatlantique, mais aussi de plus en plus pour nos partenariats en dehors de l'Europe.

    Vous encouragez l'unité de pensée, l'unité de but et l'unité d'action dont les États-Unis ont besoin plus que jamais dans le monde actuel. Vous avez eu une influence incommensurable en nous aidant à renforcer les liens de notre pays avec l'Europe ces dernières années. Pour tout cela, je tiens à vous dire merci.

    C'est la première fois que je prononce un discours au German Marshall Fund en qualité de secrétaire d'État, et je me risque à dire que ce sera aussi la dernière. Je vous remercie de vous rendre compte que je ne cherche pas les applaudissements en disant cela.

    Je suis venue ici pour vous parler aujourd'hui d'un sujet qui a occupé tous les esprits récemment, à savoir la Russie.

    La plupart d'entre nous sont au courant des événements du mois écoulé. Les causes de ce conflit, en particulier le différend entre la Géorgie et ses régions séparatistes de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, sont complexes. Elles remontent à l'effondrement de l'Union soviétique. Les États-Unis et leurs alliés ont tenté à de multiples reprises d'aider les parties à régler ce différend par la voie diplomatique. En fait, c'était en partie pour cette raison que je me suis rendue en Géorgie le mois avant le conflit, tout comme le ministre allemand des affaires étrangères, M. Steinmeier, entre autres.

    Le conflit en Géorgie a des racines profondes. Toutes les parties ont fait des erreurs et des mauvais calculs. Toutefois, les faits principaux sont clairs :

    Le 7 août, après de multiples violations du cessez-le-feu en Ossétie du Sud, notamment le bombardement par obus de villages géorgiens, le gouvernement géorgien a lancé une grande opération militaire à Tskhinvali et dans d'autres zones de cette région séparatiste. Malheureusement, plusieurs soldats russes chargés du maintien de la paix ont été tués à cette occasion.

    Ces événements étaient préoccupants. Toutefois, la situation s'est détériorée davantage lors que les dirigeants de la Russie ont violé la souveraineté de la Géorgie et son intégrité territoriale en lançant une invasion de grande ampleur de l'autre côté d'une frontière reconnue internationalement. Des milliers de civils innocents ont dû quitter leurs foyers. Les dirigeants de la Russie ont établi une occupation militaire qui s'est étendue profondément dans le territoire géorgien. Ils ont ensuite violé l'accord de cessez-le-feu négocié par le président de la République française, M. Sarkozy.

    Les autres mesures prises par la Russie pendant cette crise sont aussi profondément déconcertantes : ses accusations alarmistes de « génocide » commis par les forces géorgiennes… ses déclarations sans fondement au sujet de l'action des États-Unis pendant le conflit… ses tentatives de démembrer un État souverain en reconnaissant l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud…ses déclarations au sujet de ses « intérêts privilégiés » dans la manière dont elle traite les États voisins qui sont indépendants… enfin son refus de permettre à des observateurs de la communauté internationale et à des ONG d'avoir accès à l'Abkhazie et à l'Ossétie du Sud, malgré les actes de violence et de rétribution que commettent les milices à l'encontre de Géorgiens innocents.

    Ce qui est plus inquiétant au sujet de l'action de la Russie, c'est qu'elle s'inscrit dans le cadre d'un comportement qui ne cesse de s'aggraver depuis plusieurs années.

    Je veux parler entre autres de l'intimidation par la Russie de ses voisins qui sont des États souverains… de son emploi du pétrole et du gaz naturel comme arme politique… de sa suspension unilatérale du traité sur les forces armées classiques en Europe… de sa menace de viser des États en paix au moyen d'armes nucléaires… de ses ventes d'armes à des États et à des groupements qui menacent la sécurité internationale… et de sa persécution, voire pire, de journalistes russes, de dissidents et d'autres personnes.

    Il ressort de cette forme de comportement l'image d'une Russie qui est de plus en plus autoritaire sur son territoire et de plus en plus agressive à l'étranger.

    Ce comportement n'est ni passé inaperçu ni resté incontesté. Nous avons abordé cette question dans le cadre de nos efforts visant à établir des relations constructives avec la Russie. Toutefois, l'attaque contre la Géorgie a cristallisé la voie que les dirigeants de la Russie sont en train de prendre et nous a menés à un moment critique pour la Russie et pour le reste du monde.

    Un moment critique, mais non déterministe.

    Les dirigeants de la Russie font actuellement des choix regrettables, mais ils peuvent faire des choix différents. L'avenir de la Russie est entre ses mains. Toutefois, ses choix seront influencés en partie par l'action des États-Unis, de leurs amis et de leurs alliés, tant par les stimulants que nous offrons que par les pressions que nous appliquons.

    On a beaucoup parlé récemment de la manière dont nous sommes arrivés à ce stade. Certains ont tenté d'attribuer la responsabilité du comportement récent de la Russie à d'autres pays, alors qu'on ne peut pas blâmer des États voisins comme la Géorgie pour ce que la Russie a fait.

    Bien sûr, les dirigeants de la Géorgie auraient dû mieux réagir face aux événements du mois écoulé en Ossétie du Sud, et il n'est avantageux pour personne de prétendre le contraire. Nous avons averti nos amis géorgiens que la Russie leur tendait un piège et que tomber dans ce piège ferait le jeu de Moscou.

    Néanmoins, les dirigeants de la Russie se sont servis de ce prétexte pour lancer ce qui, d'après toutes les apparences, a été une invasion préméditée d'un État voisin indépendant. En fait, ils ont préparé le terrain pour ce scénario il y a des mois, en délivrant des passeports russes à des séparatistes géorgiens, en entraînant leurs milices et en les armant, puis en justifiant comme un acte de légitime défense leur campagne par-delà la frontière géorgienne.

    On ne peut pas non plus attribuer le comportement de la Russie à l'élargissement de l'OTAN. Depuis la fin de la guerre froide, nos alliés et nous avons œuvré de concert pour transformer l'OTAN, afin qu'elle devienne, au lieu d'une alliance qui a défendu les remparts d'une Europe divisée, un moyen de favoriser la croissance d'une Europe unie, libre et en paix et de faire face aux dangers, tels que le terrorisme, qui menacent aussi la Russie.

    Nous avons ouvert l'OTAN à tout État souverain et démocratique en Europe qui remplit les conditions nécessaires pour y adhérer. Nous avons soutenu le droit de tous les pays qui ont renoncé au communisme de choisir la voie de développement qu'ils poursuivent et les institutions auxquelles ils souhaitent adhérer.

    Cet effort d'importance historique a réussi. Près de la moitié de nos alliés au sein de l'OTAN sont d'anciennes nations captives. La promesse de leur adhésion constitue un stimulant pour ces États de mettre en place des institutions démocratiques, de réformer leur économie et de régler leurs anciens différends, comme des États tels que la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et la Lituanie l'ont déjà fait.

    Fait tout aussi important, l'OTAN n'a cessé d'inciter la Russie à participer à ses tentatives de construction d'une Europe pacifique et prospère. La Russie a siégé à presque chaque sommet de l'OTAN depuis 2002. Alors prétendre que cette alliance est dirigée contre la Russie est simplement ignorer l'histoire. En fait, nous sommes toujours partis du principe - qui n'a pas changé - que les besoins légitimes de la Russie en matière de sécurité étaient mieux servis par la présence d'États pacifiques, prospères et démocratiques à ses frontières que par celle d'États faibles, divisés et pauvres.

    De même, il est tout simplement impossible d'attribuer le comportement de la Russie aux États-Unis - les accusant d'être trop fermes, ou pas assez, avec la Russie (...) ou encore d'être trop peu soucieux de ses intérêts ou trop naïfs au sujet de ses dirigeants.

    Depuis la fin de la guerre froide - qui a duré pendant trois gouvernements, démocrates et républicains - les États-Unis ont cherché à encourager la naissance d'une Russie puissante, prospère et responsable. Nous l'avons traitée non comme une ennemie vaincue, mais comme une nouvelle partenaire. Nous avons soutenu - politiquement et financièrement - la transition de la Russie vers une économie moderne reposant sur le libre-échange, et vers une société libre et pacifique. Et nous l'avons respectée en tant que grande puissance avec laquelle il fallait œuvrer au règlement des dossiers mondiaux qui nous concernaient tous les deux.

    onde.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Lorsque nos intérêts ont divergé, nous avons consulté les dirigeants russes. Nous avons cherché un terrain d'entente. Et nous nous sommes efforcés, du mieux possible, de tenir compte des intérêts et des idées de la Russie. C'est ainsi que nous avons abordé des sujets contentieux, de l'Iran au Kosovo, en passant par la défense antimissile. De plus, je me suis rendue plusieurs fois en Russie, les deux dernières fois en compagnie du ministre de la défense Robert Gates, afin de promouvoir la coopération.

    Or, les dirigeants russes ont commencé, de plus en plus, à ne plus agir tout à fait dans le même esprit. Et leurs récentes actions poussent certains à se demander si nous ne sommes pas retombés dans une guerre froide. Non, ce n'est pas le cas. Mais cela soulève tout de même la question suivante : d'où vient cette nouvelle Russie ? Comment la Russie des années 90 est-elle devenue la Russie d'aujourd'hui ?

    Après tout, les années 90 ont été pour la Russie une période de réel espoir et pleine de promesse. L'État totalitaire était démantelé. La plupart des Russes voyaient leurs libertés s'étendre considérablement au niveau de ce qu'ils pouvaient lire ou dire, acheter ou vendre, et des associations qu'ils pouvaient créer. Les nouveaux dirigeants arrivés au pouvoir cherchaient à orienter la Russie vers la liberté politique et économique sur le plan intérieur, et vers l'intégration à l'économie mondiale et la tenue d'un rôle international responsable.

    Tout cela est vrai. Mais de nombreux Russes ont des souvenirs différents. Ils se souviennent de la dernière décennie comme d'une époque de débordements et d'anarchie, d'incertitude économique et de chaos social. Une époque où les criminels, les gangsters et les barons de la pègre pillaient l'État russe et exploitaient les éléments les plus faibles de la société russe. Une époque durant laquelle de nombreux Russes - et pas seulement les élites et les anciens apparatchiks, mais de simples citoyens - éprouvaient un sentiment de déshonneur et de bouleversement que nous autres Occidentaux n'avons pas complètement mesuré.

    Je me souviens de cette Russie, parce que je l'ai vue de mes propres yeux.

    Je me souviens de ces vieilles femmes qui vendaient les maigres possessions de toute une vie le long du vieil Arbat - des assiettes, des tasses ébréchées, n'importe quoi pour survivre.

    Je me souviens des soldats russes qui rentraient d'Europe de l'Est et qui devaient vivre dans des tentes parce que l'État russe était tout simplement trop faible et trop pauvre pour les loger convenablement.

    Je me souviens de mes discussions avec mes amis russes - des gens tolérants, ouverts et progressistes - qui ont éprouvé un sentiment aigu de honte durant cette décennie. Non pas à cause de la disparition de l'Union soviétique, mais parce qu'ils ne reconnaissaient plus leur propre pays : le théâtre du Bolchoï s'effondrait... les retraités n'arrivaient plus à payer leurs factures...en 1992, l'équipe olympique russe défilait sous un drapeau que personne n'avait jamais vu, et recevait des médailles d'or au son d'un hymne national que personne n'avait jamais entendu. Il régnait un sentiment humiliant que tout ce qui était russe n'était plus désormais bon à rien.

    Cela n'excuse pas le comportement de la Russie, mais aide à en comprendre le contexte. Cela contribue à expliquer pourquoi de nombreux simples citoyens russes ont éprouvé du soulagement et de la fierté lorsque de nouveaux dirigeants sont apparus à la fin de la dernière décennie, des dirigeants qui cherchaient à reconstituer l'État russe et à réaffirmer sa puissance à l'étranger. Une autorité imparfaite était considérée, cela se comprend, comme préférable à l'absence d'autorité.

    Ce qui est devenu évident, c'est que l'objectif légitime de reconstruction de la Russie a pris un tournant sinistre - avec le recul des libertés individuelles... l'application arbitraire de la loi... la corruption généralisée à divers niveaux de la société russe... et l'impulsion paranoïaque et agressive, qui s'est déjà manifestée dans l'histoire de la Russie, de considérer la montée de la démocratie dans ses pays voisins - récemment lors des révolutions dites « de couleur » en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizstan - non pas comme une source de sécurité accrue, mais comme une menace pesant sur ses intérêts.

    Mais quelle que soit la voie qu'elle empruntera, la Russie d'aujourd'hui n'est pas l'Union soviétique - ni par la taille de son territoire, ni par la portée de sa puissance, ni par l'ambition de ses objectifs, ni par la nature de son régime. Les dirigeants de la Russie d'aujourd'hui n'ont aucune prétention à l'universalisme idéologique, aucune solution de substitution au capitalisme démocratique, ni aucune capacité de créer un système parallèle d'États clients et d'institutions rivales. La base de la puissance soviétique a disparu.

    Malgré l'autoritarisme de leurs dirigeants, les Russes jouissent aujourd'hui d'une plus grande prospérité, de plus nombreuses possibilités et, d'une certaine manière, d'une plus grande liberté qu'à l'époque tsariste ou soviétique. Les Russes réclament de plus en plus les fruits de leur participation à l'économie mondiale - des emplois et des technologies, des voyages à l'étranger, des produits de luxe et des prêts hypothécaires à long terme.

    Étant donné leur prospérité croissante et la multiplication des chances qui s'ouvrent à eux, je ne peux pas imaginer que la plupart des Russes souhaitent retourner à une époque, comme à l'ère soviétique, où leur pays se tenait fièrement isolé des marchés et des institutions occidentales.

    C'est donc là que réside la tragédie sous-jacente des choix que sont en train de faire les dirigeants russes. Il ne s'agit pas seulement de la douleur qu'ils infligent aux autres, mais des coûts débilitants qu'ils imposent à la Russie elle-même - la façon dont ils sapent la crédibilité internationale que les entreprises russes ont œuvré avec tant d'acharnement à établir... et la façon dont ils risquent le progrès réel et futur du peuple russe, qui a pourtant parcouru tant de chemin depuis la fin du communisme.

    Et tout cela pourquoi ? L'attaque de la Russie contre la Géorgie n'a fait que prouver ce que l'on savait déjà - à savoir que la Russie peut utiliser sa supériorité militaire écrasante pour punir un petit voisin. Mais la Géorgie a survécu. Sa démocratie perdurera. Son économie sera reconstruite. Son indépendance sera renforcée. Son armée sera, à terme, reconstituée. Et nous attendons le jour où l'intégrité territoriale de la Géorgie sera restaurée pacifiquement.

    L'invasion de la Géorgie par la Russie n'a permis d'atteindre, et ne permettra d'atteindre, aucun objectif stratégique. Les dirigeants russes n'atteindront pas l'objectif principal de leur opération militaire, à savoir déposer le gouvernement de Géorgie. Notre objectif stratégique est désormais de faire comprendre clairement aux dirigeants russes que leurs décisions mettent irrémédiablement la Russie sur la voie de l'isolement, et de la disparition de son influence sur la scène internationale.

    Pour atteindre ce résultat, les pays conscients de leurs responsabilités, notamment les États-Unis et leurs alliés européens, devront faire preuve de détermination et d'unité. Nous ne pouvons pas nous permettre de valider l'idée préconçue que certains dirigeants russes semblent se faire, à savoir que nous serions prêts à céder, oublier et finir par accepter la situation lorsque des nations libres sont soumises à une pression suffisante, accompagnée d'intimidation, de menaces et d'actes d'agression.

    Les États-Unis et l'Europe doivent se dresser contre les comportements de cette nature et ceux qui s'en font les champions. Il est de l'intérêt des États-Unis et de l'Europe, et de l'intérêt du peuple russe, qui mérite de meilleures relations avec le reste du monde, que nous ne permettions pas à l'agression de la Russie de porter ses fruits. Ni en Géorgie, ni nulle part ailleurs.

    Les États-Unis et leurs alliés européens ne font donc qu'un dans leur soutien à la Géorgie. Il convient de rendre hommage tout particulièrement au président Sarkozy pour le leadership dont il a fait preuve à cet égard. L'alliance transatlantique est unie. C'est ainsi que M. Jaap de Hoop Scheffer, secrétaire général de l'OTAN, s'est rendu cette semaine à Tbilissi à la tête d'une délégation composée des 26 ambassadeurs de notre alliance, afin de manifester notre soutien sans faille à nos amis géorgiens. La porte d'un avenir euro-atlantique reste grande ouverte à la Géorgie, et notre alliance continuera à œuvrer dans le cadre de la nouvelle commission OTAN-Géorgie afin que cet avenir devienne réalité.

    Les États-Unis et leurs alliés européens vont également continuer à mener l'effort international visant à aider la Géorgie à reconstruire ; cet effort s'est d'ailleurs déjà traduit par des avancées remarquables. Les États-Unis ont présenté un programme de soutien économique à la Géorgie d'un montant de 1 milliard de dollars. L'Union européenne a promis 500 millions d'euros. Et elle se prépare à déployer une importante mission d'observateurs et de vérificateurs civils en Géorgie.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Par ailleurs, avec un appui à la fois américain et européen, les ministres des affaires étrangères du G-7 ont condamné les actes de la Russie et se sont engagés à soutenir la reconstruction de la Géorgie. La Banque asiatique de développement s'est engagée à accorder un prêt de 40 millions de dollars à ce pays. Le FMI a approuvé une facilité de crédit de 750 millions de dollars. Et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe fait des plans pour y renforcer la présence des observateurs, bien que Moscou bloque toujours cette initiative.

      Inversement, la Russie n'a trouvé qu'un support minimal pour ses actions : des félicitations de Daniel Ortega et du Hamas ne sont pas vraiment un critère de triomphe diplomatique…

      Dans le même temps, les États-Unis et l'Europe continuent à soutenir, sans équivoque, l'indépendance et l'intégrité territoriale des voisins de la Russie. Nous nous opposerons à toute tentative russe d'enfermer des nations souveraines et des peuples libres dans une « sphère d'influence » archaïque.

      Les États-Unis et l'Europe renforcent leurs liens avec les voisins de la Russie. Nous travaillons au sein d'un groupe élargi, y compris avec nos amis finlandais et suédois, qui ont été des partenaires précieux durant la crise récente. Nous apportons notre soutien à des initiatives constructives, telles que la politique « Grand Nord » de la Norvège. Nous œuvrons afin de résoudre d'autres conflits régionaux, par exemple au Nagorny-Karabakh. Et nous ne permettrons pas à la Russie de mettre un véto à l'avenir de la communauté euro-atlantique, ni en ce qui concerne le choix des États auxquels nous proposons de devenir membres, ni sur la décision de ces États d'accepter nos propositions. Nous avons précisé ce point de manière claire à nos amis ukrainiens.
      Les États-Unis et l'Europe approfondissent leur coopération dans le domaine du développement de l'indépendance énergétique, en travaillant avec l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie et les pays de la Caspienne. Nous allons renforcer le système ouvert mondial d'approvisionnement en énergie, et nous le protégerons contre les pratiques outrancières. Il ne saurait y avoir un jeu de règles pour le complexe énergo-industriel russe et un jeu de règles pour tous les autres.

      Enfin, les États-Unis et l'Europe, et leurs nombreux alliés et amis dans le monde entier, ne permettront pas aux dirigeants russes de jouer sur les deux tableaux, en tirant parti des normes, des marchés et des institutions internationales alors même qu'ils en menacent les fondations. Il n'y a pas de troisième voie. Le monde ne peut laisser agir côte à côte une Russie du XIXe siècle et une Russie du XXIe siècle.

      Afin d'atteindre son plein potentiel, la Russie doit s'intégrer pleinement dans l'ordre politique et économique mondial. Or la Russie fait aujourd'hui le grand écart, avec un pied dans le système et l'autre à l'extérieur. Les dirigeants russes doivent faire face à une dure réalité s'ils souhaitent que leur pays soit plus qu'un simple fournisseur d'énergie : le succès de la Russie dépend du reste du monde, et la Russie ne peut rien changer à cela.

      Déjà, les dirigeants russes ont un aperçu de ce que pourrait être l'avenir s'ils maintiennent leur comportement d'agression. À la différence de la Géorgie, la Russie vient de voir sa position sur la scène internationale atteindre son point le plus bas depuis 1991. Et le coût de cet isolement, dû aux seules actions de la Russie, est élevé.

      La coopération nucléaire civile entre la Russie et les États-Unis est désormais à l'arrêt. Les dirigeants russes portent tort à l'économie de leur nation. La demande d'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce est désormais remise en question. Il en est de même de son désir d'adhésion à l'Organisation de coopération et de développement économiques.

      Mais la retombée la plus grave pour Moscou est sans doute que son comportement pose fondamentalement la question de savoir quelle est la personne dont la vision de l'avenir de la Russie guide réellement le pays. Il n'y a pas si longtemps, le nouveau président russe avait présenté pour son pays une vision positive et tournée vers l'avenir.

      Cette vision tenait compte des points faibles de la Russie : le déclin de sa population et ses difficultés poignantes dans le domaine de la santé, son incapacité à développer une économie de haute technologie et bien diversifiée, comparable aux économies des nations situées à l'ouest de la Russie mais aussi, de plus en plus fréquemment, à l'est également, et enfin la disparité croissante entre la qualité de la vie des habitants de Moscou, de Saint-Pétersbourg et de quelques autres grandes villes, et celle des habitants des campagnes.

      C'était une vision qui appelait au renforcement de l'État de droit, à l'élimination de la corruption, à l'investissement dans les forces vives de la nation, à la création de possibilités de progrès non pas seulement au profit d'une élite restreinte, mais au profit de l'ensemble du peuple russe, appelé à partager cette prospérité croissante.

      C'était une vision qui reposait sur ce que le président Medvedev appelait les « quatre I » : Investissement, Innovation, réforme des Institutions, et amélioration de l'Infrastructure, dans une perspective de développement de l'économie russe.

      Et c'était une vision qui reconnaissait que la Russie ne pouvait se permettre de développer des relations avec le monde fondées sur l'antagonisme et l'ostracisme.

      Cela est particulièrement vrai dans le monde d'aujourd'hui, de moins en moins organisé selon des principes de polarité, qu'il s'agisse d'un univers multipolaire, unipolaire ou, encore moins, bipolaire. Dans le monde d'aujourd'hui, il est impératif que les nations développent un réseau de liens solides et uniques, avec de nombreux États influents.

      Le contexte est donc très différent de celui qui prévalait durant la plus grande partie du siècle dernier, lorsque la politique étrangère des États-Unis était l'otage de nos relations avec la Russie. Nous devions tout examiner à travers ce prisme, y compris nos relations avec les pays tiers. Nous étions enfermés dans un conflit idéologique à somme nulle avec l'Union soviétique. Chaque pays devait choisir son camp, ce qui réduisait nos choix de manière drastique.

      Fort heureusement, cette époque est révolue, et elle ne reviendra pas. Les États-Unis sont donc désormais libres de mettre en œuvre une politique étrangère plus multidimensionnelle. Et c'est ce que nous faisons.

      Nous élaborons des programmes tournés vers l'avenir avec des démocraties qui partagent avec nous une culture multiethnique, comme c'est le cas du Brésil et de l'Inde, et avec des puissances émergentes telles que la Chine et le Vietnam, sans avoir à nous inquiéter des rivalités de la guerre froide.
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      • #4
        Nous transformons nos alliances en Asie, avec le Japon et la Corée du Sud, l'Australie et les Philippines ; nous transformons ces plateformes de défense réciproque en catalyseurs du développement de la sécurité régionale, du commerce et du soutien aux libertés, en construisant une région Asie-Pacifique dynamique.

        Nous avons entrepris la reconstruction de nos relations avec des pays tels que la Lybie, dont les dirigeants ont fait le choix responsable de rejoindre la communauté internationale.

        À travers l'Afrique, nous renforçons avec de nombreuses nations nos partenariats enracinés dans des valeurs partagées, et nous apportons notre soutien aux nouvelles initiatives africaines pour la réussite au XXIe siècle : bonne gouvernance, investissement dans la population, lutte contre la maladie et la corruption, développement grâce à la liberté économique.

        Au grand Moyen-Orient, nous remettons en cause la politique que nous poursuivions depuis soixante ans, au cours desquels les nécessités de la guerre froide ont amené les gouvernements américains successifs à préserver la stabilité au prix de la liberté, pour finir pas n'obtenir ni l'une, ni l'autre.

        Et nous préparons avec optimisme l'avenir avec nos amis et alliés des Amériques, dont nous nous étions parfois beaucoup trop éloignés durant la guerre froide. Nous mettons en œuvre avec eux une vison commune du continent, fondée sur la démocratie, le développement, la sécurité des personnes et la justice sociale.

        Les étalages anachroniques de force militaire de la part de la Russie ne renverseront pas le cours de l'histoire. La Russie est libre de déterminer la nature de ses relations avec les nations souveraines. Et celles-ci sont libres de déterminer la nature de leurs relations avec la Russie, y compris sur le continent américain.

        Mais nous avons confiance dans le fait que nos relations avec nos voisins d'Amérique latine, qui souhaitent un meilleur système éducatif, un meilleur système de santé, de meilleurs emplois et de meilleurs logements, ne souffriront pas du fait que quelques bombardiers Blackjack vieillissants rendent visite dans la région à l'une des rares autocraties qui y subsistent, à la traîne d'un continent de plus en plus pacifique, prospère et démocratique.

        Notre monde offre aujourd'hui une multitude d'occasions historiques de progrès, menacées toutefois par de multiples défis, du terrorisme à la prolifération nucléaire, et du changement climatique à la hausse des prix des matières premières. Il est de l'intérêt des États-Unis de construire des partenariats pour résoudre ces défis, qui ne sont pas les seuls. C'est également de l'intérêt de la Russie.

        Il est de l'intérêt commun des États-Unis et de la Russie de lutter contre le terrorisme et les extrémismes violents. Il est également de l'intérêt commun des États-Unis et de la Russie de voir la péninsule coréenne dénucléarisée, et d'empêcher les forces au pouvoir en Iran d'acquérir les armes les plus destructrices que le monde connaisse. La sécurité du Moyen-Orient, et la paix entre les Israéliens et les Palestiniens, est également de l'intérêt commun des États-Unis et de la Russie. Enfin, il est de l'intérêt commun des deux pays d'éviter que le Conseil de sécurité ne redevienne une institution bloquée, comme ce fut le cas durant la guerre froide.

        Les États-Unis et la Russie partageaient ces divers intérêts, et bien d'autres encore, le 7 août. Et nous les partageons toujours en ce 18 septembre. La déclaration de Sochi, signée il y a quelques mois par le président Bush et M. Poutine, alors président de la Fédération de Russie, a créé un cadre stratégique permettant aux États-Unis et à la Russie de progresser dans les nombreux domaines où les deux nations partagent des intérêts.

        Nous continuerons d'avancer, par nécessité, dans les domaines d'intérêt commun avec la Russie. Mais il serait fort dommage que notre relation n'aille pas au-delà : les meilleures relations lient les États qui partagent non seulement des intérêts, mais également des objectifs, des aspirations et, on ne saurait trop le répéter, des valeurs.

        Quelles que soient les différences entre nos politiques, nous ne les laisserons pas faire obstacle à l'approfondissement des relations entre nos deux sociétés.

        Nous continuerons donc à accueillir les russes, étudiants et enseignants, juges, journalistes, responsables syndicaux ou réformateurs démocratiques qui souhaitent visiter les États-Unis. Nous continuerons à soutenir le combat de la Russie contre le VIH-SIDA et la tuberculose. Et nous continuerons à apporter notre soutien à tous les Russes qui aspirent à un avenir de liberté pour leur remarquable nation.

        J'espère sincèrement que le prochain président et le prochain secrétaire d'État des États-Unis se rendront en Russie, prendront le temps de parler avec des membres de la société civile russe, et accorderont des interviews aux médias russes indépendants, diminués mais toujours présents.

        Les États-Unis et nos amis et alliés, en Europe mais également sur le continent américain, et en Asie, et en Afrique, et au Moyen-Orient, ont confiance dans notre vision du monde pour ce siècle encore jeune : une vision où la puissance n'est pas définie par les sphères d'influence, ou par une concurrence à somme nulle, ou par la capacité d'imposer sa volonté aux plus faibles, mais par une concurrence ouverte sur des marchés mondialisés, le commerce et le développement, l'indépendance des nations, le respect des droits de l'homme, la gouvernance dans le respect de la loi, et la défense de la liberté.

        Cette vision du monde ne signifie pas qu'il n'y aura pas de difficultés, de revers ou même de crises importantes, comme nous l'avons vu récemment. Mais c'est ce monde ouvert et interdépendant, plus que tout autre au cours de l'histoire, qui offre à tous les êtres humains une meilleure chance de vivre dans la paix, la prospérité et la dignité.

        Il reste à voir si les dirigeants russes sauront surmonter leur nostalgie d'une époque révolue et orienter leur action sur les sources du pouvoir, et d'exercice du pouvoir, au XXIe siècle. Cette décision appartient à la Russie, et à elle seule. Nous espérons que les dirigeants russes feront le choix responsable, dans l'intérêt de leur peuple et dans l'intérêt du monde
        Dernière modification par nacer-eddine06, 20 septembre 2008, 23h47.
        The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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