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La moitié des nouveaux médicaments mis sur le marché n’ont pas de valeur thérapeutique ajoutée

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  • La moitié des nouveaux médicaments mis sur le marché n’ont pas de valeur thérapeutique ajoutée


    Des chercheurs se sont penchés sur tous les médicaments mis sur les marchés américain et européen entre 2011 et 2020 et leur évaluation par la Haute Autorité de santé et son équivalent allemand.

    Par Lison Segue


    Des plaquettes de médicaments destinés à la destruction, à Los Angeles (Californie), en avril 2021. PATRICK T. FALLON / AFP

    Chaque année, c’est plus d’une quarantaine de nouveaux médicaments qui sont autorisés par l’Agence européenne des médicaments (EMA). Autant sont approuvés par la Food and Drug Administration (FDA) et mis sur le marché américain. Mais nouveauté ne rime pas toujours avec innovation pour les patients, selon une étude publiée le 5 juillet dans le British Medical Journal.

    Celle-ci révèle que moins de la moitié des médicaments approuvés par les autorités européenne et américaine entre 2011 et 2020 ont une valeur ajoutée substantielle pour leur première indication thérapeutique – maladie ou symptômes pour lesquels ils sont développés – par rapport aux produits déjà existants. Les secondes indications thérapeutiques, obtenues ensuite et qui élargissent le champ d’application de la molécule, sont quant à elles 37 % moins susceptibles d’être à forte valeur thérapeutique que la première indication.

    Pour arriver à ces résultats, l’étude, menée par la professeure Kerstin Vokinger (université de Zurich, Suisse), s’appuie sur les évaluations des médicaments réalisées par la Haute Autorité de santé (HAS) en France et celles du Comité mixte fédéral, son équivalent allemand. La commission de transparence de la HAS rend un avis scientifique sur l’intérêt clinique des molécules ainsi que sur le progrès potentiellement apporté par rapport aux traitements déjà disponibles. Ces avis permettent de définir à la fois si le médicament sera remboursé ou non et de fixer son prix.

    Surreprésentation des traitements contre le cancer

    Kerstin Vokinger et ses collègues ont analysé les rapports d’évaluations de 149 indications thérapeutiques initiales et 386 indications thérapeutiques complémentaires de produits approuvés par la FDA et-ou par l’EMA. La majorité concerne des traitements anticancéreux (58 %). Suivent ensuite les immunomodulateurs (10 %) et les anti-infectieux (9 %).

    Cette surreprésentation des anticancéreux s’explique par la fréquence de ces maladies, leur gravité, ainsi que par la nécessité permanente de trouver de nouvelles options pour les patients en échec thérapeutique. « C’est un champ où de nombreux besoins ne sont pas couverts », estime Dominique Deplanque, président de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT).

    Des médicaments ciblés déjà disponibles pour traiter un cancer donné sont testés pour d’autres tumeurs avec des anomalies biologiques comparables, chez des patients qui ont déjà eu plusieurs lignes de traitement. « On complète ainsi l’arsenal thérapeutique en élargissant les indications des molécules », résume le professeur Deplanque. C’est ainsi que le Pembrolizumab,un anticorps monoclonal humanisé, approuvé à l’origine pour le traitement des mélanomes avancés, a ensuite été autorisé par l’EMA et la FDA pour traiter certains types de cancer du poumon, du rein, de la tête ou du cou.

    Comme le soulignent les auteurs de l’article publié dans le British Medical Journal, il est « essentiel que les médicaments anticancéreux approuvés aient une grande valeur thérapeutique pour les patients qu’ils sont censés soigner ». Pourtant, leurs conclusions montrent une réalité quelque peu différente, notamment en ce qui concerne les indications supplémentaires.

    « Paradoxe »

    Un constat qui se justifie facilement, selon Eric Baseilhac, directeur accès, économie et export du syndicat Les Entreprises du médicament (LEEM).

    « Beaucoup de traitements anticancéreux sont développés d’abord en dernière ligne de la stratégie thérapeutique, lorsque tous les traitements existants ont cessé d’être efficaces : il est plus facile à ce stade de démontrer une augmentation de la survie et donc d’obtenir une très bonne note, explique-t-il. Les indications qui viendront par la suite concernent les premières lignes de traitement – au début de l’évolution de la maladie –, pour lesquelles démontrer un impact sur la survie est évidemment difficile, voire impossible, à court terme. Il leur sera plus difficile d’obtenir une très bonne note. »

    Par ailleurs, certains médicaments présumés « d’innovation thérapeutique » – et pouvant potentiellement aider les patients en situation d’impasse thérapeutique – sont enregistrés en procédure accélérée par l’EMA, après un nombre limité d’essais cliniques. Ainsi, au moment de l’évaluation, la HAS ne dispose pas toujours d’études comparatives, randomisées, pour conclure que ces traitements ont une valeur thérapeutique ajoutée.

    « C’est tout le paradoxe. On a des médicaments très innovants, ou présumés comme tels, qui se voient attribuer un ASMR 5[pour “amélioration du service médical rendu”], c’est-à-dire notés comme “progrès thérapeutique inexistant” », relève Eric Baseilhac, du LEEM. Conséquence :ces traitements ne seront pas remboursés, et donc pas ou peu prescrits par les hôpitaux. « L’évaluation faite par la HAS est cohérente. Elle fait son travail. En l’absence de preuve de bénéfices ajoutés, elle ne peut pas conclure qu’il y en a, relativise cependant Florian Naudet, professeur de thérapeutique à l’université de Rennes. C’est simplement ce que dit l’étude. »

    Le cas des médicaments « me too »

    Enfin, beaucoup de médicaments nouvellement autorisés sur le marché – qu’il s’agisse de leur primo-inscription ou d’une extension d’indications – ne sont pas vraiment nouveaux. « Ce sont les Xes médicaments d’une même classe, indique Dominique Deplanque. Ils sont appelés des “me too”, c’est-à-dire qu’ils sont assez semblables à ceux déjà existants sur le marché, et leur but principal est parfois de grignoter quelques parts de marché. »

    Pour ces molécules, la valeur thérapeutique ajoutée est logiquement faible, voire absente. C’est, par exemple, le cas des inhibiteurs de la pompe à proton, utilisés pour réduire la sécrétion d’acide gastrique, dont la molécule initiale, l’oméprazole, a été quelque peu modifiée pour proposer quatre autres copies sans valeur thérapeutique ajoutée, comme l’ésoméprazole ou le pantoprazole.

    Eric Baseilhac justifie, de son côté, le développement des « me too » par le « besoin de faire une rotation thérapeutique, parce que certains médicaments épuisent leurs effets au bout d’un certain temps ; on a donc besoin de développer plusieurs molécules équivalentes ».

    Cette nouvelle étude évoque en tout cas la nécessité de transparence auprès du public et des patients. « Un médicament innovant ne veut pas automatiquement dire qu’il s’agit d’un médicament innovant au plan thérapeutique. Il faut juste les informer », insiste le professeur Naudet.
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2
    Quand le monde se réveille de l'arnaque pharmaceutique, ça serait trop tard. Des centaines de milliers de spécialités pharmaceutiques, comme si le corps humain a une carence de ces médicaments.

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    • #3
      Dans le traitement des cancers et autres affections rhumatismales, le Curcuma équivaut a 14 spécialités médicamenteuses élaborées par les laboratoires et sensées traiter cette pathologie, mais les labos ne vous le disent pas.
      Une alimentation variée, équilibrée et sans excès associée a une activité physique régulière vous évitera nombreuses maladies
      أصبحنا أمة طاردة للعلماء مطبلة للزعماء

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      • #4
        DocRemady

        '' If all medicines that had ever been taken by mankind were thrown into the sea, it would be much better for mankind and mush worse for the fish'' Dr Oliver Wendell Holmes Sr of Harvard.

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        • #5
          Malheureusement c'est bien vrai ce que dit ce Dr Oliver.
          Ce serait un vrai désastre pour la faune marine, cependant les humains également seraient perdant, car je ne peux imaginer l'humanité se passer de certains médicaments vitaux.
          Les progrès de la médecine ont permit de sauver des millions d'individus ne serait ce que durant les pandémies meurtrières qu'a connu le monde ces derniers siècles.
          أصبحنا أمة طاردة للعلماء مطبلة للزعماء

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          • #6
            DocRemady

            Or les hormones, antimicrobiens, les vitamines, minéraux.

            La médecine moderne est une médecine des urgences.

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