Une étude française démontre qu’il existe un immense gouffre entre riches et pauvres en matière d’espérance de vie. Un phénomène qui touche aussi la Suisse.
Pour espérer vivre vieux, mieux vaut être riche. On s’en doutait. Mais pas à ce point. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), en France, a étudié pour la première fois le lien entre revenus et longévité. Et ses résultats sont saisissants. L’espérance de vie à la naissance des 5% de Français les plus aisés est de 84,4 ans. Celle des 5% les plus pauvres de 71,1 ans. Treize ans de moins! Commentaire de l’Observatoire français des inégalités: «L’espérance de vie des hommes les plus modestes équivaut à celle des hommes du Bangladesh»…
Chez les femmes, l’écart est moindre mais reste impressionnant: 8 ans (88,3 ans, contre 80 ans). Pour ces statistiques, l’Insee s’est basé sur la période 2012-2016 avec les plus démunis touchant en moyenne 470 euros par mois et les plus riches 5800 euros.
Cent euros = un an de vie
L’Institut avance une autre donnée frappante sur les plus défavorisés: «Aux alentours d’un niveau de vie de 1000 euros par mois», 100 euros supplémentaires sont associés à 0,7 an d’espérance de vie en plus chez la femme et 0,9 chez l’homme. 100 petits euros, un an de plus sur la planète…
Comment expliquer un tel gouffre entre riches et pauvres? Par l’accès à des soins de qualité, évidemment. Mais l’Insee avance bien d’autres facteurs. «Des comportements moins favorables à la santé sont plus fréquents chez les non-diplômés que chez les diplômés.» Et de donner l’exemple de la clope: 39% des adultes sans diplômes fument, contre 21% des diplômés du supérieur. Ou d’ajouter que les moins aisés, à l’image des ouvriers, sont aussi plus exposés aux risques professionnels: accidents, maladies, exposition à des produits toxiques.
Qu’en est-il en Suisse? Ici, 7% de la population, soit 570 000 personnes, sont sous le seuil de pauvreté – 2200 francs par mois pour une personne seule, 4050 pour un couple avec deux enfants. Que sait-on de leur espérance de vie, qui est globalement de 84,9 ans pour les femmes et de 80,7 ans pour les hommes? L’Office fédéral de la statistique (OFS) nous dit ne pas étudier spécifiquement le lien entre revenus et longévité. Une comparaison stricte avec la France ne peut donc pas être faite. Mais nous avons plusieurs indicateurs prouvant que le porte-monnaie pèse ici aussi sur la longévité. Plutôt que d’étudier la richesse, l’OFS travaille avec le niveau de formation, jugé plus pertinent. Or il est lui-même évidemment corrélé aux revenus. Ainsi, selon des données de 2007, l’OFS estime l’écart d’espérance de vie entre les mieux et les moins bien formés à 4,6 ans pour les hommes de 30 ans. À 2,5 ans pour les femmes du même âge. «Plus le statut social est élevé, plus la capacité des individus à agir sur les déterminants de la santé augmente, ainsi que leur aptitude à adopter des comportements qui allongent l’espérance de vie», écrit l’OFS.
«La pauvreté rend malade»
De son côté, Caritas avait publié une étude fouillée intitulée «La pauvreté rend malade». Elle date aussi un peu (2009), mais le verdict était comparable: «Un ouvrier non qualifié ou spécialisé vit en moyenne 4 ans de moins qu’un universitaire». «Il n’y a pas vraiment de raison pour que ça ait changé depuis», glisse le responsable de communication, Fabrice Boulé.
D’autres données, plus récentes, indiquent que les inégalités perdurent. En Suisse, les moins formés fument plus et boivent aussi un peu plus. Ils font moins de sport – 57% d’actifs chez ceux qui ont formation du niveau de la scolarité obligatoire, 75% pour une formation universitaire. Et ils sont deux à quatre fois plus à souffrir d’obésité: 19% contre 9% chez les hommes, 19% contre 5% chez les femmes. Oui, ici aussi la pauvreté rend malade. Et tue. (Le Matin) suisse
Pour espérer vivre vieux, mieux vaut être riche. On s’en doutait. Mais pas à ce point. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), en France, a étudié pour la première fois le lien entre revenus et longévité. Et ses résultats sont saisissants. L’espérance de vie à la naissance des 5% de Français les plus aisés est de 84,4 ans. Celle des 5% les plus pauvres de 71,1 ans. Treize ans de moins! Commentaire de l’Observatoire français des inégalités: «L’espérance de vie des hommes les plus modestes équivaut à celle des hommes du Bangladesh»…
Chez les femmes, l’écart est moindre mais reste impressionnant: 8 ans (88,3 ans, contre 80 ans). Pour ces statistiques, l’Insee s’est basé sur la période 2012-2016 avec les plus démunis touchant en moyenne 470 euros par mois et les plus riches 5800 euros.
Cent euros = un an de vie
L’Institut avance une autre donnée frappante sur les plus défavorisés: «Aux alentours d’un niveau de vie de 1000 euros par mois», 100 euros supplémentaires sont associés à 0,7 an d’espérance de vie en plus chez la femme et 0,9 chez l’homme. 100 petits euros, un an de plus sur la planète…
Comment expliquer un tel gouffre entre riches et pauvres? Par l’accès à des soins de qualité, évidemment. Mais l’Insee avance bien d’autres facteurs. «Des comportements moins favorables à la santé sont plus fréquents chez les non-diplômés que chez les diplômés.» Et de donner l’exemple de la clope: 39% des adultes sans diplômes fument, contre 21% des diplômés du supérieur. Ou d’ajouter que les moins aisés, à l’image des ouvriers, sont aussi plus exposés aux risques professionnels: accidents, maladies, exposition à des produits toxiques.
Qu’en est-il en Suisse? Ici, 7% de la population, soit 570 000 personnes, sont sous le seuil de pauvreté – 2200 francs par mois pour une personne seule, 4050 pour un couple avec deux enfants. Que sait-on de leur espérance de vie, qui est globalement de 84,9 ans pour les femmes et de 80,7 ans pour les hommes? L’Office fédéral de la statistique (OFS) nous dit ne pas étudier spécifiquement le lien entre revenus et longévité. Une comparaison stricte avec la France ne peut donc pas être faite. Mais nous avons plusieurs indicateurs prouvant que le porte-monnaie pèse ici aussi sur la longévité. Plutôt que d’étudier la richesse, l’OFS travaille avec le niveau de formation, jugé plus pertinent. Or il est lui-même évidemment corrélé aux revenus. Ainsi, selon des données de 2007, l’OFS estime l’écart d’espérance de vie entre les mieux et les moins bien formés à 4,6 ans pour les hommes de 30 ans. À 2,5 ans pour les femmes du même âge. «Plus le statut social est élevé, plus la capacité des individus à agir sur les déterminants de la santé augmente, ainsi que leur aptitude à adopter des comportements qui allongent l’espérance de vie», écrit l’OFS.
«La pauvreté rend malade»
De son côté, Caritas avait publié une étude fouillée intitulée «La pauvreté rend malade». Elle date aussi un peu (2009), mais le verdict était comparable: «Un ouvrier non qualifié ou spécialisé vit en moyenne 4 ans de moins qu’un universitaire». «Il n’y a pas vraiment de raison pour que ça ait changé depuis», glisse le responsable de communication, Fabrice Boulé.
D’autres données, plus récentes, indiquent que les inégalités perdurent. En Suisse, les moins formés fument plus et boivent aussi un peu plus. Ils font moins de sport – 57% d’actifs chez ceux qui ont formation du niveau de la scolarité obligatoire, 75% pour une formation universitaire. Et ils sont deux à quatre fois plus à souffrir d’obésité: 19% contre 9% chez les hommes, 19% contre 5% chez les femmes. Oui, ici aussi la pauvreté rend malade. Et tue. (Le Matin) suisse

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