Le professeur Philippe Montupet, membre de l'Académie nationale de chirurgie, rappelle qu'en matière d'intervention chirurgicale, le risque zéro n'existe pas.
L'appendicite reste la plus fréquente des urgences chirurgicales. Or, en aucun cas, une urgence ne saurait être considérée comme banale, ni du point de vue du patient, ni de celui du chirurgien. N'oublions pas que Gambetta est mort d'appendicite à Paris, du fait des atermoiements et des divergences d'opinions de ses médecins. Il avait quarante-quatre ans. Même si cela se passait en 1882 et si la chirurgie n'est plus ce qu'elle était à l'époque, est-on aujourd'hui à l'abri d'un «accident» de ce type?
On parle de crise d'appendicite lorsqu'il y a inflammation d'une excroissance de l'intestin, l'appendice. Cette inflammation peut survenir pour des raisons diverses, le plus souvent, indéterminées. Une crise typique commence par des douleurs abdominales, le plus souvent situées juste au-dessus du pli de l'aine, dans la fosse iliaque droite, là où se loge l'appendice chez la plupart des gens, même si dans un tiers des cas on le retrouve sous le foie, voire au beau milieu de l'abdomen, sous le gros intestin. Ces douleurs sont souvent accompagnées d'une fièvre modérée.
Il n'est pas simple de diagnostiquer l'appendicite car, d'une part, les symptômes peuvent varier de façon importante d'un patient à l'autre ; d'autre part, parce qu'il peut y avoir confusion avec d'autres affections aux manifestations similaires, comme les douleurs ovariennes ou une infection urinaire. C'est pourquoi, en plus de l'examen clinique, le diagnostic doit être confirmé par des examens biologiques et par une imagerie d'échographie ou de scanner abdominal. Le nombre d'appendicites jadis sur-diagnostiquées, et opérées à tort, a de fait reculé pour le bienfait de tous. C'est dû à la performance des examens complémentaires, mais aussi à l'effort de recherche permanent des chirurgiens pour démontrer que certaines pathologies appendiculaires pourraient ne pas relever d'une sanction chirurgicale.
Intervention sous cœlioscopie
La crise d'appendicite peut survenir à tout âge, même si c'est fréquemment avant 30 ans, et son évolution est toujours imprévisible. C'est pourquoi elle doit faire l'objet d'une extrême attention pour éviter la perforation avec l'apparition d'une péritonite, complication qui peut être mortelle et d'autant plus grave que le délai est important entre la prise en charge et le début des symptômes. À partir d'études sur de larges séries, ce délai a pu être fixé en moyenne entre six et douze heures. Lorsque l'urgence opératoire peut être différée, l'affinement diagnostique et thérapeutique s'impose ; l'examen clinique doit être répété, par le même chirurgien et par son équipe et, en cas d'abcès, un traitement antibiotique doit être pratiqué par voie intraveineuse afin de simplifier les suites opératoires.
En face d'une inflammation aiguë clairement diagnostiquée, il faut enlever l'appendice. Jusqu'à une époque récente, le chirurgien pratiquait ce qu'on appelle une laparotomie, à savoir une incision dans l'abdomen. Aujourd'hui, on peut retirer l'appendice par cœlioscopie, une méthode de chirurgie vidéo assistée qui consiste à accéder à l'appendice sans ouvrir la paroi abdominale. Mais la voie ouverte par laparotomie s'impose toutefois encore quand il ne dispose pas de la technicité requise alors qu'il opère en urgence, et si, après avoir commencé l'intervention sous cœlioscopie, une difficulté imprévue l'oblige à ouvrir.
Le risque zéro n'existe pas
Il y a plus d'un siècle, un de nos chirurgiens les plus éminents, Georges Dieulafoy, s'élevait déjà contre les opérations inutiles de l'appendicite qui, loin de guérir les malades, en faisaient des «balafrés de Châtel-Guyon», station thermale de convalescence réputée à l'époque… Il serait heureux de constater que, de 1986 à 2012, le nombre d'interventions a décru de 8 % par an…
Pour autant, l'appendicite ne doit pas être banalisée. Aujourd'hui, deux questions essentielles se posent: quelle est sa cause exacte et comment la traiter au mieux? Cela exige un effort de recherche mais aussi de mettre en garde contre la facilité apparente offerte par les progrès technologiques: la vidéo-chirurgie peut être dangereuse si le praticien n'a pas la formation ni l'expérience nécessaires. Enfin et surtout, l: en cas d'urgence, seule une étroite coopération entre l'anesthésiste et le chirurgien peut réduire le risque au maximum. Tout patient qui se plaint de douleurs abdominales doit faire l'objet d'un diagnostic validé par un examen biologique et radiologique. Toute suspicion d'appendicite doit exiger du chirurgien une vigilance permanente pour éviter des complications inutiles, voire fatales. Il n'est plus acceptable de mourir d'appendicite.
le figaro
L'appendicite reste la plus fréquente des urgences chirurgicales. Or, en aucun cas, une urgence ne saurait être considérée comme banale, ni du point de vue du patient, ni de celui du chirurgien. N'oublions pas que Gambetta est mort d'appendicite à Paris, du fait des atermoiements et des divergences d'opinions de ses médecins. Il avait quarante-quatre ans. Même si cela se passait en 1882 et si la chirurgie n'est plus ce qu'elle était à l'époque, est-on aujourd'hui à l'abri d'un «accident» de ce type?
On parle de crise d'appendicite lorsqu'il y a inflammation d'une excroissance de l'intestin, l'appendice. Cette inflammation peut survenir pour des raisons diverses, le plus souvent, indéterminées. Une crise typique commence par des douleurs abdominales, le plus souvent situées juste au-dessus du pli de l'aine, dans la fosse iliaque droite, là où se loge l'appendice chez la plupart des gens, même si dans un tiers des cas on le retrouve sous le foie, voire au beau milieu de l'abdomen, sous le gros intestin. Ces douleurs sont souvent accompagnées d'une fièvre modérée.
Il n'est pas simple de diagnostiquer l'appendicite car, d'une part, les symptômes peuvent varier de façon importante d'un patient à l'autre ; d'autre part, parce qu'il peut y avoir confusion avec d'autres affections aux manifestations similaires, comme les douleurs ovariennes ou une infection urinaire. C'est pourquoi, en plus de l'examen clinique, le diagnostic doit être confirmé par des examens biologiques et par une imagerie d'échographie ou de scanner abdominal. Le nombre d'appendicites jadis sur-diagnostiquées, et opérées à tort, a de fait reculé pour le bienfait de tous. C'est dû à la performance des examens complémentaires, mais aussi à l'effort de recherche permanent des chirurgiens pour démontrer que certaines pathologies appendiculaires pourraient ne pas relever d'une sanction chirurgicale.
Intervention sous cœlioscopie
La crise d'appendicite peut survenir à tout âge, même si c'est fréquemment avant 30 ans, et son évolution est toujours imprévisible. C'est pourquoi elle doit faire l'objet d'une extrême attention pour éviter la perforation avec l'apparition d'une péritonite, complication qui peut être mortelle et d'autant plus grave que le délai est important entre la prise en charge et le début des symptômes. À partir d'études sur de larges séries, ce délai a pu être fixé en moyenne entre six et douze heures. Lorsque l'urgence opératoire peut être différée, l'affinement diagnostique et thérapeutique s'impose ; l'examen clinique doit être répété, par le même chirurgien et par son équipe et, en cas d'abcès, un traitement antibiotique doit être pratiqué par voie intraveineuse afin de simplifier les suites opératoires.
En face d'une inflammation aiguë clairement diagnostiquée, il faut enlever l'appendice. Jusqu'à une époque récente, le chirurgien pratiquait ce qu'on appelle une laparotomie, à savoir une incision dans l'abdomen. Aujourd'hui, on peut retirer l'appendice par cœlioscopie, une méthode de chirurgie vidéo assistée qui consiste à accéder à l'appendice sans ouvrir la paroi abdominale. Mais la voie ouverte par laparotomie s'impose toutefois encore quand il ne dispose pas de la technicité requise alors qu'il opère en urgence, et si, après avoir commencé l'intervention sous cœlioscopie, une difficulté imprévue l'oblige à ouvrir.
Le risque zéro n'existe pas
Il y a plus d'un siècle, un de nos chirurgiens les plus éminents, Georges Dieulafoy, s'élevait déjà contre les opérations inutiles de l'appendicite qui, loin de guérir les malades, en faisaient des «balafrés de Châtel-Guyon», station thermale de convalescence réputée à l'époque… Il serait heureux de constater que, de 1986 à 2012, le nombre d'interventions a décru de 8 % par an…
Pour autant, l'appendicite ne doit pas être banalisée. Aujourd'hui, deux questions essentielles se posent: quelle est sa cause exacte et comment la traiter au mieux? Cela exige un effort de recherche mais aussi de mettre en garde contre la facilité apparente offerte par les progrès technologiques: la vidéo-chirurgie peut être dangereuse si le praticien n'a pas la formation ni l'expérience nécessaires. Enfin et surtout, l: en cas d'urgence, seule une étroite coopération entre l'anesthésiste et le chirurgien peut réduire le risque au maximum. Tout patient qui se plaint de douleurs abdominales doit faire l'objet d'un diagnostic validé par un examen biologique et radiologique. Toute suspicion d'appendicite doit exiger du chirurgien une vigilance permanente pour éviter des complications inutiles, voire fatales. Il n'est plus acceptable de mourir d'appendicite.
le figaro