La vie

[absent]

Quelques mois de maturation suffisent
Il prend forme et il est prêt
Avant d'entamer sa longue vie, dernier arrêt
Fille ou Garçon, quelque soit ce qu'on prédise

Une nouvelle âme est née
A ses débuts, innoncente, elle apprend
Elle se durcit et murit chaque année
Son petit coeur hésite, finalement il le prend

Il le prend le train de l'amour
Ses parents sont les premiers à qui il donne
"maman", "papa", deux mots qui raisonnent
au milieu des cris d'une voix velours

ça fait déjà un bon bout de temps
Que cet enfant a grandit
Maintenant quand il veut, il le dit
Et son regard d'ange souffle le printemps

Attention, voilà les premiers problèmes
Je veux ci, je veux ça, et ce avec insistance
Il entre dans ce qu'on appelle l'adolescence
Les parents ne comprennent pas, ce n'est plus le même

Ouf, cet orage n'était que passagers
Il ne faisait que galoper vers son destin
L'enfant n'est plus, il est plus âgé
Tout s'est décidé un beau matin

Diplomes, travail, maintenant il est intégré
Dans un circuit qu'il ne peut quitter quelque soit son gré
Car d'un autre côté il est devenu responsable
Il a une vie à gérer, tout ça est indispensable

Puis vint le moment de prendre un nouveau train
Il eut un enfant et devint parent
Les siens en sont ravis, ils sont grands parents
Centre du monde, il ne voit à son bonheur aucun frein

Coup de fouet de la vie pour rappeler qu'elle dirige
L'un de ses deux premiers amours est partis
Il sent le poids de la tristesse qui au fond s'érige
Comme si ça ne suffisait pas, l'autre l'a suivis

Effondré, il se sent incroyablement seul
Il regrette les moments qu'il a négligé
Couvrant à jamais leur visage du linceul
Il versa les dernières larmes sur leurs tombes figés

Lancé dans la vie, il ne sait plus quoi faire
Mais il se rappelle qu'il a un dernier devoir
Avant de prétendre aller les revoir
Il prend ses enfants et les emmènent dans leur ère

Maintenant qu'il les a conduis, sa conscience est tranquille
Son époque arrive à sa fin, c'est le dernier souffle d'une vie
Un visage apaisé, il est prêt à intégrer l'oubli
Un dernier au revoir autour de lui pour un monde volatile

Allongé, ses yeux se ferment
Un vent glacial lui effleure la tête
Ses lèvres se touchent et l'air s'arrête
C'est fini, il fut, il n'est plus, qu'un corps figé

Profitons tant qu'il en est encore temps
Car nous faisons partie du temps
Jusqu'à ce qu'il nous dépasse
Nous entrons dans le passé et tout s'efface.

Moha.