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Qu'est-ce que le soufisme ?

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  • Qu'est-ce que le soufisme ?

    Apparu dès l’aube de l’islam, le soufisme en représente une dimension spirituelle, intérieure. Panorama…
    Le soufisme est un aspect de la sagesse éternelle, universelle, qui s’est incarné dans le corps de la religion islamique, née en Arabie au 7e siècle. On peut le définir comme la dimension intérieure, spirituelle de l’islam, et de l’islam sunnite pour l’essentiel.
    Parmi les diverses significations évoquées du terme sûfî, deux sont plausibles sur le plan linguistique. La première, immatérielle, fait dériver le terme du verbe arabe sûfiya, « il a été purifié ». Le but du soufisme serait donc de reconduire l’homme à la pureté originelle, dans cet état où il n’était pas encore différencié du monde spirituel. Selon la seconde étymologie, le mot sûfî dérive du mot sûf, la laine.

    Les débuts du soufisme

    Le soufisme s’est développé en climat sunnite, car il est fondé sur l’intériorisation du modèle muhammadien, la sunna*. La relation de maître à disciple, fondamentale, n’y a de sens qu’en référence au Prophète, le « Maître des maîtres », et tout ordre soufi trouve sa légitimité dans la « chaîne initiatique » qui remonte à lui. Les saints musulmans s’alimentent donc à l’influx béni (baraka) de celui qui est pour eux « l’Homme parfait ».
    Le soufisme ne saurait être un phénomène marginal dans la culture islamique, puisqu’il s’emploie à maintenir sans cesse une harmonie entre les aspects exotérique et ésotérique du message islamique. Il éclaire ainsi de l’intérieur le dogme et les rites de l’islam, leur donnant sens. Face à l’emprise croissante du droit musulman au fil des siècles, les soufis, qui étaient souvent de grands oulémas* (savants en sciences islamiques), rappellent que seul l’Esprit est à même de vivifier les formes, et de lutter contre la sclérose de la pensée islamique. C’est en cela qu’ils définissent leur discipline comme « le cœur vivant de l’islam ».
    Au cours des deux ou trois premiers siècles de l’islam, toute la typologie de la sainteté universelle se déploie dans le nouveau cadre islamique. Une véritable profusion d’expériences et de tempéraments spirituels se fait jour alors dans le monde musulman. Trois mouvances spirituelles se dégagent…

    Les trois voies

    1) Le renoncement au monde

    Jusqu’au 9e siècle, la spiritualité islamique s’inscrit presque exclusivement dans le cadre du zuhd, mot que l’on peut traduire par détachement ou renoncement. Cette attitude intérieure, qui consiste à envisager ce bas monde avec une certaine distance, trouve son ancrage dans le Coran, qui enjoint les êtres humains à ne pas être dupes de l’illusion des plaisirs terrestres. Elle se nourrit également de l’exemple du Prophète, qui incitait autrui à juguler l’âme charnelle, l’ego. Pour autant, il prônait l’équilibre dans la vie religieuse et donnait au corps tous ses droits. Il dut parfois freiner le zèle ascétique de l’un ou l’autre de ses compagnons.
    Ce mouvement ascétique vient en grande partie en réaction au caractère mondain de la dynastie umayyade, qui gouverne la communauté musulmane de 661 à 750, et aux nombreuses injustices que l’histoire lui impute : Mu‘âwiya, premier calife umayyade, a pris le pouvoir au calife légitime, ‘Alî, cousin et gendre du Prophète, considéré par tous comme un grand spirituel.

    2) La « voie du blâme »

    Dans la seconde moitié du 9e siècle apparaît le courant des Malâmatis à Nichapour, capitale du Khorassan (actuels Iran du Nord-Est et Ouzbékistan). Ils préconisent la « voie du blâme » (malâma). À l’instar des groupes ascétiques, ils tiennent la nafs, l’âme charnelle, pour leur plus redoutable ennemi. Mais leur stratégie va beaucoup plus loin. Se défiant des miracles autant que des états mystiques, qui sont à leurs yeux des illusions, ils cherchent à préserver leur intimité avec Dieu en se faisant transparents dans la société.
    Mais la malâma a un autre visage, qui consiste à s’attirer le « blâme » de la part de la société ambiante. C’était précisément le but que recherchaient les Malâmatis pour qui le meilleur moyen de cacher leur vie intérieure était d’avoir « mauvaise réputation ». Ils y parvenaient en simulant le vol, l’outrage aux bonnes mœurs, etc. C’est de leurs rangs que sont issus les Qalandars, provocateurs visant à choquer la bonne conscience musulmane (on retrouve leurs frasques dans Les Mille et Une Nuits).

    3) L’école de soufisme de Bagdad

    Dans la nouvelle capitale du califat abbasside, ce que l’on appelle « l’école de Bagdad » (9e-10e siècle) représente un milieu très riche de personnalités spirituelles qui vont donner au tasawwuf (« soufisme ») l’essentiel de sa doctrine et de son expérience. Parmi elles :

    • Junayd (m. 911) : on lui attribue d’avoir accompli l’équilibre idéal entre les dimensions ésotérique et exotérique en islam. Il est perçu comme l’archétype du spirituel sobre, maîtrisant son extase. Sa méthode, fondée sur le jeûne, le silence et la retraite, est rigoureuse.

    • Hallâj (m. 922) : il est le représentant le plus connu, surtout en Occident, de cette école spirituelle, et l’un des soufis les plus controversés. À l’inverse de Junayd, il typifie « l’ivresse spirituelle ». Suspecté de collusion avec des groupes chi‘ites qui menaçaient le pouvoir abbasside, il est exécuté, à Bagdad, sur des motivations religieuses, mais également « sécuritaires ». Il est notamment condamné pour avoir professé l’incarnation de Dieu en l’homme, croyance tant reprochée aux chrétiens.

    Le « martyre » de Hallâj sonne le glas d’une période d’exploration débridée. à partir du 11e siècle, le soufisme entre dans une période de maturation, durant laquelle il s’impose en tant que norme spirituelle et devient l’une des disciplines islamiques authentifiées. Ce processus s’effectue par le biais de :
    – la rédaction de manuels de soufisme, visant à montrer que le soufisme est le « cœur de l’islam » ;

    – l’apparition des instituts supérieurs d’enseignement des sciences islamiques (madrasa), dans lesquels va être accueillie la discipline du tasawwuf.

    • Avec Ghazâlî (m. 1111), le soufisme acquiert véritablement droit de cité dans la culture islamique. L’histoire lui attribue la réconciliation du sunnisme, dont l’identité est désormais bien dégagée, avec le soufisme. Son œuvre majeure, Revivification des sciences de la religion (Ihyâ’ ‘ulûm al-dîn), opère une fusion entre théologie, droit et mystique. L’exemplarité du parcours de Ghazâlî tient dans le fait que ce grand savant, célébré de son vivant, a affirmé, à l’issue d’une expérience spirituelle transformante, que le soufisme est la voie suprême menant à Dieu.

    Parallèlement à l’essor des confréries se développe une littérature soufie fortement métaphysique, notamment sous la plume d’Ibn ‘Arabî (m. 1240). Les écrits des maîtres ont toujours un but initiatique : ils doivent susciter l’éveil spirituel. Si les auteurs écrivent des traités en prose, ils emploient beaucoup la poésie. Celle-ci permet d’évoquer des réalités plus allusives, ou de toucher plus directement le lecteur.

    À partir du 13e siècle, le soufisme n’est plus un phénomène marginal ; il devient même le courant dominant de la culture islamique sunnite, et dynamise à lui seul la vie spirituelle, et aussi intellectuelle et artistique. Attirant des fidèles de plus en plus nombreux, il réoriente la piété et la vie religieuse. L’un des signes majeurs de son intégration n’est autre que sa profonde imprégnation chez les oulémas, théologiens ou juristes de l’islam : la plupart des grands savants sont affiliés à une confrérie et suivent un maître spirituel. Les thèmes centraux de la doctrine soufie ont pénétré les esprits et apparaissent dans des livres n’ayant pas de rapport direct avec cette discipline. Par son ouverture et sa tolérance, le soufisme devient aussi un vecteur d’islamisation.

    Soufisme et modernité
    Jusqu’au 9e siècle, le soufisme imprègne ainsi tous les aspects de la culture islamique, mais sa forme confrérique connaît parfois des dégénérescences, et des glissements vers la religiosité populaire. Il va être la cible d’abord du wahhabisme, mouvement puritain et littéraliste apparu en Arabie lors de la seconde moitié du 18e siècle, puis des salafistes qui, pareillement, veulent imposer leur vision fruste de l’islam. Il est également attaqué par les « modernistes » nationalistes du 20e siècle, qui voient dans les pratiques confrériques de pures superstitions et la marque tangible de la décadence du monde musulman, face à l’Europe hégémonique. Pourtant, les grands réformistes musulmans de la fin du 19e siècle et du 20e siècle ne renient nullement leur ancrage dans le soufisme, en tant qu’exigence spirituelle. Ils critiquent seulement la forme confrérique lorsqu’elle aliène, selon eux, les peuples musulmans.
    Après une période de disgrâce, un renouveau se dessine à partir des années 1980, à la suite de l’échec des diverses idéologies qu’a connues le monde arabo-musulman au 20e siècle (nationalisme, marxisme, islamisme…), et du désenchantement de ceux qui suivaient le modèle occidental : pour beaucoup, la seule démarche authentique ne peut être désormais qu’intérieure. L’alternative du soufisme, face à l’islamisme, se fait de plus en plus entendre en pays musulman. Les soufis contemporains sont actifs dans différents domaines de la vie sociale mais, d’évidence, les médias parlent davantage de ceux qui font peur : islamistes et autres jihadistes.

    Le soufisme a attiré certains Occidentaux depuis le 19e siècle, et beaucoup de conversions à l’islam se font encore par ce biais. À partir des années 1970, de nombreux groupes soufis ont vu le jour en Occident. Cette expansion n’est pas une simple conséquence de l’émigration, car les cheikhs « orientaux » ont constaté depuis longtemps en Occident une réelle attente spirituelle. Toutes les grandes confréries sont donc présentes en Occident. Il y existe désormais une véritable culture soufie, qui fait apparaître différentes formes de coexistence entre les différents groupes spirituels, par exemple lors de la célébration de la naissance du Prophète (Mawlid).

    SH

  • #2
    Apparu dès l’aube de l’islam, le soufisme en représente une dimension spirituelle, intérieure. Panorama…
    Cher haddou,
    Aux yeux des premiers exégètes musulmans, le soufisme consistait en le compagnonnage avec les saints et les savants vertueux. Pour eux cela formait la clef de toute réussite spirituelle.. Effectivement accompagner ceux de la communauté du prophète qui lui ressemblent le plus, c’est ouvrir enfin la porte d’accès à des bienfaits inépuisables. La compagnie des gens de Dieu parfume le disciple de science et de piété et le pare de toute la noblesse. C'est ainsi qu'il se débarrasse petit à petit et au fur et à mesure de la compagnie des vices et des passions qui l’empêchent d’accéder a la compréhension profonde et interne et trouve enfin les raccourcis vers la présence divine et vers l’anéantissement de l’âme charnelle au profit de l’âme apaisée et pacifiée. " Fais preuve de patience en restant avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir en désirant sa Face. Ne détourne point tes yeux d'eux en convoitant le brillant et la beauté de la vie sur terre. N'obéis pas à celui dont nous avons rendu le cœur insouciant de Nous, qui suit ses passions et dont la conduite n'est qu'un excès. " (Coran, Sourate 18, verset 27)

    Obligation coranique nous est donc faite d'être de nous maintenir en compagnie de ceux qui ont le désir de la Face de Dieu. Désir qui se traduit par l'invocation permanente. Patience et invocation, voici deux obligations du cœur que doit s'imposer toute personne ayant une aspiration spirituelle. C'est justement cela le Soufisme. Aussi l'origine du soufisme tant sur le plan historique que métaphysique trouve ainsi toute sa source dans le Coran vénéré et la personne du Prophète Mohammed lui-même que la prière de Dieu soit sur lui. Au temps du prophète le Soufisme était donc une réalité sans nom. C'est lorsque la lumière de la prophétie s'est éloignée petit a petit du menu peuple que les saints musulmans, héritiers des prophètes, ont dû jouer un rôle de guide de plus en plus apparent dans la société et qu'il fallut donc leur attribuer cette nomination, le Soufisme..
    A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
    Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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    • #3
      Ibn Arabi, selon la plupart des soufis, est un des grands visionnaires mystiques de l’Islam. Le plus grand des maîtres: el-Cheikh el-Akbar. Il est celui qui a vécu et pensé intensément le Divin, la prophétie, les saints, l’universel, l’ouverture foncière sur le vrai sens de la vie tourné vers l’au-delà et le comportement licite et juste en ce bas monde, pour mériter l’élévation. Le Coran rappelle que l’existence est une question sérieuse. Les hypocrites, les dénégateurs et les injustes sont les perdants. Chaque croyant doit faire son examen de conscience pour se conformer à une vie sage. Les maîtres spirituels sont des guides en la matière.

      L’Emir Abdelkader Al Djazaïri, notre modèle, grand maître du bel agir, al-Ihsan, pour la première fois, au XIX e siècle, a fait éditer nombre des manuscrits d’Ibn Arabi, qui étaient oubliés à Konya en Turquie, dans la bibliothèque de la Zaouïa d’un autre grand soufi Djalal Din Rumi.

      C’est un signe du génie algérien et de l’attachement du peuple aux valeurs spirituelles et à la connaissance que d’avoir fait revivre cette oeuvre. Les grands maîtres soufis, comme l’Emir Abdelkader, Abderrahmane Thaâlibi, Ahmed Benyoucef, Abu Medyan et Ahmed Tidjani, et tant d’autres, furent d’exemplaires savants, patriotes et éducateurs hors pair, rempart contre les dérives de toutes natures, les idolâtres, les envahisseurs, les despotes et les corrompus.

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      • #4
        C’est un signe du génie algérien et de l’attachement du peuple aux valeurs spirituelles et à la connaissance que d’avoir fait revivre cette oeuvre
        Cher Halimou,
        Vous avez raison, contrairement a ce que certains non initiés s’imaginent, le Soufisme n’est plus ce simple ensemble d’informations ou une banale conduite a suivre, mais surtout une initiation et une expérience personnelle et spirituelle a ressentir dans la profondeur du cœur et a vivre avec intensité. C'est cela que les algériens avaient compris dès les premières lueurs de l'Islam au Maghreb. Ils avaient pleinement compris que le détachement intérieur ne devient aisément possible que dans le Soufisme parce que le cœur trouve justement dans cette nourriture spirituelle une jouissance infiniment supérieure au monde et à ce qu’il contient… Pour eux le soufisme n’est autre chose que la pratique scrupuleuse, fidèle, pieuse, sincère, et surtout consciente de la Sunna prophétique. Tout, dans cette école n’est que lecture du coran et citation du Nom sacré de Dieu en savourant, dans le partage, la richesse de la Vie et l’intarissable flux du divin qu’ils portent en eux. La seule condition pour parvenir a cette compréhension c’est que l’on soit totalement soutenu par une foi solide en Allah le tout puissant et à ce qu’Il a révélé et par une fidélité inconditionnelle au Prophète Mohammed que la paix et le salut soit sur lui. L’enseignement spirituel à l’aide d’un guide est une tradition prophétique. Le Prophète, paix et salut sur lui, qui a été le guide spirituel pour ses Compagnons est le modèle parfait dont s’inspirent tous les maîtres spirituels. C’est cela le Soufisme.

        Les obligations divines concernant le musulman sont divisées en obligations ayant trait aux membres mais surtout en obligations concernant les cœurs. C'est en ce sens que les cheikhs que vous citez ont réussi de leurs vivant a donner un nouveau souffle a l'Islam ésotérique a un point ou des millions de musulmans jusqu'à nos jours ne font que suivre leurs voies tracées et qui est totalement et parfaitement issue du Coran et de la Sunna prophétique.. Ces grands Cheikhs furent des phares spirituels de leurs époques dans les sciences spirituelles et les disciplines relatives à la Loi divine. Leurs réputation fut telle dans les sciences du soufisme et de la Charia que certains leurs donnèrent le titre de Cheikhs El Islam..

        Les grands saints musulmans n'ont fait qu'actualiser à chaque génération le message authentique du Prophète, en eux-mêmes et pour les autres croyants. Non seulement le message doctrinal ou juridique, mais aussi la présence sacrée qui est son origine. Dieu exhorte les croyants à vivifier en permanence leur foi à travers Son souvenir afin que leur spiritualité puisse couler à flots dans les fleuves de l’amour divin en chaque temps et en chaque lieu. C'est en ce sens que le chemin emprunté par ces pieux hommes qui, pétris d’amour et de reconnaissance envers Dieu, nourrissent leur être et leur générations par Son rappel incessant. Q'on le veuille ou non l'Islam parviendra a toute sa quintessence puisque par la grâce du prophète Mohammed que la prière et et Salut de Dieu soient sur lui, le saint semble décidément même de nos jours rester l’héritier des prophètes. Le Saint homme n'est donc là que pour grâce a sa science et son humilité rapprocher les hommes a Dieu. Cet amour lui reste tout simplement accolée après sa mort.

        Mon cher ami, certains anciens orientalistes, mûs par des considérations d’ordre idéologique plus que scientifique, cherchèrent des origines non islamiques au soufisme. En effet pour eux une spiritualité aussi puissante, aussi universaliste ne pouvait émaner de la religion de Mohamed.. Il fallait pour eux coûte que coûte déposséder l'Islam de cette profondeur pour l’éterniser dans un conformisme aveugle qui l'exposerait éternellement a la risée de tout le monde. Ils rivalisèrent alors pour trouver, qui une source chrétienne, qui une source hindoue, qui une source hellénistique à la mystique musulmane. Mais ces malheureux ont découvert que leurs allégations ont été nettement et définitivement réfutées par tout les connaissants en la matière... Le caractère foncièrement coranique du soufisme est totalement prouvé. Le soufisme, loin donc d’être un simple phénomène marginal, excentrique au sein de l’islam, en représente au contraire toute la quintessence et c'est donc le coeur même de l'Islam...
        A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
        Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

        Commentaire


        • #5
          @ Said 2010
          Ce sont des accents des Orientalistes, Mon cher ami qui par un exercice intellectuel veulent nous enseigner que Le soufisme est le mysticisme de l’Islam. Comme tout mysticisme, il est avant tout une recherche de Dieu et son expression peut prendre des formes très différentes.

          D’autre part, ils (Orientalistes) estiment que c’est par ses aspects ésotériques, qu’il présente des pratiques secrètes, des rites d’initiation, eux aussi variables selon les maîtres qui l’enseignent.

          Il est curieux de noter à cet égard que certains orientalistes suppose des convergences du soufisme avec d’autres courants philosophiques ou religieux: tout en pensant qu’ à son origine, le soufisme a été influencé par la pensée pythagoricienne et par la religion zoroastrienne de la Perse.

          D’autres ont fait un rapprochement avec la baptême chrétien pour un renaissance spirituelle, ou encore ceux qui n’hésitent pas à même trouver quelques réminiscences bouddhistes dans soufisme.

          D’autres encore mentionnent qu’en Iran, la grande majorité des mollas y est vivement opposée et dans l’Islam sunnite, la plupart des Ulema sont beaucoup plus intéressés par la lettre du Coran et ses interprétations juridiques que par les spéculations des soufis auxquelles ils trouvent une odeur de soufre. Ceci est bien entendu totalement faux,

          Goldziher estime que pour que les Musulmans soient des gens pieux et vertueux, ils doivent renoncer à l’acquisition des biens et ne pas chercher à amasser de grosses fortunes pour eux-mêmes ou pour leurs enfants
          Cette opposition généralisée contribue à la discrétion du soufisme.

          Extraordinaire n’est ce pas ?

          Le Soufisme n’est ni une ignorance des choses de la vie, ni une désertion de l’activité humaine, ni une incapacité à pratiquer tel ou tel métier, ni encore un renoncement aux délices de la vie, soit parce qu’on ne parvient pas à les atteindre, soit parce qu’on est suffisamment stupide pour ne pas goûter à la beauté que Dieu y a placée
          L’Islam est bien au-dessus de tout cela.

          L’Islam est une prise d’assaut de la bataille de la vie, une immersion dans ses joies et dans ses peines, une force accompagnatrice qui permet de la maîtriser et de l’orienter vers la fin espérée, et ce, en conformité avec cette foi qui emplit les cœurs.

          Le plus important est de préserver l'islam dans son sens authentique.

          Sa protection est assurée par le khalaf et sa préservation par ses savants sincères. Il faut se rappeler de ne pas s'éloigner de la base,

          Et selon le niveau de raisonnement, le choix et la façon d'adorer Allah sont légitime, juste il ne faut pas tomber dans l'idolâtrie et le polythéisme...

          La déviation du droit chemin a poussé quelques dirigeants musulmans, à une certaine période de l’histoire, à croire que la perfection de la pensée pouvait être atteinte en mélangeant la philosophie grecque aux croyances islamiques. Ils ont contaminés la pureté et la simplicité de l’Islam comme mode de vie. Cela a ouvert la porte à l’ésotérisme (science cachée), l’élitisme (individus spéciaux choisis pour des missions) et le mysticisme (adoration non présente dans la Sounna ), concepts qui se sont développés plus tard comme une religion à part.

          La religion de l’Islam est basée sur le Livre d’Allah et la Sounna du Prophète d'Allah -

          Cheikh Al Islam Ibn Taymiyya a dit :
          « Allah a envoyé son Prophète (Prières et bénédiction d'Allah sur lui) bien aimé avec la guidée et la religion de vérité. En faisant cela, il a parfait ses faveurs sur ceux qui ont suivi la guidée, les musulmans, et a rendu clairs leurs droits et obligations »

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          • #6
            Le Soufisme n’est ni une ignorance des choses de la vie, ni une désertion de l’activité humaine, ni une incapacité à pratiquer tel ou tel métier
            Cher Halimou,
            Vous avez plus que raison et je salue cette intervention. Effectivement en Islam le Soufisme est tout simplement synonyme de Sainteté. La sainteté, en islam désigne cette grâce offerte à certains croyants qui leurs permet de se rapprocher, de leur vivant même de la divinité. C'est grâce a ces amis intimes de Dieu que sont ces maîtres que l'invocation divine arrive a libérer les croyants de l'insouciance et de l'oubli (à l'égard de Dieu) au moyen de la présence permanente du cœur avec le Vrai. C'est grâce a leur connaissance, que les fidèles véhiculent en leurs âmes, qu'elle devient une véritable métamorphose intérieure qui consiste à faire franchir la distance qui sépare la simple connaissance théorique et la certitude de la connaissance personnellement réalisée et vécue.. C'est bien Allah exalté soit-il qui a dit dans le Coran: « Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et soyez avec les véridiques ». C'est bien lui qui également dit dit : « Le Miséricordieux, interroge donc quelqu'un de bien informé sur Lui (expert) ». .. Nous venons de le comprendre, le Soufisme n'est donc que l'application profonde et claire du Coran vénéré. C'est en ce sens qu'aux yeux des soufis, le compagnonnage avec les saints et les savants vertueux forment la clef de toute réussite spirituelle.. Toute autre vision de la sainteté en Islam est totalement erronée.

            Aussi l'origine du soufisme tant sur le plan historique que métaphysique trouve ainsi toute sa source dans le Coran vénéré et la personne du Prophète Mohammed lui-même que la prière de Dieu soit sur lui. Le vrai Amour est celui de la face d’Allah, sincère détaché de tout but, qui efface tous les désirs de ce bas-monde et aussi de l’au-delà. S'orienter vers autre chose que Dieu ne devient que l'attente d'une contrepartie et ne représente que le fait de répondre aux passions de l’âme charnelle qui cherche toujours la seule satisfaction de ses propres désirs. Par la grâce divine le cheminant vers la Divinité n'est pas abandonné a son sort.. La présence divine accorde constamment à l'initié fidèle des savoirs, des connaissances, des secrets, des effusions spirituelles, des sagesses, des états de certitudes qui lui permettent perpétuellement d'avancer dans le vrai sens.
            ni encore un renoncement aux délices de la vie, soit parce qu’on ne parvient pas à les atteindre, soit parce qu’on est suffisamment stupide pour ne pas goûter à la beauté que Dieu y a placée
            Là également vous avez pleinement raison. Le renoncement du monde auquel font généralement allusion les soufis n'est relatif à ce monde que tel que nous le percevons par notre âme egotique car pour eux, le monde du commun n'est point autre chose que l'obstacle entre l'homme et Dieu. Il n'est donc absolument en aucun cas question d'abandonner l’essence des bienfaits de la création divine mais d'y voir plutôt et avec force toute la clarté de sa miséricorde.. "Cette vie d'ici-bas n'est qu'amusement et jeu. La Demeure de l'au-delà est assurément la vraie vie. S'ils savaient!" (Verset 64 sourate 29).. Le Prophète que la paix et le salut soient sur lui demandait dans ses invocations: "O Allah, fait que ce monde soit dans nos mains et pas dans nos coeurs." Il s’agit donc de se débarrasser de tous nos penchants abaissants, pour pouvoir ensuite nous tourner vers le seuil apparent de la divinité...
            L’Islam est bien au-dessus de tout cela.
            La religion de l'Islam prête en effet une attention particulière au monde et a ce qu'il contient mais que l'on se doit bien de chercher et de pénétrer son vrai sens. En permanence il nous faut donc polir le miroir du cœur par la citation perpétuelle du Nom d'Allah jusqu'à ce qu'on puisse mériter que les Lumières Seigneuriales s’y reflètent. C'est cela le renoncement du monde auquel il est fait allusion en Islam et le Soufisme et c'est l'essence du Hadith qu'on nous fait la grâce de citer. "Travaille pour ici-bas comme si tu vas vivre éternellement et travaille pour l'au-delà comme si tu vas mourir demain"

            Nous comprenons qu'il existe deux modalités nécessairement conjointes de vivre l’attachement à l’Islam. La première se doit d’être nécessairement centrée sur l’obéissance à la Loi sans quoi tout devient caduc : c’est bien par les actes cultuels légaux et le bel agir avec autrui que le croyant peut se rapprocher d’un Dieu inaccessible par tout autre truchement. L’autre, qu'on appelle généralement le Soufisme, tout en respectant la pratique de la Loi, y ajoute une dimension supplémentaire : la vie terrestre est une grande occasion de rencontre avec le divin. C’est la religion du cœur, et c’est surement d’elle que vous essayez de nous en transmettre quelques notions dans ce topic.

            De mon coté j'abonde pleinement dans votre sens et je ne conviens nullement avec ceux qui penseraient que dans le fait d'être un homme d'Etat ou de la société civile, ou un expert ou commercant abaisserait en quoi que se soit sur le fait d'être en même temps un ascète. On peut se retrancher en retraite avec Dieu en étant en pleine gestion de la société malgré les changements que cela puissent produire par le fait de la conjoncture.. La grandeur de la révélation citadine medinoise n'est justement que le reflet de l'ascète prophétique Mecquois de la grotte "Hira"en pleine fonction étatique dans la même totale et parfaite présence divine.
            A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
            Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

            Commentaire


            • #7
              La meilleure conception consiste à ne retenir du soufisme que ce qui est pleinement conforme aux sources et à la tradition authentique de l’Islam.
              Al-Junayd disait ainsi :
              «Notre voie que voici est déterminée par le Coran et la Sunna.»
              Il faut savoir qu’un célèbre hadith nous montre que la foi et la religion musulmane comprennent trois aspects :

              l’islâm – la soumission –, qui consiste à témoigner qu’il n’y a de dieu que Dieu (Allah) et que Muhammad est le Messager de Dieu (000) ; à accomplir la prière, à s’acquitter de l’aumône légale purificatrice, à jeûner le mois de ramadan, et à accomplir le pèlerinage pour qui en a les moyens.

              L’îmân – la foi –, qui consiste à croire en Dieu, en Ses anges, en Ses Livres, en Ses Messagers, au Jour dernier et en la prédestination du bien et du mal.

              L’ihsân, – l’excellence –, qui selon la parole même du Prophète Muhammad (SAWS) consiste à « adorer Dieu comme si tu le voyais : si tu ne Le vois pas, Lui te voit. »

              A chacun de ces trois domaines correspond une science qui a été développée dans le monde musulman. .

              Le fiqh droit et jurisprudence islamique – traite notamment des piliers de l’Islam, comme la façon d’accomplir les ablutions et la prière

              La ‘aqîda la croyance – ou encore ‘ilm at-tawhîd – la science de l’unicité divine.
              ‘ilm al-ihsân la science de l’excellence indiquent comment atteindre le sommet de cet édifice par la purification de l’âme qui aspire à l’adoration de Dieu.

              On peut même dire que la pratique de l'Islam n'est vraiment complète que lorsqu'elle inclus les trois fondements : Islam, Imân et Ihsan.
              Les soufis dans leur doctrine et leurs pratiques se vouent exclusivement, sur le côté rituel, cultuel si l'on veut, à l'adoration et en vue du rapprochement avec Dieu. Ils utilisent essentiellement trois pratiques fondamentales, en plus de celles communes à l'ensemble des musulmans, à savoir la pratique des cinq piliers de l'Islam :
              L'invocation des Noms divins, (dhikr) selon des modalités spécifiques et une science issue par transmission du Prophète lui-même, la méditation ou réflexion profonde (tafakkur) et le jihad el akbar, c'est à dire la lutte ou l'effort contre les défauts de son ego.
              Sur ce dernier point, il y a un hadith bien connu où le Prophète (SAWS) au retour d'une bataille a dit à ses compagnons : "Nous sommes revenus du plus petit combat vers le plus grand combat" ! Et quand ils lui demandèrent de quelle nature était ce "plus grand combat", il répondit "le combat contre son ego»,(jihad en-nafs).
              A partir de ces éléments, il est très facile de trouver, tant dans le Coran que dans la Sunna les fondements de ces pratiques. Et à moins de faire preuve d'une mauvaise foi absurde, il est impossible de les nier.
              Concernant les dérives, on ne peut que les déplorer. Et effectivement, si quelqu'un se prétend soufi et n'applique pas et ne respecte pas les cinq piliers, il y a lieu, à tout le moins de s'en méfier.
              Ceci dit, il convient aussi de relativiser les choses. Beaucoup de musulmans vont sur les tombeaux des saints mais ce n'est pas pour les adorer, mais parce qu'ils avent qu'ils sont des intercesseurs auprès du Prophète ou de Dieu. Bien sur, là comme partout, on trouve des dérives. Mais elles sont marginales.
              Certains n'hésitent pas à affirmer que le soufisme n'a pas de racine dans l'Islam. D'autres le rattachent à la civilisation indo-européenne... Il est vrai que l'homme a toujours eu soif de Dieu et on peut penser aisément, à la lecture du Coran, que le soufisme a pu s'exprimer également sous d'autres formes
              D'autres théories douteuses, voire partisanes, affirment que l'origine du soufisme est liée au contact des musulmans avec la péninsule indienne, avec le Bouddhisme ou l'Hindouisme ou encore la philosophie grecque. Tout cela est erroné.
              Les orientalistes s’attachaient à la recherche des influences étrangères sur le mysticisme musulman, Asin et Becker mettant l’accent sur les éléments hébraïco-chrétiens, Renan, Horovitz et Wensinck sur le syncrétisme oriental, Horten, W. Jones et Goldziher sur l’hindouisme21. Emile Dermenghem a cherché à rapprocher Islam et Christianisme, et voit dans la Bible et le platonisme la source commune des deux mystiques, chrétienne et musulmane.
              Seul Massignon a, avant tout, démontrer que le soufisme était essentiellement d’origine musulmane et n’avait qu’accessoirement subi des influences étrangères
              Pour vivre le message divin, l'homme doit comprendre qu'il lui faut faire de nombreux efforts, accomplir certaines choses et en rejeter d'autres. Dans l'Islam, l'homme ne peut avoir le droit sans le devoir, car les deux sont indissociables. Mais l'homme d'aujourd'hui n'aime pas les contraintes, ni les responsabilités. Il désire tout sans efforts.
              Il est vrai qu'aujourd'hui les musulmans comme d'autres traversent une crise d'identité religieuse. Mais quoi que l'on dise au sujet des musulmans, l'Islam reste et demeure un message vivifiant et toujours actuel qui relie l'homme à l'Absolu.
              Tu vois Cher Ami, l’islam est très simple: il n’est nul besoin d’intermédiaires ou de saints entre l’homme et Dieu, et chaque individu ne doit se soumettre et s’abandonner qu’à Dieu, le Très-Haut.

              En conclusion, je dirai que le soufisme est une voie spirituelle de premier plan, qui donne à l'Islam sa véritable profondeur. Loin des abus et de l'intolérance dogmatique des courants dominants. Le soufisme a toujours combattu l'intégrisme religieux. Il a souffert de ce joug et il est temps de montrer la véritable nature de l'Islam : une religion du cœur, qui parle à l'humain, à tous les humains sans distinction.

              Comme le dit un proverbe soufi « Le soufisme c'est apprendre le sourire des roses ».

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              • #8
                Al-Junayd disait ainsi :
                «Notre voie que voici est déterminée par le Coran et la Sunna.»
                Cher Halimou,
                C'est justement, en étant conforme au Coran et a la Sunna, que la richesse des textes soufis, la splendeur de leurs visions et de leur sagesse est devenue sans limites. Le soufisme forme la voie des dévoilements, ce dévoilement est comme une ivresse et un étonnement sans fin. Aborder le soufisme c’est entrer dans une connaissance secrète profonde et peu dicible de soi et de la réalité divine. Obligation coranique nous est donc faite d'être de nous maintenir en compagnie de ceux qui ont le plein désir de la Face de Dieu, désir qui se traduit par l'invocation permanente. Les gens de la Sunnah, comme l'indique l'appellation, se caractérisent d'abord par le fait qu'ils s'attachent au Livre d'Allah (Le Coran) et la Sunna du prophète Mohammed, qu'Allah lui accorde Sa bénédiction et Sa paix. La Sunna c'est l'ensemble de paroles et actes du prophète Mohammed, bénédiction et paix sur lui. Donc les gens de la Sunna tiennent au Coran et à la Sunna, que ce soit par les paroles et les actes, ou par les croyances explicites et implicites ainsi que par les différents états du Cœur. Ils puisent leurs sources de religion, de foi et de croyance, du Livre d'Allah et de la Sunna de Son Messager, bénédiction et paix sur lui. C'est a peu près vers cela que s'oriente la parole du maître Al-Junayd..
                Et effectivement, si quelqu'un se prétend soufi et n'applique pas et ne respecte pas les cinq piliers, il y a lieu, à tout le moins de s'en méfier.
                L'observance de la Loi dans la science et l'imitation du «prophète-serviteur » Mohammed que la prière et le salut soient sur lui, éradiquent d'emblée toute prétention de quelque nature qu'elle soit et caractérise globalement toutes les voies sincères vers Dieu.. Dans tout cela, le cheminement spirituel vers Dieu consiste surtout à retrouver pleinement cette vérité oubliée qu'est la pauvreté.. Le vrai rôle des maîtres spirituels consiste a enseigner aux disciples l’orientation et le besoin urgent de Dieu. C'est justement cette culture soufie qui contribue à restaurer la primordialité spirituelle du message islamique, qui comme vous pouvez le constater est trop souvent étouffée par le simple juridisme et le formalisme. C'est le soufisme véridique qui brise tout les facteurs d’instrumentalisation de la loi religieuse. La charia doit être spiritualisée et non ridiculisée comme sans cesse on le fait de nos jours.
                Pour vivre le message divin, l'homme doit comprendre qu'il lui faut faire de nombreux efforts, accomplir certaines choses et en rejeter d'autres
                Effectivement, vous avez pleinement raison. Dieu exhorte les croyants à vivifier en permanence leur foi à travers Son souvenir afin que leur spiritualité puisse couler à flots dans les fleuves de l’amour divin en chaque temps et en chaque lieu. C'est en ce sens que le chemin emprunté par des hommes et des femmes qui, pétris d’amour et de reconnaissance envers Dieu, nourrissent leur être par Son rappel incessant. Rapprochons nous sans cesse d'eux.. Ne crions pas a chaque fois qu'ils n'existent pas ou qu'ils ne peuvent être connus car l’aspiration de l’âme est de désirer pleinement la Présence divine. C'est justement un trait particulier du Soufisme.
                A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
                Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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