Le Conte de l’âne et du bœuf
Il était une fois un âne et un bœuf dans une écurie se prélassaient. Le bœuf à mine renfrognée ruminait tranquillement sa pitance d’orge et de blé reluquait de ses gros yeux son compagnon aux longues oreilles qui s’agitait. Celui-ci pris par ce regard arrogant et narguant dit dans leur langue :
- Maître bœuf, je vois que même si tout ce que vous désirez vient à votre souhait la vie vous cause des soucis !
Le bœuf calme et serein sans prêter trop crédit aux sollicitations de son compagnon, comme toute réponse resta muet.
Intrigué par cet air altier l’âne ricana :
- Donc, orge, blé et son, pour vous, maître bœuf, n’est qu’un menu menu ? Que dirai-je moi alors, année durant, foin et paille comme seule mangeaille garnissaient sans cesse ma crèche ? Dois-je avoir grise mine pour autant ?
Mufle en l’air, remâchant en se pourléchant nonchalamment, le bœuf acculé décida de porter réponses aux curiosités peu ordinaires de son partenaire.
- Ma foi, dit le bœuf, vous êtes peu savant des faits et piètre connaisseur du monde à deux pattes. L’homme n’a point de scrupules, c’est de sa nature. L’orgueil, la fierté, la haine, la vanité, sont de ses qualités. Entre eux déjà, avec ses frères, voyez ! Ils se font sans cesse des misères et des guerres, et croyez-vous qu’ils auront une miette de pitié pour nous, les bêtes ? Je conçois bien qu’il y a parmi eux des avisés, mais que peuvent quelques sages dans un monde de sauvages ?
En ce qui me concerne, on me sert orge et blé c’est pour d’avantage m’exploiter, et toutes ces douceurs qu’on me prodigue c’est pour user de ma force et de ma vigueur.
Vous par contre la nature vous a de bien peu accablé. Quelques fardeaux parfois au gré du maître et du besoin, sinon vous voilà bourlinguant dans tous les recoins, paissant l’herbe fraîche du matin des champs et des prés. C’est pas pour dire que vous êtes inutile, loin s’en faut, la nature a eu raison de vous faire exister, et j’en conviens aussi que quelques fois de lourdes charges vous ploient, mais convenons que c’est peu de peine comparée à la mienne.
Castré et stérile, soustrait à tous les plaisirs, ma vie durant je serai leur char et leur trait, vieux et usé ils m’égorgeront et de ma chair ils mangeront, et même après ma mort je leur servirai pour leurs pieds et leurs corps, de ma peau ils feront chaussures, vestes et manteaux.
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Il était une fois un âne et un bœuf dans une écurie se prélassaient. Le bœuf à mine renfrognée ruminait tranquillement sa pitance d’orge et de blé reluquait de ses gros yeux son compagnon aux longues oreilles qui s’agitait. Celui-ci pris par ce regard arrogant et narguant dit dans leur langue :
- Maître bœuf, je vois que même si tout ce que vous désirez vient à votre souhait la vie vous cause des soucis !
Le bœuf calme et serein sans prêter trop crédit aux sollicitations de son compagnon, comme toute réponse resta muet.
Intrigué par cet air altier l’âne ricana :
- Donc, orge, blé et son, pour vous, maître bœuf, n’est qu’un menu menu ? Que dirai-je moi alors, année durant, foin et paille comme seule mangeaille garnissaient sans cesse ma crèche ? Dois-je avoir grise mine pour autant ?
Mufle en l’air, remâchant en se pourléchant nonchalamment, le bœuf acculé décida de porter réponses aux curiosités peu ordinaires de son partenaire.
- Ma foi, dit le bœuf, vous êtes peu savant des faits et piètre connaisseur du monde à deux pattes. L’homme n’a point de scrupules, c’est de sa nature. L’orgueil, la fierté, la haine, la vanité, sont de ses qualités. Entre eux déjà, avec ses frères, voyez ! Ils se font sans cesse des misères et des guerres, et croyez-vous qu’ils auront une miette de pitié pour nous, les bêtes ? Je conçois bien qu’il y a parmi eux des avisés, mais que peuvent quelques sages dans un monde de sauvages ?
En ce qui me concerne, on me sert orge et blé c’est pour d’avantage m’exploiter, et toutes ces douceurs qu’on me prodigue c’est pour user de ma force et de ma vigueur.
Vous par contre la nature vous a de bien peu accablé. Quelques fardeaux parfois au gré du maître et du besoin, sinon vous voilà bourlinguant dans tous les recoins, paissant l’herbe fraîche du matin des champs et des prés. C’est pas pour dire que vous êtes inutile, loin s’en faut, la nature a eu raison de vous faire exister, et j’en conviens aussi que quelques fois de lourdes charges vous ploient, mais convenons que c’est peu de peine comparée à la mienne.
Castré et stérile, soustrait à tous les plaisirs, ma vie durant je serai leur char et leur trait, vieux et usé ils m’égorgeront et de ma chair ils mangeront, et même après ma mort je leur servirai pour leurs pieds et leurs corps, de ma peau ils feront chaussures, vestes et manteaux.
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