Aujourd'hui, on opère trois fois moins qu'il y a trente ans: le diagnostic est plus facile à établir. Les violents maux de ventre ne sont pas toujours synonymes de cette affection
On la craint dès qu'apparaît une douleur aiguë au ventre, en bas, à droite. Parfois si fulgurante qu'on se souvient, comme Laurence, frappée un soir de Noël à 19 ans, d'être rentrée chez elle pliée en deux avant de se voir conduire à l'hôpital. Réputé si caractéristique de l'appendicite, ce signal -- parfois trompeur -- conduit plus d'un parent d'enfant ou d'ado aux urgences, souvent sur les conseils du médecin, les deux terrifiés à l'idée de passer à côté de complications graves, comme la péritonite. Les quinquagénaires se souviennent, s'ils n'y sont pas passés eux-mêmes, combien leurs camarades de classe à l'époque se sont absentés, une semaine, voire dix jours, le temps de se faire opérer.
Si elle reste l'intervention bénigne la plus fréquente en chirurgie digestive, l'appendicectomie se fait pourtant plus rare aujourd'hui, comme l'ont relevé les dernières Journées francophones de gasto-entérologie. De 300 000 en 1980, le nombre d'opérations est passé en France à... 83 400 en 2012. Une baisse particulièrement sensible pour les enfants et les jeunes adultes, avec d'étonnantes disparités, que pointent les relevés de la Caisse nationale d'assurance maladie. On opère trois fois plus dans le Sud -- surtout dans les départements du Sud-Ouest -- qu'en Moselle ou bien en région parisienne ; trois fois moins en Charente que dans l'Eure. Alors quoi : l'appendicite serait en voie de disparition ? « Pas vraiment », sourit Jérôme Loriau, chef du service de chirurgie digestive du groupe hospitalier Saint-Joseph, à Paris. Vivre à Toulouse n'expose pas plus à l'appendicite que naître à Forbach et l'anatomie des Français n'a pas subitement évolué. L'Hexagone, tout bêtement, « était un assez mauvais élève en la matière, avec beaucoup d'opérations injustifiées ». En clair, on a longtemps opéré -- et on le fait encore dans certaines régions -- pour des maux de ventre violents qui n'étaient en fait pas dus à une appendicite : ce que confirme l'analyse systématique aujourd'hui de l'appendice retiré sous le microscope du laboratoire.
Face au risque d'une évolution critique, le verdict n'est, il est vrai, pas des plus aisés. « Un chirurgien ne peut pas se fier à sa seule expérience : même le plus sûr de lui peut se tromper une fois sur trois », explique Jérôme Loriau. Le diagnostic est en revanche plus facile aujourd'hui, à condition que l'hôpital ou la clinique où l'on atterrit ait les moyens d'imagerie à sa disposition et « ait balisé la procédure ». Les médecins peuvent jongler entre prise de sang (à la recherche des protéines CRP qui signalent une inflammation), échographie, voire scanner « si le tableau clinique est inquiétant, les signes infectieux graves et l'échographie pas concluante », détaille le chirurgien. L'opération, pratiquée sous coelioscopie, avec trois petites incisions, n'implique plus les dix jours d'hospitalisation d'autrefois, mais deux nuits, voire une seule. Et si sous la caméra glissée dans le ventre du patient « on s'aperçoit que l'appendice est normal, et bien on le laisse ».
Les mystères de l'appendice
Il a un rôle dans la défense de l'organisme, et notamment de l'intestin. Long de 6 à 7 mm, l'appendice, petit « morceau borgne de l'intestin » n'est pas à ce point un filtre qui s'encrasse au moindre noyau de cerise ou poil de brosse à dents avalé, contrairement à ces croyances au nom desquelles on assène aux enfants : « Si tu te ronges les ongles, tu vas attraper l'appendicite. » Parfois, il s'infecte pourtant, provoquant éventuellement légère fièvre, nausées ou vomissements et faisant risquer en chaîne l'infection -- grave car elle peut évoluer en septicémie -- du péritoine, membrane qui tapisse les organes de l'abdomen. Les recherches menées sur une possible guérison par la seule administration d'antibiotiques ne se sont pas révélées concluantes
le parisien
On la craint dès qu'apparaît une douleur aiguë au ventre, en bas, à droite. Parfois si fulgurante qu'on se souvient, comme Laurence, frappée un soir de Noël à 19 ans, d'être rentrée chez elle pliée en deux avant de se voir conduire à l'hôpital. Réputé si caractéristique de l'appendicite, ce signal -- parfois trompeur -- conduit plus d'un parent d'enfant ou d'ado aux urgences, souvent sur les conseils du médecin, les deux terrifiés à l'idée de passer à côté de complications graves, comme la péritonite. Les quinquagénaires se souviennent, s'ils n'y sont pas passés eux-mêmes, combien leurs camarades de classe à l'époque se sont absentés, une semaine, voire dix jours, le temps de se faire opérer.
Si elle reste l'intervention bénigne la plus fréquente en chirurgie digestive, l'appendicectomie se fait pourtant plus rare aujourd'hui, comme l'ont relevé les dernières Journées francophones de gasto-entérologie. De 300 000 en 1980, le nombre d'opérations est passé en France à... 83 400 en 2012. Une baisse particulièrement sensible pour les enfants et les jeunes adultes, avec d'étonnantes disparités, que pointent les relevés de la Caisse nationale d'assurance maladie. On opère trois fois plus dans le Sud -- surtout dans les départements du Sud-Ouest -- qu'en Moselle ou bien en région parisienne ; trois fois moins en Charente que dans l'Eure. Alors quoi : l'appendicite serait en voie de disparition ? « Pas vraiment », sourit Jérôme Loriau, chef du service de chirurgie digestive du groupe hospitalier Saint-Joseph, à Paris. Vivre à Toulouse n'expose pas plus à l'appendicite que naître à Forbach et l'anatomie des Français n'a pas subitement évolué. L'Hexagone, tout bêtement, « était un assez mauvais élève en la matière, avec beaucoup d'opérations injustifiées ». En clair, on a longtemps opéré -- et on le fait encore dans certaines régions -- pour des maux de ventre violents qui n'étaient en fait pas dus à une appendicite : ce que confirme l'analyse systématique aujourd'hui de l'appendice retiré sous le microscope du laboratoire.
Face au risque d'une évolution critique, le verdict n'est, il est vrai, pas des plus aisés. « Un chirurgien ne peut pas se fier à sa seule expérience : même le plus sûr de lui peut se tromper une fois sur trois », explique Jérôme Loriau. Le diagnostic est en revanche plus facile aujourd'hui, à condition que l'hôpital ou la clinique où l'on atterrit ait les moyens d'imagerie à sa disposition et « ait balisé la procédure ». Les médecins peuvent jongler entre prise de sang (à la recherche des protéines CRP qui signalent une inflammation), échographie, voire scanner « si le tableau clinique est inquiétant, les signes infectieux graves et l'échographie pas concluante », détaille le chirurgien. L'opération, pratiquée sous coelioscopie, avec trois petites incisions, n'implique plus les dix jours d'hospitalisation d'autrefois, mais deux nuits, voire une seule. Et si sous la caméra glissée dans le ventre du patient « on s'aperçoit que l'appendice est normal, et bien on le laisse ».
Les mystères de l'appendice
Il a un rôle dans la défense de l'organisme, et notamment de l'intestin. Long de 6 à 7 mm, l'appendice, petit « morceau borgne de l'intestin » n'est pas à ce point un filtre qui s'encrasse au moindre noyau de cerise ou poil de brosse à dents avalé, contrairement à ces croyances au nom desquelles on assène aux enfants : « Si tu te ronges les ongles, tu vas attraper l'appendicite. » Parfois, il s'infecte pourtant, provoquant éventuellement légère fièvre, nausées ou vomissements et faisant risquer en chaîne l'infection -- grave car elle peut évoluer en septicémie -- du péritoine, membrane qui tapisse les organes de l'abdomen. Les recherches menées sur une possible guérison par la seule administration d'antibiotiques ne se sont pas révélées concluantes
le parisien
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