Comme dit Harachi, je suis arabe et fière de l'être.
Ibn Sahl, inventeur de la loi de la réfraction :
Revue Pour la science, novembre 2002
John Dudley et Brahim Guizal
physiciens au Laboratoire d'optique P.M. Duffieux à l'Université de Franche-Comté.
Un manuscrit révèle que, dès le xe siècle, un mathématicien arabe, Ibn Sahl, avait découvert la «loi de Descartes».
En France, la loi de la réfraction est connue sous le nom de «loi de Descartes», car elle figure dans le Discours de la méthode, publié en 1637. Dans les pays anglo-saxons, c'est la «loi de Snell», du nom du physicien allemand qui l'a énoncée en 1621. À qui doit-on attribuer la paternité de la «loi des sinus», sini = n sinr? Les Occidentaux se sont longtemps persuadés qu'entre «Miracle grec» et Renaissance, l'obscurantisme le plus total avait régné. On reconnaît aujourd'hui que les savants du monde arabe avaient non seulement traduit des ouvrages grecs et indiens, mais aussi pratiqué la science expérimentale et défriché des domaines scientifiques qui ne sont constitués que bien plus tard en Europe. La découverte par Roshdi Rashed d'un nouveau manuscrit arabe du Xe siècle, contenant la loi de la réfraction, s'inscrit dans l'histoire de ce flamboiement culturel méconnu, qui, de Bagdad à Cordoue, a fait progresser les sciences.
Les verres ardents
Dans son traité, Descartes utilise la loi de la réfraction pour déterminer la forme des anaclastiques, c'est-à-dire des surfaces réfractantes capables de concentrer des rayons incidents en un point unique. Dès l'Antiquité, les lentilles convexes étaient utilisées comme «verres ardents», pour allumer des feux. Au IIIe siècle avant notre ère, Aristophane aurait suggéré de chauffer des tablettes de cire avec une lentille pour effacer les dettes qui y étaient inscrites. À Rome, les vestales utilisaient régulièrement des verres ardents pour rallumer leur feu sacré, avec une flamme «pure» issue des rayons du Soleil. Au Ier siècle de notre ère, Pline l'ancien raconte que l'empereur Néron appréciait les lentilles, parce qu'elles produisaient du feu et corrigeaient la vue.
Les rayons du Soleil étaient également focalisés avec des miroirs concaves : au IIIe siècle avant notre ère, Archimède aurait ainsi embrasé les vêtements des soldats romains qui assiégeaient la colonie grecque de Syracuse. Au Moyen Âge, les miroirs concaves furent nommés speculi ustori (miroirs crématoires), probablement parce qu'ils servaient à allumer les bûchers funéraires.
Les Romains avaient dû prendre connaissance du point où les rayons réfléchis convergeaient, mais ils ne lui donnèrent pas de nom. Nous devons le mot «foyer» (du latin focus) à l'astronome Johannes Kepler (1571-1630), qui fit aussi des recherches sur les propriétés des surfaces réfléchissantes et réfractantes, quelques décennies avant Snell et Descartes. Il étudia la focalisation des rayons par des miroirs paraboliques, elliptiques et hyperboliques. Lorsqu'il découvrit que les planètes avaient des orbites elliptiques, il plaça tout naturellement le Soleil à l'un des foyers.

Ibn Alhaytham (à gauche) qui a vecu la majeure partie de sa vie au Caire au X et XI siecles est l'auteur du traité d'optique qui inspira les scientifiques occidentaux pendant le moyen age jusqu'à la rennaissance et les travaux de Harriot, Kepler, Snell et Descarte (à droite). Ibn Alhaytham distingue pour la première fois l'optique géométrique de l'optique physiologique.
Ibn Sahl, inventeur de la loi de la réfraction :
Revue Pour la science, novembre 2002
John Dudley et Brahim Guizal
physiciens au Laboratoire d'optique P.M. Duffieux à l'Université de Franche-Comté.
Un manuscrit révèle que, dès le xe siècle, un mathématicien arabe, Ibn Sahl, avait découvert la «loi de Descartes».
En France, la loi de la réfraction est connue sous le nom de «loi de Descartes», car elle figure dans le Discours de la méthode, publié en 1637. Dans les pays anglo-saxons, c'est la «loi de Snell», du nom du physicien allemand qui l'a énoncée en 1621. À qui doit-on attribuer la paternité de la «loi des sinus», sini = n sinr? Les Occidentaux se sont longtemps persuadés qu'entre «Miracle grec» et Renaissance, l'obscurantisme le plus total avait régné. On reconnaît aujourd'hui que les savants du monde arabe avaient non seulement traduit des ouvrages grecs et indiens, mais aussi pratiqué la science expérimentale et défriché des domaines scientifiques qui ne sont constitués que bien plus tard en Europe. La découverte par Roshdi Rashed d'un nouveau manuscrit arabe du Xe siècle, contenant la loi de la réfraction, s'inscrit dans l'histoire de ce flamboiement culturel méconnu, qui, de Bagdad à Cordoue, a fait progresser les sciences.
Les verres ardents
Dans son traité, Descartes utilise la loi de la réfraction pour déterminer la forme des anaclastiques, c'est-à-dire des surfaces réfractantes capables de concentrer des rayons incidents en un point unique. Dès l'Antiquité, les lentilles convexes étaient utilisées comme «verres ardents», pour allumer des feux. Au IIIe siècle avant notre ère, Aristophane aurait suggéré de chauffer des tablettes de cire avec une lentille pour effacer les dettes qui y étaient inscrites. À Rome, les vestales utilisaient régulièrement des verres ardents pour rallumer leur feu sacré, avec une flamme «pure» issue des rayons du Soleil. Au Ier siècle de notre ère, Pline l'ancien raconte que l'empereur Néron appréciait les lentilles, parce qu'elles produisaient du feu et corrigeaient la vue.
Les rayons du Soleil étaient également focalisés avec des miroirs concaves : au IIIe siècle avant notre ère, Archimède aurait ainsi embrasé les vêtements des soldats romains qui assiégeaient la colonie grecque de Syracuse. Au Moyen Âge, les miroirs concaves furent nommés speculi ustori (miroirs crématoires), probablement parce qu'ils servaient à allumer les bûchers funéraires.
Les Romains avaient dû prendre connaissance du point où les rayons réfléchis convergeaient, mais ils ne lui donnèrent pas de nom. Nous devons le mot «foyer» (du latin focus) à l'astronome Johannes Kepler (1571-1630), qui fit aussi des recherches sur les propriétés des surfaces réfléchissantes et réfractantes, quelques décennies avant Snell et Descartes. Il étudia la focalisation des rayons par des miroirs paraboliques, elliptiques et hyperboliques. Lorsqu'il découvrit que les planètes avaient des orbites elliptiques, il plaça tout naturellement le Soleil à l'un des foyers.


Ibn Alhaytham (à gauche) qui a vecu la majeure partie de sa vie au Caire au X et XI siecles est l'auteur du traité d'optique qui inspira les scientifiques occidentaux pendant le moyen age jusqu'à la rennaissance et les travaux de Harriot, Kepler, Snell et Descarte (à droite). Ibn Alhaytham distingue pour la première fois l'optique géométrique de l'optique physiologique.
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