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Le Surmusulman : Etude clinique

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  • Le Surmusulman : Etude clinique

    Dans un essai consacré à la figure du «surmusulman», le psychanalyste Fethi Benslama invite à dépasser certaines contradictions dans lesquelles se perdent souvent les tentatives d'explication de l'islamisme violent.


    De sa pratique clinique en Seine-Saint-Denis, le psychanalyste Fethi Benslama a tiré un enseignement qui éclaire d'un jour nouveau les questions les plus dérangeantes posées par l'islamisme. Pendant une quinzaine d'années, il a rencontré des jeunes perdus «dans des états dépressifs et dépréciatifs d’eux-mêmes, dans une errance, dans un désespoir de leur monde». Des jeunes auquel la radicalisation islamiste propose «un idéal total» salvateur: «Ils décollent, ils ont l’impression de devenir puissants, leurs failles sont colmatées, ils sont prêts à monter au ciel». Jusqu'au terrorisme suicidaire, dans le pire des cas...


    Le livre de Benslama, Un furieux désir de sacrifice. Le surmusulman (Le Seuil) permet de dépasser certaines contradictions dans lesquelles se perdent souvent les tentatives d'explication de l'islamisme violent. Ses acteurs sont-ils des damnés de la terre ou bien de dangereux psychopathes?
    L'explication platement sociologique ne tient pas. Les djihadistes sont loin d'avoir tous vécu une jeunesse misérable. Nombre d'entre appartiennent même aux «classes moyennes». Au demeurant, comme l'écrit Benslama, «prétendre se limiter à l'intention et à la conscience, aux facteurs sociaux, pour expliquer les cruautés de la jouissance est tout simplement sommaire».


    Inversement, l'auteur récuse l'interprétation qui ramène le phénomène à une simple folie et ne partage pas le jugement du psychiatre Boris Cyrulnik traitant les djihadistes de «gogos de l'islam». Ceux-ci «ne sont pas fous», même s'ils manifestent fréquemment des «troubles psychopathologiques», et il convient de prendre au sérieux les déchirements identitaires qui les conduisent au pire.


    De même, Benslama invite-t-il à sortir d'une autre fausse alternative: l'islamisme serait le produit naturel d'un islam fondamentalement agressif et violent ou bien il n'aurait «rien à voir avec l'islam». L'auteur explique, pour sa part, que l'islamisme est «l'invention par des musulmans, à partir de l'islam, d'une utopie antipolitique face à l'Occident».

    L'orgueil démesuré du surmusulman


    Le mal-être des individus peut entrer en résonance avec des blessures historiques. Une rencontre aux conséquences potentiellement explosives. Pour Benslama, l'islamisme est déjà vieux de près d'un siècle. Son traumatisme fondateur serait l'abolition du califat, en 1924, par Kemal Atatürk, le créateur du premier Etat laïque en Turquie.


    La constitution des Frères musulmans, en 1928, en Egypte serait la première manifestation de ce courant visant à subordonner le politique au religieux et à ressusciter le «califat». L'islamisme est ensuite devenu, selon Benslama, «une solution ultra-religieuse au désespoir musulman», ce dernier s'alimentant à différentes sources, du colonialisme aux humiliations géopolitiques en passant par les échecs économiques et les douleurs de l'émigration/immigration.


    Le fardeau de ces malheurs historiques aurait ainsi engendré la figure du «surmusulman», «hanté par la culpabilité et le sacrifice» et, par voie de conséquence, «amené à surenchérir sur le musulman qu'il est». Un processus qui les amène à une inversion fatale.


    «L'une des significations majeures du mot musulman est l'humble», rappelle Benslama. A l'opposé, pour le «surmusulman», «il s'agit de manifester l'orgueil de sa foi face au monde». Cette arrogance n'est d'ailleurs pas sans rapport avec la conscience du danger que court l'islam dans des sociétés bien peu religieuses:
    «L'angoisse de beaucoup de musulmans est de vivre dans un monde où la sécularisation, dont ils consomment par ailleurs les objets, leur fait vivre le sentiment de devenir autres, de ne plus être eux-mêmes.»
    La surenchère religieuse des «surmusulmans» les conduit à un sentiment de toute-puissance. «Ils ne se soumettent à Dieu qu'en le soumettant à eux», s'autorisant tous les actes, même les plus monstrueux.


    C'est pourquoi, d'après l'auteur, le djihad attire tant de délinquants. Ceux-ci le rejoignent «par désir d’être des hors-la-loi au nom de la loi, une loi supposée au-dessus de toutes les lois, à travers laquelle ils anoblissent leurs tendances antisociales, sacralisant leurs pulsions meurtrières».

    Le salut par le sacrifice

    C'est ici que l'on retrouve les jeunes en perdition rencontrés par le psychiatre. Benslama observe que les deux-tiers des djihadistes ont entre 15 et 25 ans. Il relie cette caractéristique avec les tourments de l'adolescence qui s'est étendue dans nos sociétés à mesure que la sortie de l'enfance s'accélérait et que la maturité tardait à se faire sentir.
    La réponse islamiste renvoie alors à des «fragilités psychologiques» particulièrement difficiles à vivre dans la période adolescente. Chez plusieurs jeunes suivis par Benslama, «l'élan religieux était précédé par une période où ils étaient devenus apathiques, se dépréciaient, éprouvaient des sentiments d'insuffisance, de honte».

    Dans les cas les plus graves, l'engagement islamiste correspond même à une fascination pour la violence qui peut se traduire par une démarche suicidaire. Ce n'est pas sans raison que la propagande de l'Etat islamique met en scène les actes les plus barbares:
    «Des témoignages de jeunes sur les réseaux sociaux disent combien ces scènes atroces les fascinent, voire exercent des effets d'excitation érotomaniaque sur leurs esprits.»
    Force est de constater qu'aujourd'hui, «l'islamisme radical est le produit le plus répandu sur le marché par internet, le plus excitant, le plus intégral». Pour l'auteur, «c'est un passe-partout de l'idéalisation à l'usage des désespérés d'eux-mêmes et du monde». Sans oublier qu'il offre à sa manière de réelles gratifications comme de prendre part à des actions «héroïques», «moyennant des avantages matériels, sexuels, des pouvoirs réels et imaginaires».

    Tout cela permet de mieux comprendre la séduction exercée par l'islamisme radical sur de jeunes esprits en proie à de multiples difficultés. La perspective de la mort, au combat ou dans des attentats, n'effraie pas ceux qui cherchent le salut par le sacrifice.


    «Je suis déjà mort, rien ne peut plus m'arriver», a confié à Benslama un jeune dans une «indifférence glaçante». Les tendances suicidaires, fréquentes à l'adolescence, trouvent ici manière à s'exprimer. Tout se passe alors «comme si la mort choisie sauvait le sujet de l'anéantissement». Voilà qui explique pourquoi tant de djihadistes mettent en scène leurs crimes et leur propre destruction.


    Ce désir de mourir propre à l'islamisme ne peut être confondu avec le «martyr» de l'islam traditionnel. Celui-ci «rencontre la mort sans désirer mourir» alors que la mort est bien la «finalité» du combat pour l'islamiste.

    Dislocations identitaires

    «Quand j'ai lu les testaments de certains kamikazes, je me suis aperçu qu'ils se voyaient déjà disloqués avant leurs actes», rapporte Benslama. Des dislocations personnelles produites par de vifs déchirements identitaires. Issus de l'immigration, bien des terroristes ne savaient plus très bien où ils habitaient. Ils ne se sentaient pas appartenir aux sociétés dans lesquelles ils vivaient mais n'avaient pourtant plus guère de liens réels avec leurs pays d'origine.
    L'islamisme propose alors une réponse toute faite à cette pénible errance identitaire. Benslama a rencontré des jeunes «qui adoptaient subitement un discours et un mode d'être ultra-islamistes, étaient mus par le désir, parfois l'urgence, de s'enraciner ou parfois de se ré-enraciner dans le ciel, à défaut de pouvoir le faire sur terre».

    On sait que l'islamisme attire beaucoup de jeunes qui n'étaient pas spécialement religieux, voire même qui n'étaient même pas musulmans. Pour autant, Benslama n'est pas pessimiste pour l'avenir. Il est persuadé que l'islamisme, aux ressorts essentiellement réactifs, finira par être vaincu.
    Ses échecs en Tunisie, le pays de l'auteur, et en Egypte attesteraient d'une exaspération croissante des musulmans à son égard. Mais la défaite de l'islamisme, prévient-il, prendra «sans doute une bonne partie du XXIe siècle». Raison de plus pour faire l'effort de comprendre les mécanismes à l’œuvre dans la radicalisation islamiste pour mieux la combattre.



    slate

  • #2

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    • #3
      l'invention par des musulmans, à partir de l'islam, d'une utopie antipolitique face à l'Occident»
      Cette affirmation est fausse, puisque la majorité de ceux qui paient les pots cassés sont les musulmans et les pays musulmans.

      Je ne crois pas que l'islamisme comme ils disent soient inventé par les musulmans, la majorité des livres sur le Prophète et l'Islam sont fait par des occidentaux et c'est eux qui inventent ce côté "agressif" en modifiant le sens des paroles.

      Moi j'aimerai comprendre comment des gens égarés peuvent écrire à propos du Coran des choses sensées "bi ghayri houda min Allah" ?

      Le problème des banlieue français est multiple et le plus bizarre est que cette violence je la retrouve en Algérie. Nous avons un gros problème d'éducation.

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      • #4
        il n' a pas tout a fait tords sur certains points.
        وقد طوَّفتُ في الآفاق حتى رضيتُ من الغنيمة بالإيابِ

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        • #5
          l'islam fait vendre ,
          puis pas de mot sur les injustices de l'occidents envers les pays musulmans, leur soutiens aux dictateurs des pays arabes , ça aussi à un role de la reaction extreme de certains musulmans

          le seul mot de ce psychoanalyste concernant le coup d'etat egyptiens les tueuries causé par sissi "c'est un echec des islamistes"
          Dernière modification par mertaw, 01 juin 2016, 20h06.

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          • #6
            L'occident est violent mais pas sur son terrain de nos jours. C'est des peuples intelligents et ayant de la considération pour les leurs tout notre inverse.

            C'est des peuples guerriers de par leur histoire, les wisigothes barbares face aux francs, les celtes, etc. Leur moyen âge est une catastrophe.
            Lorsqu'eux racontent leur histoire de chevalier tout le monde veut le devenir et lorsque nous on parle des sahabas nous sommes des terroristes.

            Je ne sais pas si vous avez remarqué mais eux ils ont un passé, des châteaux, des musée, des contes qui voyagent à travers le temps.

            Les pays arabes ont les pyramides (menacées de destruction) pétra, elhijr, il y avait la Mecque mais les alentours ont été détruits, la Syrie un des plus beau pays Arabe détruit, Baghdad (bablone - babel en arabe) berceau de la civilisation, un lourd passé et une histoire hors du commun, détruite.

            L'Algérie, que nous reste-t-il de notre passé romain, berbère, arabe, turc, français ? Nous n'avons pas de château ni d'équivalent, où sont les palais ?

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            • #7
              «Quand j'ai lu les testaments de certains kamikazes, je me suis aperçu qu'ils se voyaient déjà disloqués avant leurs actes», rapporte Benslama. Des dislocations personnelles produites par de vifs déchirements identitaires. Issus de l'immigration, bien des terroristes ne savaient plus très bien où ils habitaient. Ils ne se sentaient pas appartenir aux sociétés dans lesquelles ils vivaient mais n'avaient pourtant plus guère de liens réels avec leurs pays d'origine.
              L'islamisme propose alors une réponse toute faite à cette pénible errance identitaire. Benslama a rencontré des jeunes «qui adoptaient subitement un discours et un mode d'être ultra-islamistes, étaient mus par le désir, parfois l'urgence, de s'enraciner ou parfois de se ré-enraciner dans le ciel, à défaut de pouvoir le faire sur terre».
              Je trouve cette partie particulièrement intéressante. Un déchirement identitaire ?

              Ils oublient que la France nous dénigre et dénigre nos origines. La France dénigre notre religion, si bien que bon nombre d'entre-nous la rejette. Une petite communauté s'est créée sans qu'il y ait une véritable cohésion, je ne sais pas si un jour on sera unis.

              Il faudrait étudier de quelle manière la religion a pris forme en France, y'a t il un réel suivi ou est-ce simplement une façon de se démarquer ou une revendication, etc.

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              • #8
                J'ai écouté l'autre jour M. Benslama sur France Culture et j'ai trouvé son approche convaincante. En effet, pour expliquer ce phénomène de radicalisation djihadiste, on a souvent insisté sur les dimensions sociologiques, historiques, politiques, voire sur une certaine interprétation des textes religieux, mais on pratiquement occulté la dimension psychologique qui peut être derrière le cheminement de beaucoup de ces jeunes damnés.

                Ce n'est d'ailleurs pas étonnant qu'on ne trouve pas de djihadistes, au sens agressif et offensif, chez les soufis par exemple (ou alors ça doit être extrêmement rare!), car l'accès à leurs tariqas recquiert justement un travail psychologique préalable (purification de la nafs, etc.).

                Quoi qu'il en soit, je trouve ce concept de "surmusulman", celui qui veut être plus musulman que le musulman idéal (ou idéalisé) très intéressant à étudier.
                Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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                • #9
                  Très pertinent. Sans l'aspect psychologique, il n'y aura jamais de sur-dimension du Moi.

                  Les idéologues, qu'ils soient imams intégristes ou gourous, savent sur quelle note il faudrait jouer pour faire danser leurs adeptes.

                  Le travail psychologique s'effectue par étapes allant de la fascination à l'hypnose et repose sur un travail d'approche et suggestif visant le comportement et en altérant les jugements. Le but étant d'arriver à faire des automates disposés à accomplir des actes volontaires ou inconscients.

                  C'est dans cette optique que les spécialistes de lutte anti terroriste se focalisent beaucoup plus sur les idéologues que sur les terroristes eux-mêmes.

                  L'influence de Al Kardaoui et Aar'our - pour ne citer que ces deux gourous - est telle que le terrorisme aura de beaux jours devant lui.

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                  • #10
                    Un autre aspect tout aussi juste, c est le fait que l islamisme fascine les voyous, je l avais mentionné dans un de mes derniers postes...d ailleurs ca a été le cas en Algérie pendant la période du FIS...dès qu ils ont pris les armes la racailles a pris le dessus...meurtre, viols, butin...
                    Quand Ali Benhadj prêchait l aumône, la prière...etc beaucoup d adeptes somnolaient dans la mosquée , y avait même des gars de son entourage au premier rang qui le poussaient en chuchotant "3lilou "... a avoir un discours plus agressif qui mettait la foule en délire ...
                    bOnNe rEfLeXiOn!!!

                    Commentaire


                    • #11
                      La la Alamut, les Algériens sont agressifs comme ça, ce n'est pas l'Islam qui demande de la bienveillance dans toute chose.
                      Ils sont l'inverse de l'Islam (ila men hada Allah).

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                      • #12
                        Prudence
                        La la Alamut, les Algériens sont agressifs comme ça, ce n'est pas l'Islam qui demande de la bienveillance dans toute chose.
                        Ils sont l'inverse de l'Islam (ila men hada Allah)
                        Je ne parle pas de l Islam, je parle de l islamisme, les islamistes veulent absolument limiter l Islam a l islamisme.
                        L Islam est un bien grand mot...plusieurs doctrines existent qui peuvent être complètement opposées l une à autre

                        Certaines sont takfiristes, les plus violentes, celles qui traitent les autres courants d apostats

                        L islamisme depuis sa naissance est une suite de razzias...c les vikings d orient si l on veut , au lieu du Valhalla (étrange la ressemblance en verlan) c El Firdaws...oeilfermé
                        bOnNe rEfLeXiOn!!!

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                        • #13
                          @Alamut

                          Tout cela arrive parce que nos savants sont silencieux et nos gouvernements s'amusent, tout le monde fait ce qu'il veut et dit ce qu'il veut. Les ennemis de l'Islam s'en donne à coeur joie.

                          La populace idem, elle glorifie le mauvais comportement et le menteur, le tueur, sont des ness malh massaken, dorof ma semhetlouch yakoul elkhoubz alors yoqtel.

                          Il n'y a qu'un seul Islam et c'est les gens qui s'égarent tout simplement.

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                          • #14
                            Alamut
                            L islamisme depuis sa naissance
                            pour moi la naisance de l'islamisme est avec l'arrivée du prophete saws, il n' ya que le nom qui a changer , à la place de daawa ila Allah on dit islamisme
                            Sinon pour toi c'est quoi l'islamisme ?

                            Commentaire


                            • #15
                              Prudence
                              Tout cela arrive parce que nos savants sont silencieux et nos gouvernements s'amusent, tout le monde fait ce qu'il veut et dit ce qu'il veut. Les ennemis de l'Islam s'en donne à coeur joie.
                              Bravo
                              1000% avec toi .
                              Hier, en Algerie un imam met en garde sur sa page facebook une mise une garde contre les films de ifssad comme il a dit durant le moi de ramadan.

                              je l'ai repondu : c'est facile de dire au gens ne regarder pas , mais pourquoi pas aller à la source .si les savants d'algerie et les imams denoncent tous comme un seul homme ce mounkar , les moufssidin dont ils parlent vont reflechir 1000 fois avant de programmer des films ou des feuilletons qui promouvoient zina, l'adultere, ..etc


                              Mais comme tu l'a bien dit , deva,t le silence des savant les moufssidine s'amusent., ils veulent meme empecher les gens de faire le rappel dans un pays musulman

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