Pour ce qui est des Compagnons, il n'y a pas de dogmatisme historique dans l'imamisme et il y a donc diverses positions défendues par diverses personnes, positions résumées ailleurs en disant qu'il y avait principalement:
1. la position shiite bienveillante selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat en croyant agir dans l'intérêt de l'islam et des musulmans (autrement dit des musulmans ayant commis une "erreur bien intentionnée").
Cette thèse m'a personnellement séduit un certain temps, mais elle ne tient finalement pas historiquement la route et ne peut être soutenue que par des personnes faisant fi des faits de l'histoire au profit d'un préjugé de bonne intention (hosno z-zann ) en faveur de ces Califes, ce qui est tout à l'honneur de ces shiites, mais est une attitude plus "morale" que "scientifique".
2. la position shiite modérée (et peut-être la plus répandue) selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat pour divers intérêts personnels (autrement dit, des "musulmans ayant péché par intérêt").
Cette thèse qui m'a aussi retenu un certain temps, mais à mon sens, elle ne tient pas non plus historiquement la route et relève encore d'une bienveillance plus morale que scientifique envers ces personnages.
3. la position shiite dure selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat parce que leurs passions les avaient fait dévier de la voie droite de l'islam (autrement dit des "renégats ex-musulmans").
A mon sens, et après plusieurs années d'études, cette position ne tient pas non plus historiquement la route et relève encore d'un reste de bienveillance plus morale que scientifique envers ces personnages.
4. la position shiite la plus radicale et la plus minoritaire et peut-être la plus lucide et la plus fondée historiquement, est que ces premiers Califes n'ont jamais eu le moindre atome de foi en leur coeur et qu'ils étaient dès le début des mécréants de la contre-initiation qui ne se sont extérieurement "soumis" que par hypocrisie pour essayer par tous les moyens de faire échouer la mission du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, "de l'intérieur". Ils firent ainsi, avec leurs complices, dont leurs filles, plusieurs complots et tentatives pour faire prendre le Prophète par ses ennemis, pour l'assassiner et pour l'empoisonner, stratagèmes qui furent tous déjoués par Dieu. Devant la réussite de la mission du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, il ne leur resta plus, comme dernière solution, que de s'emparer du Califat pour dévier l'islam de la voie que le Prophète lui avait assigné et qu'il avait confié à l'Imam 'Alî fils d'Abou Tâlib, que la Paix soit avec lui, déviant ainsi l'islam "au nom de l'islam", comme le feront après eux quasiment tous les dirigeants musulmans de toutes les dynasties, y compris la plupart des présidents modernes, qui furent ainsi tous de fidèles continuateurs de la "Sonnah de Abou Bakr et Omar".
Il n'y eut donc historiquement que deux Califes bien guidés, l'Imam 'Alî et son fils l'Imam Hassan, que la Paix soit avec eux, leurs trois prédécesseurs n'étant, aux yeux de l'histoire comme de Dieu, que des ennemis de la religion de Dieu, lointains héritiers de Caïn semblables à Paul de Tarse, fidèle disciple du rabbin Gamaliel. Et parmi ces trois, le Sâmiri, dajjâl de son temps, qui érigea le veau d'or du Califat parmi les musulmans n'est autre que 'Omar Ibn al-Khattâb, et les coeurs de la plupart des Compagnons du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, s'emplirent malheureusement d'amour pour ce veau d'or et le préférèrent à 'Alî, tout comme le firent auparavant les coeurs de la plupart des Compagnons de Moïse, que la Paix soit avec lui, qui préférèrent le veau d'or à Aaron. Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, avait d'ailleurs bien annoncé que sa communauté referait pas à pas les mêmes erreurs que les communautés des Prophètes précédents.
A l'appui de cette thèse qui, je le rappelle, est minoritaire parmi les Imamites, mais que je considère pour ma part comme la plus solide, il convient de méditer certains passages du Coran comme les versets suivants:
Coran 4.51-53: "N'as-tu pas vu ceux qui ont reçu une part du Livre, croient dans le Djibt et le Tâghût et disent à ceux qui sont mécréants: "Ceux-là sont mieux guidés que ceux qui ont la foi"? Ceux-là, Dieu les maudit, et tu ne trouveras pour qui Dieu maudit point de secours. Auraient-ils donc part au royaume — ils n'en donneraient alors pas la moindre miette aux gens — ou bien sont-ils donc jaloux des gens pour ce que Dieu leur a donné de par Sa bonté? Nous avions pourtant déjà donné à la famille d'Abraham le Livre et la Sagesse et leur avions donné un immense royaume!"
Les "gens" dont il est question sont la famille de Mohammad à qui Dieu donna de par Sa bonté la même chose qu'à la famille d'Abraham ("le Livre, la Sagesse et un immense royaume"). Le Djibt, le Tâghût et ceux qui croient en eux tout en ayant reçu une part du Livre, qui se sont emparés du royaume sans en donner la moindre miette à la famille de Mohammad tant ils étaient jaloux du fait que Dieu leur avait donné la même chose qu'à la famille d'Abraham, ceux-là sont Abou Bakr, 'Omar et ceux qui les ont aidé à usurper ce qui ne leur revenait pas. Remarquez au passage que le Djibt et le Tâghût sont comparés par leurs partisans "qui ont reçu une part du Livre" (donc qui sont en partie "musulmans" et non pas de "purs mécréants") à "ceux qui ont la foi": cela montre qu'il n'est pas question ici des idoles de pierre ou de bois, mais bien d'"idoles humaines".
Ou encore les versets 3-5 de la sourate 66 qui évoquent 'Aïsha et Hafsa et qui sont à rapprocher du verset 10 de la même sourate. Je compte revenir à l'occasion sur ces versets pour en faire une analyse détaillée.
Yahya Christian Bonaud
1. la position shiite bienveillante selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat en croyant agir dans l'intérêt de l'islam et des musulmans (autrement dit des musulmans ayant commis une "erreur bien intentionnée").
Cette thèse m'a personnellement séduit un certain temps, mais elle ne tient finalement pas historiquement la route et ne peut être soutenue que par des personnes faisant fi des faits de l'histoire au profit d'un préjugé de bonne intention (hosno z-zann ) en faveur de ces Califes, ce qui est tout à l'honneur de ces shiites, mais est une attitude plus "morale" que "scientifique".
2. la position shiite modérée (et peut-être la plus répandue) selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat pour divers intérêts personnels (autrement dit, des "musulmans ayant péché par intérêt").
Cette thèse qui m'a aussi retenu un certain temps, mais à mon sens, elle ne tient pas non plus historiquement la route et relève encore d'une bienveillance plus morale que scientifique envers ces personnages.
3. la position shiite dure selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat parce que leurs passions les avaient fait dévier de la voie droite de l'islam (autrement dit des "renégats ex-musulmans").
A mon sens, et après plusieurs années d'études, cette position ne tient pas non plus historiquement la route et relève encore d'un reste de bienveillance plus morale que scientifique envers ces personnages.
4. la position shiite la plus radicale et la plus minoritaire et peut-être la plus lucide et la plus fondée historiquement, est que ces premiers Califes n'ont jamais eu le moindre atome de foi en leur coeur et qu'ils étaient dès le début des mécréants de la contre-initiation qui ne se sont extérieurement "soumis" que par hypocrisie pour essayer par tous les moyens de faire échouer la mission du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, "de l'intérieur". Ils firent ainsi, avec leurs complices, dont leurs filles, plusieurs complots et tentatives pour faire prendre le Prophète par ses ennemis, pour l'assassiner et pour l'empoisonner, stratagèmes qui furent tous déjoués par Dieu. Devant la réussite de la mission du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, il ne leur resta plus, comme dernière solution, que de s'emparer du Califat pour dévier l'islam de la voie que le Prophète lui avait assigné et qu'il avait confié à l'Imam 'Alî fils d'Abou Tâlib, que la Paix soit avec lui, déviant ainsi l'islam "au nom de l'islam", comme le feront après eux quasiment tous les dirigeants musulmans de toutes les dynasties, y compris la plupart des présidents modernes, qui furent ainsi tous de fidèles continuateurs de la "Sonnah de Abou Bakr et Omar".
Il n'y eut donc historiquement que deux Califes bien guidés, l'Imam 'Alî et son fils l'Imam Hassan, que la Paix soit avec eux, leurs trois prédécesseurs n'étant, aux yeux de l'histoire comme de Dieu, que des ennemis de la religion de Dieu, lointains héritiers de Caïn semblables à Paul de Tarse, fidèle disciple du rabbin Gamaliel. Et parmi ces trois, le Sâmiri, dajjâl de son temps, qui érigea le veau d'or du Califat parmi les musulmans n'est autre que 'Omar Ibn al-Khattâb, et les coeurs de la plupart des Compagnons du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, s'emplirent malheureusement d'amour pour ce veau d'or et le préférèrent à 'Alî, tout comme le firent auparavant les coeurs de la plupart des Compagnons de Moïse, que la Paix soit avec lui, qui préférèrent le veau d'or à Aaron. Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, avait d'ailleurs bien annoncé que sa communauté referait pas à pas les mêmes erreurs que les communautés des Prophètes précédents.
A l'appui de cette thèse qui, je le rappelle, est minoritaire parmi les Imamites, mais que je considère pour ma part comme la plus solide, il convient de méditer certains passages du Coran comme les versets suivants:
Coran 4.51-53: "N'as-tu pas vu ceux qui ont reçu une part du Livre, croient dans le Djibt et le Tâghût et disent à ceux qui sont mécréants: "Ceux-là sont mieux guidés que ceux qui ont la foi"? Ceux-là, Dieu les maudit, et tu ne trouveras pour qui Dieu maudit point de secours. Auraient-ils donc part au royaume — ils n'en donneraient alors pas la moindre miette aux gens — ou bien sont-ils donc jaloux des gens pour ce que Dieu leur a donné de par Sa bonté? Nous avions pourtant déjà donné à la famille d'Abraham le Livre et la Sagesse et leur avions donné un immense royaume!"
Les "gens" dont il est question sont la famille de Mohammad à qui Dieu donna de par Sa bonté la même chose qu'à la famille d'Abraham ("le Livre, la Sagesse et un immense royaume"). Le Djibt, le Tâghût et ceux qui croient en eux tout en ayant reçu une part du Livre, qui se sont emparés du royaume sans en donner la moindre miette à la famille de Mohammad tant ils étaient jaloux du fait que Dieu leur avait donné la même chose qu'à la famille d'Abraham, ceux-là sont Abou Bakr, 'Omar et ceux qui les ont aidé à usurper ce qui ne leur revenait pas. Remarquez au passage que le Djibt et le Tâghût sont comparés par leurs partisans "qui ont reçu une part du Livre" (donc qui sont en partie "musulmans" et non pas de "purs mécréants") à "ceux qui ont la foi": cela montre qu'il n'est pas question ici des idoles de pierre ou de bois, mais bien d'"idoles humaines".
Ou encore les versets 3-5 de la sourate 66 qui évoquent 'Aïsha et Hafsa et qui sont à rapprocher du verset 10 de la même sourate. Je compte revenir à l'occasion sur ces versets pour en faire une analyse détaillée.
Yahya Christian Bonaud
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