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cherche le nouveau tube de Brahim Tayeb

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  • cherche le nouveau tube de Brahim Tayeb

    intitule: Iness ma thevgha. si qqun pourrait me dire ou je pourrais l'avoir, ce serait super!

    Merci.


    Yiwen_eken

  • #2
    J' ai eu le meme probleme a l' achter en Algerie ... malheuresement il n' est pas connu, ne fait pas partie du style 'cheb commercial, bidon'

    ... il est aveugle physiquement, mais voit encore mieux que les 'normeaux' ... un grand grand artiste !!

    Lorsque je l' ai mis dans ma chaine, je lù ai retiré trois mois aprés, ... presque devenu une 'obsession' !!


    allo

    --
    Article : Int-as ma tebgha, ou l’amour sur fond de tragédie

    Int-as ma tebgha, ou l’amour sur fond de tragédie
    Analyse d’une œuvre de l’artiste kabyle BrahimTayeb, par Amar Ameziane.
    Le lundi 3 mai 2004 par Amar

    Brahim Tayeb fait partie de ces artistes dont le nouveau produit est chaque fois attendu avec impatience. Si en tant qu’artiste il dit tout haut ce que nous ressentons tout bas, en tant que non-voyant il voit ce que, nous autres voyants, nous ne pouvons pas voir, ou parfois nous ne voulons pas voir. Son avant dernier album dans lequel il a marié sa voix à la douceur d’une voix féminine inconnue jusque là, Amel Tayeb, sa femme en l’occurrence, est un florilège de textes remplis de belles images poétiques. C’est dire avec Aït Menguellet que c’est avec le cœur et non pas avec les yeux qu’on regarde. Brahim ne s’est pas arrêté là, ce qui aurait été une frustration pour nous. Dans son produit, Int-as ma tebgha, il innove encore davantage.

    D’abord, il confirme une heureuse tendance dans la chanson kabyle, à savoir son ouverture à d’autres musiques venant d’ailleurs. Cette fois-ci l’ailleurs est très proche. Brahim est allé puiser dans les musiques de Abdelouahab Eddoukali. Après s’être inspiré de la musique occidentale - rappelons qu’il a repris une musique d’Elvis Presley pour habiller le texte Tayri n temz’i - il fait appel, cette fois-ci, à la mélodie orientale.

    Accompagné de la musique d’Eddoukali, le texte de Brahim Tayeb ressemble à un conte des mille et une nuits où le rêve supplée au tragique. Rappelons-nous, les contes des mille et une nuits s’ouvrent sur la scène tragique du roi Shahrayar qui, chaque matin, met à mort la femme avec qui il a passé sa nuit. C’est Shahrazad [1] qui vient au secours du roi malheureux. Par le moyen de contes merveilleux dont la fin est toujours reportée, elle arrive, sublimé qu’il est par chaque histoire racontée, à lui faire oublier ses actes de violence. Le même schéma, nous le verrons, est repris par Brahim Tayeb.

    Le texte Int-as ma tebgha s’inscrit dans le contexte de la violence qui s’est emparé de l’Algérie depuis le début de la décennie 90. C’est, comme tout le monde le sait, un climat politique où les langues sont liées, où "le dialogue des armes a remplacé les armes du dialogue". Devant l’urgence de la situation, les artistes kabyles ont, chacun à sa manière, essayé de traduire la tragédie qui a sévi sur le pays.

    L’amour dans un climat de tragédie a tendance à devenir, album après album, le thème propre à Brahim Tayeb, d’autant plus que c’est la deuxième fois, que ce jeune chanteur traite de la situation algérienne en opposant le caractère tragique de la situation du pays à l’espoir qui abrite chaque individu. Cet espoir se manifeste dans le texte sous la forme de l’amour projeté sur l’être aimé, un amour indissociable, nous semble t-il, de celui que chacun de nous porte au pays. Dans Qqim-d yid-i si laâd’il (reste avec moi en attendant que la mort m’emporte à mon tour), le personnage - utilisons cette terminologie puisqu’il s’agit de fiction - fait appel à sa bien aimée qui, dans un climat de terreur qui s’empare de tous, est la seule à l’envelopper dans son amour. Seul l’amour peut faire oublier, faire évader. Mais, c’est seulement en attendant car l’amour est vite effacé et remplacé par la mort.

    Bghigh a m-kksegh lxuf ("J’aimerais tant te débarrasser de la peur")
    Maghna lxuf iban fell-i ("Mais la même peur s’est emparée de moi")

    Les vers ci-dessus montrent que même l’amour ne résiste pas à la peur engendrée par la situation tragique du pays.

    Dans Int-as ma tebgha, la violence constitue l’obstacle majeur à l’expression de l’amour, ce feu qui consume. La clef du texte se trouve dans le vers armi tr’uh’ed’ i d-dduqsegh ("Ton départ m’a secoué"). C’est le départ de la bien-aimée qui pousse le personnage à agir, c’est à dire à charger les messagers de la faire revenir. Ce départ trouve sa justification dans le fait que l’expression des sentiments profonds du personnage est chaque fois reléguée au second plan. A chaque rencontre, la discussion se laisse envahir par le discours sur la situation du pays.

    Heddregh-am, heddregh-am
    Heddregh-am ghef wayen i nesâedda
    Ghef lweh’c ighelben tirga
    Ghef wasmi netswali iqerra
    Tswagezmen si ldjedra-nnsen
    Heddregh-am ghef tsusmi n lebda
    Yiwen yid’ taddart texla
    Ufan-ten mmezlen merr’a
    Ur d-yegwri w ara ten-imed’len
    Dernière modification par allo, 10 août 2005, 19h29.

    Commentaire


    • #3
      Tayeb Brahim 2/2

      2nd. partie/fin

      ------

      On le voit à travers ce passage, c’est la situation d’extrême violence qui revient dans le discours explicitée par l’utilisation de l’aoriste intensif heddregh ("j’ai pris l’habitude de te parler"). On voit défiler des images de la violence vue ou vécue : têtes coupées du reste du corps, villages vides dont les habitants sont tous égorgés. Ce sont ces scènes qui peuplent le discours du personnage - ce qui montre leur emprise - jusqu’à créer une obsession chez lui. S’il en parle, peut être pour exorciser ce mal qui le ronge, sa bien-aimée, par contre, ne peut supporter d’écouter tous les jours la même chose. Elle ne supporte pas le monde qu’il lui décrit tous les jours. Implicitement, elle a besoin d’espoir, de rêve.

      Ce n’est qu’après son départ qu’il se rend compte qu’il devait lui décrire son univers intérieur, ses sentiments, plutôt que de revenir sur la situation du pays.

      Heddregh-am, heddregh-am
      Heddregh-am, heddregh-am
      Maâna ur am-d-hdiregh ara
      Timest-iw ur s-d-teslid’ ara
      Int-as kunwi ma tebgha
      Int-as ma tebgha

      A force de ne lui parler que de violence, il a fini par oublier même le feu qui le consume. C’est la raison pour laquelle, comme dernier recours, il charge des messagers dans l’espoir de la faire revenir.

      Int-as ma tebgha
      D igenni ara s-d-ssugh
      D itran i d tiftilin-is
      Int-as ma tebgha
      Int-as yebgha-tt wul-iw
      Int-as tebgha-tt tit’-iw
      Int-as ma tebgha

      Int-as bghan-tt ifassen-iw
      Bghan-tt akk ijenniwen-iw
      Bghan-tt akk lejwareh’-iw
      Int-as ma tebgha

      Le contenu du message est très chargé. Le lexème tebgha (vouloir, désirer, accepter) est très récurrent et exprime la modalité du vouloir (du désir, dirions-nous) d’une manière très intense dans le texte. Ce vouloir exprimé avec une charge lyrique très importante se heurte à la distance qui sépare désormais le personnage de sa bien-aimée. A travers le passage ci-dessus, on voit bien que si traditionnellement le siège de l’amour est le cœur, ici, ce sont tous les membres du corps qui abritent cet amour en éveil. Cette nouvelle forme d’expression d’un contenu amoureux érotique constitue une innovation dans le cadre de la chanson kabyle. Jusque-là l’expression de sentiments s’est fait dans le cadre précis de la "convenance". Cela pourrait paraître paradoxal mais nous l’avons vérifié, nous-mêmes, que le texte (ou plutôt la chanson) de Brahim Tayeb a élu domicile dans tous les foyers kabyles sans que vieux ou moins vieux ne crient au scandale comme cela aurait pu se passer quelques années auparavant. C’est dire que la société kabyle a beaucoup évolué ces derniers temps. L’ouverture à d’autres cultures - accélérée par la parabole - a induit une ouverture à l’intérieur même de la société.

      Si, comme nous le disions plus haut, la situation tragique du pays est, dans le texte de Brahim Tayeb, l’obstacle majeur à l’expression du sentiment amoureux de la part du personnage, il n’en demeure pas moins que d’autres obstacles se rajoutent et se dressent contre l’épanouissement des relations amoureuses.

      Theddred’-iyi-d ghef ukukru i kem-yessefcalen
      Theddred’-yi-d ghef tugdi i kem-izedghen
      D wayen i m-d-idjja laman
      Theddred’-iyi-d ghef yilsawen i kem-irejmen
      Theddred’-iyi-d ghef tmughli i m-yettalasen
      Ayen akk ur texdimed’ ara

      Theddred’-iyi-d ghef ukukru i kem-yessefcalen
      Theddred’-iyi-d ghef tugdi i kem-izedghen
      D wayen akk i m-d-idjja laman
      Theddred’-iyi-d ghef yilsawen i kem-iredjmen
      Theddred’-iyi-d ghef tmughli i kem-ittabaâen
      D ayen iwumi ur tezmir tuffra

      Le passage ci-dessus montre que si le personnage (appelons-le aussi le narrateur, puisqu’il nous raconte son histoire) est préoccupé par la situation tragique du pays qui transparaît dans le texte, sa compagne l’est aussi à sa manière. Sa préoccupation est d’un tout autre ordre. C’est celle de toute femme kabyle cherchant à s’émanciper. La société kabyle, en dépit de l’ouverture signalée quelques lignes auparavant, continue à exercer son emprise sur les individus, en particulier sur la femme dont chaque mouvement est surveillé. La femme dont il est question dans notre texte porte les mêmes hésitations, les mêmes peurs d’être épiée que portaient les femmes kabyles il y a plusieurs décennies. C’est dire que "nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge".

      Toutes ces conditions - la situation tragique du pays, le problème d’une société toujours fermée sur beaucoup de choses, les problèmes d’ordre idéologique générés par une classe politique qui n’est pas à la hauteur de la tâche qui lui est attribuée - font que les relations entre les individus, et à plus forte raison entre couples, sont encore dans un état lamentable.

      Revenons un peu au texte, et à la chanson globalement, pour tenter d’expliquer l’engouement reçu par la sortie de l’album de Brahim Tayeb. La société kabyle a exprimé ces dernières années, de manière insistante, l’envie de changer. Le printemps noir est l’exemple le plus édifiant. C’est une jeunesse avide de changement qui est sortie dans la rue. Et c’est, nous semble t-il, par son biais que les changements survenus jusqu’ici ont pu avoir lieu. C’est la manière dont ce changement se manifeste au niveau artistique qui nous intéresse le plus ici.

      La chanson kabyle s’est enrichie ces derniers temps d’une catégorie de nouveaux chanteurs-compositeurs dont le talent est indiscutable. Nous avons en Si Moh, Ali Amrane et Brahim Tayeb des potentialités sûres. Ce qui les caractérise tous, en plus de la beauté de leurs textes, c’est leur musique qui, tout en puisant du fond traditionnel, est très moderne dans son ensemble. Si Moh, on le sait, a chanté l’amour en introduisant un instrument, la guitare sèche en l’occurrence, qui jusque là n’a pas été de prédilection chez les chanteurs kabyles. Avec Ali Amrane, c’est l’introduction du style folk dans la chanson kabyle qui constitue la nouveauté. Il est important de préciser que ces chanteurs ont tous une formation universitaire qui leur a permis d’accéder à d’autres musiques du monde. Ils ont tous plus ou moins leurs modèles en occident.

      La chanson de Brahim Tayeb présente plusieurs aspects modernes. Sur le plan thématique, le traitement qui est fait de l’amour constitue une révolution. Le sentiment amoureux - voir érotique - est exprimé sans équivoque. Il est décrit tel qu’il est, en toute crudité. La brutalité du départ aura provoqué une brutalité semblable au niveau du discours amoureux : le lexique le confirme. Les lexèmes convergent et créent l’isotopie du désir (bghu, ssaram). La portée érotique est poussée à son comble :

      D nettat ay bghigh kullass
      Ay ssaramegh id’ d wass
      Ma yella yebgha wul-is
      Ad fsigh ger yifassen-is

      Le sujet, pour peu que sa bien-aimée accepte de revenir, promet de fendre dans ses bras.

      Au niveau musical, il s’agit d’une innovation puisque, à notre connaissance, il s’agit de la première chanson kabyle d’une longueur de quarante trois minutes. Jusqu’ici, nous sommes plutôt habitués à écouter des chansons ne dépassant pas les cinq minutes. Il est vrai aussi que le prélude musical est assez long, mais, contrairement à ce que pourraient penser les gens qui ont l’habitude d’écouter la chanson du type oriental (nous pensons à Abdelouahab, Oum Keltoum ou encore Fayrouz), plutôt que de lasser l’auditeur, cette longue entrée musicale est en elle-même une invitation au voyage. Mais c’est le mariage de la musique et du texte qui fait le succès de la chanson Int-as ma tebgha.

      Nous avons à travers ces quelques lignes voulu rendre, à notre façon, hommage à Brahim Tayeb, ce jeune chanteur qui a permis à beaucoup d’entre nous de rêver d’un monde meilleur où l’amour prendrait la place de la violence.

      Amar Ameziane
      (source, cache du site tamazgha ... auteur, amar Ameziane)
      http://64.233.183.104/search?q=cache...ient=firefox-a

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