LA VIE MALHEUREUSE DE NOUARA
Dans son groupe d'origine, les hiérarchies sont clairement définies : une fille abandonnée d’abord par son père puis par sa mère alors qu’elle était encore enfant n'a pas la même position sociale (c'est le cas de l'auteur) qu'une fille qui a un père. Ce thème revient comme un leit-motiv dans ses vers :
Père, tu m'as reniée
Comme si je n'étais pas ta fille ainée
Mère, de moi, tu t'es déchargée
Tu n'as laissé aucune lignée
Je ne connaissais pas encore mon passé
Lorsque vous m'avez abandonnée.
Vous m'avez laissée dans la souffrance
Alors que j'étais dans l'innocence
Votre cœur n'a pas de ferveur
Vous n'aviez pas peur du Seigneur
Je sais que ma complainte est indigne
Puisque je suis de votre ligne
Vous m'avez laissé orpheline.
À ce handicap de départ s'en ajoute un autre : elle n'a pas d'enfant. Nouara le vit comme une injustice, une soumission aux aléas du destin. Elle fait parler les autres femmes qui, directement ou indirectement, la qualifiaient d'arbre desséché, de bouc solitaire, lorsqu’elle se rendait à la fontaine (tala) ou aux champs (lexla). Même si Nouara vit en France, sa vision est restée celle d'une femme kabyle n'aspirant qu'à répondre à son devoir de femme et d'épouse accomplie. Plus d'une dizaine de poèmes sont consacrés à ce thème. En voici un extrait :
Si j'avais un enfant
Ce serait un jardin de bonheur
Je lui ferais une maison
Et je n'aurais point de pleurs
Il égayerait mon cœur et ma passion
Mais la chance m'a vouée à l'abandon.
Elle s'en est allée
Et a effacé tout le passé.
Si je n'étais pas stérile et infécond
Je ne divorcerais pas autant
Et ne me séparerais
Jamais de mon bien-aimé.
J'aurais fondé un nid d'amour et de satin
ce n'est point de ma faute, mon divin
Car traître est mon destin.
L'autre point nodal de sa vie concerne sa relation avec les hommes qui ne peuvent être ici que des maris le plus souvent imposés :
J’eus un mariage forcé
Tel est mon destin tracé
Sept ans après le mariage
La vie est pour nous, un carnage
Amère et sans ménages.
Dans l'émigration, où le groupe se transforme tout en gardant les mêmes moyens de contrôle que dans la société traditionnelle, Nouara aura à se situer par rapport aux différents maris (elle s'est mariée cinq fois) :
J'ai voulu rencontrer
L'âme sœur et l’aimer
Et vivre avec elle, en gaieté
Mais j'ai échoué
Et tout s'est écroulé
Emportant mes espoirs, mes chimères
La vie m'a joué un mauvais tour, c’est l’enfer.
Dans son groupe d'origine, les hiérarchies sont clairement définies : une fille abandonnée d’abord par son père puis par sa mère alors qu’elle était encore enfant n'a pas la même position sociale (c'est le cas de l'auteur) qu'une fille qui a un père. Ce thème revient comme un leit-motiv dans ses vers :
Père, tu m'as reniée
Comme si je n'étais pas ta fille ainée
Mère, de moi, tu t'es déchargée
Tu n'as laissé aucune lignée
Je ne connaissais pas encore mon passé
Lorsque vous m'avez abandonnée.
Vous m'avez laissée dans la souffrance
Alors que j'étais dans l'innocence
Votre cœur n'a pas de ferveur
Vous n'aviez pas peur du Seigneur
Je sais que ma complainte est indigne
Puisque je suis de votre ligne
Vous m'avez laissé orpheline.
À ce handicap de départ s'en ajoute un autre : elle n'a pas d'enfant. Nouara le vit comme une injustice, une soumission aux aléas du destin. Elle fait parler les autres femmes qui, directement ou indirectement, la qualifiaient d'arbre desséché, de bouc solitaire, lorsqu’elle se rendait à la fontaine (tala) ou aux champs (lexla). Même si Nouara vit en France, sa vision est restée celle d'une femme kabyle n'aspirant qu'à répondre à son devoir de femme et d'épouse accomplie. Plus d'une dizaine de poèmes sont consacrés à ce thème. En voici un extrait :
Si j'avais un enfant
Ce serait un jardin de bonheur
Je lui ferais une maison
Et je n'aurais point de pleurs
Il égayerait mon cœur et ma passion
Mais la chance m'a vouée à l'abandon.
Elle s'en est allée
Et a effacé tout le passé.
Si je n'étais pas stérile et infécond
Je ne divorcerais pas autant
Et ne me séparerais
Jamais de mon bien-aimé.
J'aurais fondé un nid d'amour et de satin
ce n'est point de ma faute, mon divin
Car traître est mon destin.
L'autre point nodal de sa vie concerne sa relation avec les hommes qui ne peuvent être ici que des maris le plus souvent imposés :
J’eus un mariage forcé
Tel est mon destin tracé
Sept ans après le mariage
La vie est pour nous, un carnage
Amère et sans ménages.
Dans l'émigration, où le groupe se transforme tout en gardant les mêmes moyens de contrôle que dans la société traditionnelle, Nouara aura à se situer par rapport aux différents maris (elle s'est mariée cinq fois) :
J'ai voulu rencontrer
L'âme sœur et l’aimer
Et vivre avec elle, en gaieté
Mais j'ai échoué
Et tout s'est écroulé
Emportant mes espoirs, mes chimères
La vie m'a joué un mauvais tour, c’est l’enfer.
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