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Pardonnez-moi...

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  • Pardonnez-moi...

    Pardonnez-moi
    pardonnez-moi si j’écris
    un poème
    c’est que je suis comme vous
    je ne sais où donner
    du corps
    du cœur
    et de la tête
    si
    ce qui est fixé sur mes épaules
    peut encore porter
    ce nom
    car
    ils l’ont pris pour
    une photo de fichier
    une photo d’identité
    un numéro de matricule
    un montant d’impôt
    une unité de recensement
    un ballon
    pour jouer avec des pieds et des mains
    c’est pour cela que j’écris
    pour montrer le henné de ma main avant de monter la largeur de
    mes épaules et la blancheur de mes talons

    je veux écrire mon poème
    sur la chair de tous ceux qui ont perdu la parole
    chez le marchand de mots
    combien coûtent les mots
    combien en voulez-vous
    une livre
    de maux
    j’en achète pour mon malheur et le vôtre
    puisque nous sommes frères dans la détresse
    je vous livre votre part et j’en prends un peu
    pour parler d’un tas de petits rêves qui grouillent dans ma tête
    et je ne peux exprimer car
    je crains
    Dieu le roi mon père
    les policiers les gendarmes les soldats
    le directeur le maître le professeur
    les chiens les assassins les microbes
    et les médecins
    c’est un peu trop pour un seul homme.

    Par MOHA SOUAG
    Né en 1949, à Taos (Boudnib), Moha Souad est un poète, écrivain, romancier et nouvelliste marocain de langue française et de culture amazighe. Il a quitté sa profession d’enseignant de langue française pour se consacrer à l’écriture. Peu connu à l’étranger, il est un auteur majeur de la littérature contemporaine marocaine et un poète de grand talent de la littérature francophone nationale. Voici un poème d’une ironie contestatrice pleine de fougue de son recueil «Des espoirs à vivre» (1983)
    dz(0000/1111)dz
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