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c'est ça des maisons!

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  • c'est ça des maisons!

    Je marche lentement
    ma grand-mère se tient à mon bras !
    nous sommes à la gare,
    nous allons prendre le départ !
    une longue file d’attente
    mais peut importe ma grand-mère est contente !
    elle n’a jamais pris le train !
    c’est la première fois qu’elle s’en va,
    qu’elle quitte sa maison !!
    « j’aurai tant aimé que ton grand-père soi là, avec nous !
    voilà qu’aujourd’hui, je pars, mais sans lui !
    Je veux que tes yeux me décrivent tous les paysages que nous croiserons, voire à travers toi ce que je ne vois pas ! »
    je n’ai pu retenir mes larmes car j’avais déjà constaté qu’il n’y avait aucunes fenêtres aux wagons !
    d’une voix claire et rassurante je lui ai promis de lui raconter tout ce que je verrai !
    Une solitude grandissante m’habite depuis le jour où j’ai commencer à lui mentir, je n’ai pour moi, que mépris, cela n’a aucune importance, l’essentiel est qu’elle sourit !
    La vapeur de cette machine en fer envahie le quai
    donne une atmosphère pesante, suffocante, terrifiante !
    les gens avancent sans même se regarder !
    des enfants se bousculent, certains pleurent, d’autres jouent !
    que c’est beau l’insouciance !
    Après de longues heures d’attentes on nous ordonne
    de monter dans cet engin !
    j’installe ma grand-mère tant bien que mal !
    sans rien dire elle se laisse faire !
    un grand coup de sifflet
    Déchire la nuit !
    Le monstre est parti !
    Déjà plusieurs heures se sont écoulées,
    serrés les uns contre les autres, on peut à peine bouger, respirer !
    le trajet est long, pénible, interminable, éreintant !
    discrètement j’observe les personnes qui m’entourent,
    elles sont vidées, fatiguées, torturées tout comme moi !
    Nos visages se ressemblent étrangement, tous marqués par la tristesse, la peur !
    Oui la peur !
    la peur de l’inconnu, oui de l’inconnu !
    Quelques enfants se sont endormis bercés par les vibrations du corps de ce serpent glissant, suivant le chemin de notre destin imposé !
    le chant angoissant régulier, sourd, strident de la bête me happe, me fait mal !
    Tout est calme !
    un calme glacial,
    un calme brutal !
    je m’assoupis un court instant, dans l’espoir de rêver, de m’envoler,de fuir ma destinée !
    dans ma tête tout se bouscule !
    Oh mon Dieu ! mon Dieu !
    Arrêtez la !
    faites la taire !faites la taire !
    Aidez moi !, Aidez moi !
    je veux retourner en arrière
    Où tout était si paisible, où tout était lumière !
    Je me réveille en sursaut, l’engin c’est arrêté !
    Ma douleur a été entendue ?!
    Je ne rêve point !
    le monstre n’avance plus !
    il c’est tût !
    Des cris retentissent !
    des sanglots glacent la pesanteur !
    -Tout le monde descend ! ALLLEZ ! ALLEZ
    dépêchez vous !!!
    On ne sait pas où on est !
    On doit avancer !
    On se suit le pas hésitant, traînant !
    Quand, la file se divise !
    Que se passe t il !
    Je panique dans ma tête, je serre contre moi le bras de ma grand-mère ! des larmes froides et silencieuses coulent sur mes joues ! j’ai peur ! très peur !
    Deux soldats nous stoppent !
    -Vous !en désignant ma grand-mère, prenez cette file!
    -Non, elle est aveugle je ne la laisserai pas partir seule !!
    Elle, elle, elle a besoin de moi !
    -tu veux rester avec elle !!!
    -oui, je vous le demande, ne nous séparez pas !
    -Alors pars avec elle ! tu l’aideras à prendre sa « DOUCHE » !
    Un soulagement mélangé avec l’effroi s’empare de moi !
    Ma grand-mère est épuisée, elle ne veut plus avancer !
    -Je sens le noir ici ma petite fille, je sens la mort ici ! dis moi où sommes nous !
    -Mais non grand-mère ne t’inquiète pas, tu es avec moi, je ne te laisserai pas !
    -nous sommes bientôt arrivées ! tu vas enfin pouvoir te reposer !
    -Encore un petit peu, s’il te plait !
    Elle marche péniblement, elle est si fatiguée !
    - Grand mère !allez courage !
    -Je vois de la lumière !
    -Oui ! Oui ! comme des maisons !
    -C’est ça grand-mère !
    -C’est ça ! comme des maisons !

    lily
    la diablesse!

    "MALEFIQUES"
    griffer ma feuille est mon plus bel amour plus elle souffre plus je me sens vivante!

    lily
    la diablesse!

  • #2
    Merci lily d'en avoir aussi bien parlé à tel point que ma peau frissonne encore.
    Je voulais t'écrire c'est magnifique et puis est ce que la laideur fait homme est magnifique, non certes pas? Alors ce qui est magnifique est ton écriture fluide prenante, angoissante, émouvante et le "C’est ça ! comme des maisons !" prend une telle dimension.

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    • #3
      ''hey Bandiya trés direct mais au coeur blanc'' comme IL disait!

      je me suis sentie angoissée comme elle, tant tes mots sont bien pesés.
      Empathie trés forte !
      Quelle souffrance, on en parle de loin, on ne se rend pas compte de cette atrocité.
      Celles-ci et tant d'autre que les peuples ont vécu.
      que Dieu nous pardonne !
      Dernière modification par Absente, 30 janvier 2007, 18h09.

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      • #4
        Bien de rappeler que c'est arrivé et que demain nul ne sait si cela ne pourrait recommencer......
        Toujours aussi talentueuse
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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        • #5
          le retour de la la diablesse!

          (beaucoup de talents)



          A ton inspiration..
          A ta sensibilité..
          A ton talent..
          Contrairement a la douleur, le bonheur ne s'écrit, pas il se vit... Moi je ne sais qu'écrire

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          • #6
            hier et aujourd'hui ne font qu'une nuit !!!


            lily
            la diablesse !
            griffer ma feuille est mon plus bel amour plus elle souffre plus je me sens vivante!

            lily
            la diablesse!

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            • #7
              juste

              pour soulager mon coup de cafard!


              mlily
              la diablesse!
              griffer ma feuille est mon plus bel amour plus elle souffre plus je me sens vivante!

              lily
              la diablesse!

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              • #8
                Lily

                J'ai déjà lu ton poème, et je le relis avec plaisir, malgré les évènements dramatiques que tu décris avec beaucoup de talent et de précisions, comme si tu les avais réellement vécues.
                Ton poème est unique dans son genre, et tellement touchant!

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                • #9
                  Je relis avec le meme plaisir. Merci de l'avoir remonté.
                  Quelques gouttes de rosée sur une toile d'araignée, et voilà une rivière de diamants. [Jules Renard]

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                  • #10
                    un texte

                    que j'ai écris et que j'aime particulièrement!!!
                    griffer ma feuille est mon plus bel amour plus elle souffre plus je me sens vivante!

                    lily
                    la diablesse!

                    Commentaire


                    • #11
                      C'est ça des maisons...

                      Je ne saurai décrire l'intensité de mon ressenti à la lecture de ton texte... J'adore tout simplement !

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                      • #12
                        je suis resté accroché j'usqu'au bout
                        dechirant ,poignant

                        Merci du partage .....

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                        • #13
                          Cela m'a touché dans mon âme la plus profonde ...
                          En 2007 je ne connaissait même pas le Forum !
                          Et beaucoup me touche ... En haut du massif du Mont-Blanc,où nous avons utilisé le téléphérique ... ma mère m'a
                          dit : « j’aurai tant aimé que ton père soi là, avec nous !
                          voilà qu’aujourd’hui, je pars (je vois tout ça) , mais sans lui !
                          Je veux que tes yeux me décrivent tous les paysages que nous croiserons, voire à travers toi ce que je ne vois pas ! »

                          Elle est décédée à son retour au Sahara 6 mois après ... elle avait bravé plusieurs avions de son Sahara pour venir voir sa petite fille née ... on dirait qu'elle voulait lui dire ton "-grand-père" ... elle voulait certainement la voir la tenir avant de partir ...

                          Merci Lily

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                          • #14
                            Tes mots!
                            Tes maux!
                            C'est le train qui partait de Drancy et qui emportait la fraicheur des âmes pour les réduire en cendres emportées par le vent à l'odeur suffocante...
                            "Si loin que nous portent nos pas, ils nous ramènent toujours à nous-mêmes" (Proverbe Twareg).

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                            • #15
                              lily bonjour
                              ton texte ne laisse pas insensible ses lecteurs. il est troublant.

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