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Le voyage soufi d’Isabelle Eberhardt.

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  • #16
    Il ne faut pas être expéditif dans de pareils cas
    Pourquoi pas ? Ce n'est qu'en présence du commun qu'un mystique doit être prudent . Mais prudence ne veut pas dire autre chose .
    l'homme sur le chemin de Dieu n'a pas besoin d'actes conformistes ou de lieu dédié pour vénérer son Dieu, et que la fréquentation des sanctuaires religieux n'est ni une garantie du contact avec Dieu, ni un indicateur du respect d'une discipline intérieure.
    Ici tu suis bien mon discours...
    Un mystique accompli n’a nullement besoin de la loi , étant par essence , induite en lui-même depuis sa naissance et intrinsèque à son être . Tout « lui même » est loi de Dieu . Depuis son enfance et jusqu’à sa « réalisation » , sa vie n’est qu’assujettissement à cette loi divine tant sur les expériences de la vie qu’à sa mise en pratique continuelle
    En réalité, cette affirmation de moi même est paradoxale: " Un mystique accompli n’a nullement besoin de la loi ", mais je pense que tu l'a compris ?




    Ps : Ce qui m'a plus chez Izabelle Eberhardt c'est son récit de son voyage à Béchar ...plein de nuances . J'ai fais ce voyage moi même et bien plus loin aussi .

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    • #17
      pour arriver a l'extase avec le divin et boire enfin le "VIN"

      "...

      Mais à quoi me servirait une coupe d’or si elle était remplie
      De vinaigre ou de quelque chose d’autre que le vin ?
      Pour moi une vieille gourde cassée remplit de vin est mieux
      Que cent de ces coupes. "

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      • #18
        Un mystique accompli n’a nullement besoin de la loi , étant par essence , induite en lui-même depuis sa naissance et intrinsèque à son être
        Cher Abdelhamid,
        Il n'y a également nul besoin de chercher à prouver l’existence de l’Amour qui existe déjà entre l’homme et Dieu. Dieu s'est donné aux humains par le seul fait qu'Il leurs ait donné l'occasion de l'aimer et de le connaitre. Depuis, l’âme ne se nourrit plus de ce qu’elle acquiert de ses propres forces, car elle ne trouve de douceur que dans la générosité des don divins. Allah est trop majestueux et élevé pour que l’intelligence humaine puisse Le connaître d'elle même par sa cogitation et sa spéculation. C'est la même chose pour la loi divine qui n'est justement que l'expression concrète de l'Amour. ..
        Mais à quoi me servirait une coupe d’or si elle était remplie
        De vinaigre ou de quelque chose d’autre que le vin ?
        Mon ami, l’amour est l’acte initial de Dieu dans Son approche de la création. Il nous a créé par amour et désir. A la suite de cette affection créative, l’amour se manifeste dans l’ensemble de la création. L’amour circule dans les tous les artères du monde. Tout mouvement et toute activité résultent de cet amour originel. En Islam l'Amour est présent partout notre tâche n’est plus de le chercher il est la, mais simplement de chercher et trouver tous les obstacles injustement construits contre l’Amour. C'est dans cette vision des choses que l’Islam croise l’amour sous toutes ses formes, amour de Dieu et amour des hommes. Leur carrefour féconde la spiritualité éprise d’absolu et de don de soi. La coupe d'or n'est donc remplie ni de vinaigre ni d'autre chose, a part de l’Amour spirituel, l'élixir divin et l’Ivresse des amoureux qui sont des symboles utilisés pour dépeindre les états âmes de ceux a qui Dieu s'est donné.
        A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
        Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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        • #19
          Mais mon ami Said , le vin dans le langage mystique représente l'extase !

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          • #20
            le vin dans le langage mystique représente l'extase !
            Cher Abdelhamid,
            Que l'éternelle grâce soit rendue à Allah, Divinité que nulle expression ne saurait glorifier, ni en dénombrer les bienfaits ou même lui rendre l’hommage requis. Gloire à Celui qu’aucun regard, même le plus profond ne saurait atteindre, ni aucune intelligence même la plus vive ne saurait en sonder l’essence. Parmi les outils mis en possession des humains pour se rapprocher d’Allah exalté soit-Il, l'invocation prend une place de choix. Chaque être humain possède ses propres invocations et sa propre approche. Allah exalté soit-il dans son saint livre a poussé l’être humain à se rapprocher de Lui par les invocations, Il lui a donc laissé ainsi entre ses mains un moyen de communication direct avec Lui, mais encore faut-il prendre conscience de la puissance de ce canal.

            Isabelle Eberhardt, pourtant occidentale et jeune, munie d'une toute autre culture, avait compris que l’entretien intime avec Allah restait l'étape supérieure à l’invocation. Saisissant que lorsque le cœur de l’adorateur est poli de toutes souillures au prix d’un long travail sur lui-même, il devient tel un miroir brillant de milles feux, réfléchissant la seule est unique vrai réalité, la réalité divine, elle n'avait pas perdu de temps. Seule lui apparaissait alors la présence Divine dans toute sa splendeur. Son entretien intime avec la divinité avait alors pris toute son ampleur et sa signification. Tout comme ceux qui ainsi invoquèrent sans cesse leur Seigneur, elle s'est consumée par la magnificence de La Face sublime divine et c'est bien cela qui a donné naissance à une certaine interactivité entre elle et son créateur dans un élixir sans fin.

            Prions donc Dieu, avec des intentions sincères et des cœurs purs, afin que nos prières soient entendues. Par la grâce divine, lors de ces moments de grande prières et d'implorations, Dieu regarde ses serviteurs avec l’œil de la miséricorde. Il répond favorablement lorsqu'ils Lui adressent leurs prières ferventes et Il leur donne lorsqu'ils l’appellent et L’invoquent. Chaque personne dont l’âme est mouvementée par la foi et la recherche de son amour a le devoir de manifester ce besoin précieux par tout les moyens dont elle dispose car ce n'est qu'ainsi qu'elle pourra enfin se rapprocher de la Miséricorde divine. Ces états d’âme font vraiment réaliser l'appartenance réelle a Dieu et amènent finalement les pieux au seuil de La porte divine..
            A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
            Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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            • #21
              Que désirent ceux qui désirent Dieu ?

              Que désirent ceux qui désirent Dieu ?


              L’unio mystica des chrétiens, la transe soufie en Islam, l’état samadhique ou le Nirvana dans l’hindouisme et le bouddhisme tendent à l'abolition de tout sentiment de séparation, comme un retour à une totalité première.
              Quel que soit leur cadre culturel ou religieux, ces expériences évoquent un sentiment d’harmonie, de dissolution dans l’unité, de complète plénitude.
              Entrer en soi et sortir de soi ne s’y distinguent plus. Les phénomènes relatés sont étonnamment similaires : sensations de se vider de tout ce qui en soi faisait barrage à une présence souvent appelée « divine », anéantissement de l’ego, dilution dans une insondable immensité. Beaucoup témoignent d’une expérience directe du divin, comme si une force surnaturelle était descendue sur eux pour les prendre entièrement et sans prévenir. Ces états où l’on « meurt à soi-même pour renaître à Dieu » s’accompagnent parfois d’ineffables visions spirituelles, marquant la défaite du langage sur la vérité.
              Que désirent ceux qui désirent Dieu ? Un goût d’absolu qu’ils ne trouvent nulle part en ce monde. Un bien parfait et infini dont le manque brûle perpétuellement en eux et que les choses qui les environnent, toutes finies et limitées, se montrent radicalement incapables de combler. Sentir ne serait-ce qu’une fois le parfum de cet absolu, à l’acmé d’une transe mystique ou d’une extase amoureuse, réveille l’esprit et lui permet de sonder d’un œil plus pénétrant que jamais ce manque obscur et profond qui hante secrètement l’âme humaine. De telles expériences conduisent ensuite à rompre de façon irrémédiable avec toutes les pseudo-satisfactions ordinaires. Chose étonnante, les sensations décrites dans les épisodes mystiques n'évoquent pas quelque chose d’absolument inédit mais de mystérieuses réminiscences. Ces bienheureuses retrouvailles laisseraient à penser que nous sommes exilés d’une plénitude originaire terriblement manquante, comme si nous étions tombés de notre vrai lieu, séparés de notre source originelle, de « Dieu » ou du « Tout », peu importe les qualificatifs.
              L’amour semble ainsi naître du sentiment obscur d’une déchirante séparation, il ressemble à une tentative plus ou moins consciente de reconstituer une unité brisée. Le « coup de foudre », qui dans d'autres langues se dit « l’amour à première vue », s’explique chez de nombreux peuples de manière surnaturelle. Bien qu’enraciné dans une apparition physique, il s’apparente à une révélation mystique : l’amant croit reconnaître une présence divine dont la brusque manifestation est d’autant plus éclatante qu’elle se fait sur fond d’absence. « Je vous attendais, sans savoir que c’était vous ; dès que je vous ai vue, j’ai su que vous étiez celle qui me manquait depuis toujours » murmure le galant soudainement ébloui. Nous vivons sous le règne d’une absence, partout présente en creux. En nous et hors de nous.
              Qu’est-ce que l’on aime quand on aime Dieu ? Une présence désirée dans l’absence vécue, une plénitude pressentie dans le vide ressenti. Dieu : la marque d’une absence, un mot pour dire ce que nous ne sommes pas ; ou ce que nous ne sommes plus.
              Notre quête amoureuse nous révèle que nous sommes des êtres insuffisants, cherchant à conjurer une mystérieuse solitude, elle nous fait découvrir que nous ne nous sentons pas au grand complet avec nous-mêmes. Nous ressemblons à des êtres tragiquement en attente de retrouvailles avec une vie où nous étions parfaitement heureux. Comme des poissons amnésiques, échoués sur une plage, ne comprenant pas ce qui leur arrive et condamnés à une lente agonie, nous aspirons de tout notre être à retrouver un lieu naturel perdu et oublié. Le soupir amoureux est cet état dans lequel l’océan nous a laissé en se retirant. C’est, en quelque sorte, ce qu’expriment symboliquement les mythes religieux, qui parlent un langage parabolique pour être accessibles à tous. Dieu nous a abandonné pour nous laisser vivre sans lui, mais toute notre âme languit de son absence. Adam pleure en gémissant : « ô Dieu, aie pitié de ta créature tombée ». C’est aussi dans l’absence de l’autre que les amoureux se sentent brûler à en mourir.




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              • #22
                De la plénitude originaire.

                De la plénitude originaire.




                Au commencement était la chair, et la chair s’est faite verbe. Depuis, quelque chose s’est mis à parler en nous. Et de quoi nous parle notre désir ? Que nous chuchotent les ombres chatoyantes qui hantent nos divagations amoureuses ? De quelle nuit naissent nos rêves d’âme-sœur ? Pourquoi la présence offerte de l’être aimé ne suffit-elle jamais à apaiser la soif que nous avons de lui ?
                Pour comprendre la puissance de l’amour, il faut d’abord apprendre à connaître la nature humaine et ses transformations. Aux temps immémoriaux, notre nature n’était pas ce qu’elle est à présent. Elle était bien différente. Nous étions des êtres unitaires, sans vide, en porosité totale avec l’entièreté de l’univers. Immergés dans la tiédeur du liquide amniotique, bercés par le doux roulis des promenades maternelles, ignorants la faim, la soif, le besoin de respirer, déliés de tout ce que comporte de négatif le fait d’être un corps, nous connaissions un état où le manque n’était pas. Tous nos besoins étaient satisfaits à la nanoseconde près. Cette parfaite homéostasie donnait à notre vie une continuité absolue, étrangère au cycle de tension et d’apaisement propre aux besoins ou aux envies. La température matricielle, en harmonie avec celle de notre organisme, nous offrait une atmosphère précisément réglée pour nous convenir. Jamais trop chaude, jamais trop froide. Sans dehors ni dedans, notre monde était de pure homogénéité. Nous vivions une complétude inégalable. Hors du temps.
                Baigné dans la totalité océanique, notre petit corps, dont l’oreille interne venait tout juste d’être formée, se sentait flotter avec un équilibre naturel. En légère apesanteur, dans la quiétude d’une douce pénombre, nous touchions la paroi utérine pour opérer de lentes rotations au sein d’un monde entièrement préhensible. Toute chose était à notre portée. Aucune notion de distance, aucun sentiment d’absence. Nous ne faisions qu’un avec le monde ; nous faisions corps avec notre mère. Ses sensations étaient notre sensation, ou mieux : nous étions la sensation elle-même. Quand elle sentait une rose, nous étions cette odeur de rose. Hors de tout cadre spatio-temporel, nous sommes venus à l’être comme un Dieu qui s’éveille : totalité et éternité furent notre première nature.
                Le fœtus vit en symbiose avec sa mère, en laquelle il se fond et avec laquelle se confond intimement. Cette harmonie originaire n’est pas un repos béat mais une densité vivante. Dans la masse liquide qui l’enveloppe et circule en lui, il participe intégralement à la vie de sa mère. Il goûte chaque saveur dont elle se délecte. Il jouit ses jouissances. Deux âmes se partageant un même corps ; deux corps se partageant une même âme.
                En fin de grossesse, le futur bébé devient une présence encombrante pour sa mère. Il est fort et grand. Trop grand. La tragédie peut commencer. Les premières contractions arrivent comme des secousses telluriques. Le flux continu de sa sensation globale est rompu en même temps que la poche des eaux. À l’événement d’être succèdent les premiers évènements de son existence. Pressé par les contractions qui le poussent vers le bas, le bébé est plongé dans un état hypnotique qui va lui permettre de traverser de long et difficile processus de sa venue au monde. Au moment d’être expulsé de lui-même, ses fonctions vitales vacillent, son cerveau libère de l’adrénaline, aidant son petit crâne écrasé à endurer les souffrances de l’ultime passage. Groggy, hagard, le voilà enfin jeté sur terre. Il va se réveiller en enfer.
                La première grande séparation intervient. Étranger venu d’ailleurs, il est accueilli par un froid inouï qui crispe sa peau nue, une cacophonie agressive de bruits inédits, la violence perforante d’une luminosité inconnue. Son tout premier réflexe est de chercher le regard de sa mère, de réentendre les battements de son cœur, de retrouver l’odeur du liquide amniotique sur son sein. Nostalgique dès les premières secondes de sa mise au monde. Encore relié pour quelques instants à elle par le cordon ombilical, il pousse son premier cri. Quand il y parvient. Son système respiratoire vient d’opérer une révolution dévastatrice. Le feu de l’oxygène s’engouffre rageusement dans ses entrailles, incendie ses petits poumons plissés pour en chasser brutalement les derniers liquides. L’air suffocant prend le pouvoir sur sa vie. L’homme est le seul animal à crier lors de sa naissance. Aucun des autres mammifères pourvus de poumons ne le font. Ce cri n’est pas un cri de douleur. C’est un cri de détresse. La naissance est un désastre. Un indicible cataclysme. Un big-bang qui fait basculer dans l’histoire.
                L’incarnation prend aussitôt une tournure terrible. Son corps est plombé par la gravité. Tout entier il pèse. Naguère flottant, gracile et vaporeux, il est d’une pesanteur écrasante. Une énorme tortue retournée sur son dos. Et puis un géant s’approche, objet tranchant à la main. Il coupe son corps en deux. Le corps-un est sectionné en même temps que le cordon qui reliait encore son organisme à celui de sa mère. La séparation est immonde. Irrévocable et irréversible. Irréparable. Dès l’instant qui suit la césure ombilicale, il connaît sa première faim, sa première soif, ses premiers manques. Les fines parois de son estomac sont lésées. Elles lui font mal. Pour un nouveau-né, avoir faim c’est avoir mal. Il gardera à jamais la cicatrice de cette terrible coupure.


                Source : internet.




                "Nous ne courons pas vers la mort, nous fuyons la catastrophe de la naissance, nous nous démenons, rescapés qui essaient de l’oublier. La peur de la mort n’est que la projection dans l’avenir d’une peur qui remonte à notre premier instant."


                Emil Michel Cioran, De l'inconvénient d'être né.




                « Ce bas monde est le monde de la séparation du lieu d’où l’on nous a posé la question : Ne suis je pas votre seigneur ? Et que nous avons répondu : Nous attestons que tu es notre seigneur ! »




                Ibn Al-ARABI.





                " Connais-toi toi même et tu connaîtras Dieu "

                Adage soufi.
                Dernière modification par abdelhamid31, 20 novembre 2018, 19h51.

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                • #23
                  Comme l’a brillamment exposé Ferdinand Alquié, le désir se manifeste essentiellement comme refus du temps, du devenir, de la finitude – c’est-à-dire comme refus de la condition qui est nôtre depuis que nous sommes sorti du ventre de notre mère. Ce refus peut se comprendre comme refus du monde, de la vie terrestre, de l’ici-bas. L’inconvénient n’est pas d’être mais bien d’être né.
                  Platon pense la naissance comme un choc violent marquant l’arrivée dans un corps, l'entrée de l’âme dans sa prison. Les images mortifères fleurissent les représentations que Platon donne de la naissance : naître c’est mourir à l’envers ; la naissance est une mise au tombeau. Ce choc est aussi celui de l’oubli : l’âme perd de vue le bien éternel qu’elle contemplait béatement. C’est donc, comme le soutient aussi Pascal, la vérité et le bonheur que notre naissance nous fait perdre. . La naissance y est fustigée pour ce qu’elle nous prive d’un état que nous chercherons dès lors à retrouver.
                  Exilés d’une plénitude originaire à jamais manquante, nous sommes condamnés à la profonde nostalgie de l’état de perfection dont nous avons été déchu. Depuis notre expulsion du giron maternel, nous cherchons à combler un grand vide, une lacune béante, un insondable oubli. Parce que la plénitude se définit comme un état sans manque, les théologiens ont utilisé ce terme pour parler de Dieu : « Il ne manque de rien, Il est la plénitude » disent-ils.
                  Si l’on considère que le désir résulte d'un manque et qu’il est désir de combler ce manque, on est logiquement porté à conclure que l’objet du désir c’est la plénitude, la disparition de tout manque. Or cette plénitude est inaccessible dans la vie terrestre ; parce qu’aucun homme ne saurait posséder tous les biens – matériels et spirituels –, nul d’entre eux ne saurait manquer de rien. On comprend ainsi pourquoi Platon renvoie cette plénitude à une vie céleste ou pourquoi Pascal en vient à conclure que le véritable objet du désir est d’être en Dieu : parce que hors de lui, nulle plénitude n'est vraiment possible. Tous deux sont pourtant confrontés au même problème : comment la plénitude pourrait-elle faire défaut à notre nature si elle ne l’avait auparavant connue ? Comment notre âme pourrait-elle pressentir le manque du véritable bien si elle ne l’avait anciennement côtoyé ? Platon, n’admettant pas l’idée que les âmes puissent être engendrées, c’est-à-dire que la procréation soit véritablement créatrice, en vient à conclure qu’il doit demeurer en l’âme un souvenir résiduel de la vie qu’elle a connue avant de choir dans un corps. Pascal, nettement plus embarrassé, loue le Seigneur de lui avoir fourni cette grille de lecture qu’est la doctrine du péché originel. Ainsi peuvent-ils conclure que l’homme aspire sans le savoir à retrouver le souverain bien qui fut son lot avant qu’il ne soit jeté dans ce monde.
                  Emportés par leur élan métaphysique, aucun d’entre eux ne prend la peine d’examiner si nous avons effectivement vécu avant de naître. Or, il est évident qu’avant notre naissance nous étions dans le ventre de notre mère, et de quoi pouvions-nous manquer ? Les lois de la biologie accordent une priorité absolue aux besoins du fœtus, aux dépens de ceux de la mère. Baignés dans la douceur du liquide amniotique, bercés par le doux roulis des promenades de leur mère, ignorant la faim, la soif, le froid, la pesanteur et la douleur, c’est-à-dire déliés de tout ce que comporte de négatif le fait d’être un corps, les hommes ont tous connu une vie dans laquelle ils ignoraient le manque. Et si aucun d’entre eux ne s’en souvient clairement, personne ne peut l’avoir totalement oublié, ne serait-ce qu’ à travers la mémoire de sa chair.

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                  • #24
                    Que désirent ceux qui désirent Dieu ?
                    Cher Abdelhamid,
                    L'univers que nous constatons et dont nous faisons partie n'a pris naissance que du besoin impérieux de donner un réceptacle, de procurer aux noms divins des lieux de manifestations. Le fruit de cet amour divin c'est l'univers tel qu'on le voit. Dès lors chacun au tréfonds de lui même, alors que résonne encore l'interrogation du Mithâq, le pacte prééternel: ” Ne suis-Je pas votre Seigneur ?”(Coran VII, 172), chaque être humain est, par nature, enclin à connaître Dieu, fin ultime et raison de la création. Les êtres n’ont pas été créés pour qu'on les voit seulement, mais pour qu'on voit leur Maître en eux. Il appartient donc nécessairement de les considérer comme une théophanie, et non comme une entité qui serait autonome. Cette théophanie établit une telle proximité entre Dieu et l’homme que, paradoxalement, elle constitue pour le commun, le voile suprême derrière lequel Dieu S’occulte : « Seule la magnificence de Sa manifestation voile Dieu à l’homme».

                    En réalité, quiconque, contemplant le monde, ne discerne pas Dieu en lui, n'a pas encore de lumière en soi. Par contre, quand le cœur est animé par la foi et vivifié par les actes qui en découlent, le moindre mouvement déclenche une prise de conscience qui rappelle l’essentiel : DIEU. La continuité dans le souvenir de Dieu provoque le soulèvement des voiles qui fait découvrir la Divinité. Le désir divin s'inscrit dans cet ordre des choses..
                    A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
                    Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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