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Le tabagisme tue 15 000 personnes par an en Algérie

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  • Le tabagisme tue 15 000 personnes par an en Algérie

    La consommation de cigarettes est responsable de 85% des cancers du poumon chez les hommes, 75% chez les femmes (environ 83% en tout).

    Le tabagisme est responsable d'environ 30% de l'ensemble des décès par cancer. Ceux qui fument deux paquets de cigarettes par jour ou plus ont un taux de mortalité par cancer du poumon de 15 à 25 fois supérieur à celui des non-fumeurs.

    Arrêter de fumer reste le principal casse-tête pour des milliards de fumeurs, de par le monde, qui cherchent le ou les moyens qui leur permettent un sevrage efficace sans trop de dommages collatéraux. Le tabagisme, devenu un tueur redoutable, tue, chaque année, plus de 5 millions de personnes dont 15 000 en Algérie; notre pays recense, annuellement, plus de 8 mille cas de cancer des poumons qui est considéré comme le cancer le plus meurtrier chez les hommes; et les statistiques le place à « la première cause principale de décès », en 2030, si la consommation actuelle persiste.

    Des chiffres qui donnent froid dans le dos des mordus de la cigarette, conscients, malgré tout, du peu enviable sort qui les attend. En plus de l'aspect sanitaire de la question, le problème réside dans l'absence criante de moyens de sevrage en Algérie, qui fait que les bonnes volontés d'arrêter le massacre ne peuvent compter que sur des astuces personnelles et s'en référer aux recettes de grand-mère. L'urgence d'une réelle prise en charge de ce fléau est d'autant plus d'actualité, que les statistiques nationales indiquent que des dizaines de millions de paquets de cigarettes sont consommés annuellement, dont 97% sont importés. Une marchandise décriée par les spécialistes de la santé qui y voient une menace supplémentaire pour l'Algérien.

    Les statistiques ont également confirmé que le tabagisme est le deuxième facteur de décès dans notre pays avec un taux de 21%, derrière les accidents de la circulation avec 28%, alors que la consommation de drogues représente 10%, suivie du sida et des boissons alcoolisées.

    Paradoxalement, et alors que la guerre est déclarée au tabagisme, l'Algérie reste à la traîne et rien ne semble changer dans la prise de conscience du danger, au sortir du cercle des initiés. Cependant, et selon des spécialistes, les campagnes de sensibilisation qui ont été menées à travers le pays ont drainé une grande partie de la population vers la demande d'aide et de sevrage tabagique, mais les patients recourent directement à toutes sortes de produits dans une grande anarchie en absence d'une politique nationale de sevrage. Loin des textes et de la littérature, la réalité du terrain trouve le fumeur seul, entouré de nicotine et de goudron, en vase clos, essayant de s'en sortir. Les réussites sont vues comme des miracles et pour chaque fumeur, il existe une ou plusieurs tentatives infructueuses d'arrêter de fumer.

    Samir, au crépuscule de sa trentaine, et entre deux bouffées de Rym, reconnaît avoir essayé, plusieurs fois, d'arrêter la cigarette mais sans arriver à ses fins. Il impute ces échecs à un manque de volonté flagrant. « Après la mort de mon père à cause d'un cancer des poumons, trois ou quatre cousins ont décidé d'arrêter de fumer et ça a réussi pour eux », dira-t-il, une larme au coin de l'oeil à l'évocation de son défunt père. Cependant, cela ne l'a pas empêché de continuer de fumer jusqu'à un paquet et demi par jour. « C'est à chaque fois la même chose, je décide, en me levant d'arrêter la cigarette, je tiens le coup pendant quatre, cinq jours mais après, à la première occasion je reprends mes habitudes », avouera-t-il, un peu penaud. Slimane, universitaire, une moustache à la José Bové, se rappelle de son aventure avec la cigarette. « Je devais fêter mon quarantième anniversaire et je me suis dis qu'il fallait prendre une décision cruciale dans ma vie ». Cela fait 19 ans que Slimane a arrêté de fumer. « Ça été très dur les premiers temps parce que j'avais arrêté d'un seul coup ».

    MAIS COMMENT FONT LES AUTRES ?


    « Le matin, au réveil après avoir fumé pendant plus de vingt ans, j'ai décidé de ne plus remettre une cigarette entre mes doigts », se souvient-il. Abdellah a arrêté de fumer pendant plus de deux ans avant de reprendre de plus belle, trois paquets de Legend par jour. « Les nerfs, tu sais. Avec les Algériens, les problèmes n'en finissent jamais alors puisque je ne peux pas boire... », dira-t-il résigné. D'autres, par contre, cherchent toujours la meilleure formule pour sauter le pas. Le support médicamenteux est très prisé mais excessivement cher. Des fameux patchs aux comprimés à sucer et autres chewing-gums à la nicotine, le Vidal offre toute une panoplie de « médicaments » contre le tabagisme mais leur disponibilité sur le marché national est très aléatoire. Le seul palliatif médicamenteux disponible « légalement » dans les pharmacies est le Nico Bloc, qui bloque, comme son nom l'indique, jusqu'à 99% de goudron et de nicotine dans le filtre de la cigarette. « Mais, il est impératif de mettre une goutte de ce produit dans chaque cigarette qu'on allume », prévient une pharmacienne. Un produit qui a déjà fait des émules puisqu'il aide le fumeur à se débarrasser graduellement du besoin de griller une cigarette. « La personne peut fumer jusqu'à 2 paquets par jour sans que cela n'ait de conséquence sur sa santé », ajoute notre interlocutrice. Cependant le prix affiché sur la vignette, 3 mille dinars la boîte moins quelques centimes, a de quoi décourager nombre de bonnes volontés. Cette indisponibilité de ces produits a encouragé, un certain moment, le marché parallèle de la lutte contre la cigarette, en favorisant, principalement, les ventes au noir des patchs. D'autres encore s'essayent à toutes les formules inimaginables pour mettre un terme à une dépendance désastreuse. La mode actuelle est à ces sachets de chema parfumée d'El-Oued qui aurait des vertus de sevrage. Des fumeurs l'ont adoptée mais, pour l'instant, si elle a eu des effets sur certains, d'autres par contre ne lui ont trouvé, comme avantage, que le goût fluo. Certains compensent le besoin par la nourriture, par des bâtons de réglisse ou tout autre astuce. Pourtant, à chacun son histoire avec la cigarette et ses tentatives pour arrêter.

    En République Tchèque où il existe 70 cliniques spécialisées dans l'arrêt du tabagisme, c'est l'histoire d'un chauffeur de taxi qui avoue que, six mois après avoir arrêté de fumer, il a installé une poignée de chasse d'eau au plafond de sa voiture et lorsque l'envie d'une cigarette le prenait, il attrape la poignée avec la main droite pour s'accrocher à quelque chose. En Roumanie, on pense sérieusement à augmenter le nombre des formateurs pour aider efficacement les fumeurs. Doris Hundley travaillant au Département de la Santé du District Central Nord aux USA, parlant de son expérience avec des adolescents qui ne peuvent utiliser des patchs, insiste sur le côté « chaleur » et « gentillesse » de la thérapie. La réduction des espaces publics pour fumeur contribue au sevrage chez beaucoup de personnes. Au Vietnam, le maire d'un village qui avait fumé pendant trente ans a arrêté. Sa méthode consiste à manger des pépins de pastèque à chaque fois qu'il ressentait l'envie de fumer. En Yougoslavie, des observations ont montré que parmi les grands fumeurs, ceux qui ont le mieux réussi à arrêter de fumer sont ceux qui se sont désintoxiqués en buvant, le matin, de grandes quantités d'eau. Mais le meilleur moyen pour cesser de fumer n'est-il pas de ne jamais commencer ?


    Par Le Quotidien d'Oran
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