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L'Homme de Néanderthal pas si attardé que ça

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  • L'Homme de Néanderthal pas si attardé que ça

    On présente l'homme de Neandertal encore dans les manuels scolaires comme une brute velue armée d'un gourdin, front bas, cou épais, démarche voûtée, tel un singe à peine descendu de son arbre.

    Depuis qu'on a découvert ses restes fossilisés, en 1856, dans une grotte de la région de Düsseldorf, en Allemagne, l'homme de Neandertal n'a cessé de susciter les conjectures sur ses origines, ses moeurs et sa disparition mystérieuse, voilà quelque 36 000 ans.

    La représentation de cette figure mythique de la préhistoire a varié au gré des préjugés de l'époque. Après avoir été dépeint sous des traits simiesques, l'ancêtre fait aujourd'hui l'objet d'un surprenant retour en grâce. Une sorte de réhabilitation argumentée par une série de découvertes récentes qui dressent un nouveau portrait de ce laissé-pour-compte de l'évolution.

    Un gougnafier sans conscience? Il enterrerait ses morts sur des fleurs...

    Dans le monde entier, les paléontologues reprennent des fouilles sur des sites abandonnés et réexaminent ses restes grâce aux technologies les plus sophistiquées: génétique, scanners, modélisation informatique, analyse isotopique... Les résultats de leurs travaux tendent à prouver que cet avatar éteint de l'espèce humaine était loin du portrait désobligeant qu'on en a tracé. Ainsi, son habileté à fabriquer des armes et des outils n'aurait pas été si limitée, affirment des chercheurs britanniques de l'université d'Exeter après avoir comparé pendant trois ans ses techniques de taille de silex avec celles utilisées par Homo sapiens. Il aurait même fait évoluer ses procédés avant que les hommes modernes ne débarquent en Europe, alors qu'on estimait jusque-là qu'il s'était beaucoup inspiré de ses concurrents. C'est ce que vient de montrer une paléontologue de l'Institut royal des sciences naturelles de Bruxelles, Isabelle Crèvecoeur, en datant au carbone 14 des fossiles retrouvés sur le site de Spy, en Belgique.

    Un cerveau plus volumineux que le nôtre


    Notre lointain cousin n'était pas non plus un gougnafier dépourvu de conscience, y compris religieuse. Quand, il y a un siècle, trois ecclésiastiques passionnés de préhistoire, les abbés Louis Bardon et Jean et Amédée Bouyssonie, ont mis au jour ce qu'ils croyaient être une sépulture néandertalienne à La Chapelle-aux-Saints, en Corrèze, les scientifiques de l'époque leur ont ri au nez. Depuis, pourtant, il a été établi que le primitif enterrait bien ses morts. Parfois sur des lits de fleurs, comme l'ont montré des fouilles réalisées dans la grotte de Shanidar, dans le nord de l'Irak, où l'on a retrouvé des traces de pollen sous les ossements. Stupide, l'homme de Neandertal? Que nenni! Son cerveau était plus volumineux que le nôtre et, contrairement à un autre mythe, il était bel et bien capable de parler. Une équipe d'anthropologues allemands de l' Insititut Max-Planck de Leipzig, dirigée par Johannes Krause, a réussi à isoler dans des échantillons d'ADN de néandertaliens un gène, baptisé FOXP2, jouant un rôle essentiel dans le développement des aires du cerveau associées au langage. On a par ailleurs identifié sur un squelette découvert dans une sépulture à Kebara, en Israël, l'os hyoïde, qui permet l'articulation des sons.

    Le mystère de sa disparition continue d'intriguer. Une équipe franco-américaine (CNRS et université de Bordeaux pour la partie française) a publié le 24 décembre une étude qui remet en question une théorie en vogue attribuant la fin des néandertaliens à une période de glaciation particulièrement sévère. Les chercheurs ont reconstitué sur ordinateur le climat de cette époque dans les différentes régions d'Europe occupées par notre hominidé. Ils ont montré que celui-ci avait succombé non pas aux rigueurs du froid, mais à la concurrence avec les hommes modernes venus d'Afrique, bien moins résistants mais plus évolués...

    Après avoir été relégué aux confins de l'animalité, notre cousin apparaît donc aujourd'hui paré de toutes les vertus de l'humanité moderne. Au point que certains préhistoriens en viennent à affirmer que peu de choses le distingueraient d'un honnête bourgeois si on le croisait aujourd'hui dans le métro vêtu d'un costume-cravate. Mais d'autres spécialistes commencent à s'agacer de cette neandertalomania naissante. "A l'époque coloniale, on soulignait son caractère primitif, en écho aux théories racistes d'alors; aujourd'hui, le balancier est reparti dans l'autre sens, avec beaucoup de fantasmes et d'exagérations", estime Jean-Jacques Hublin, professeur d'anthropologie et directeur du département de l'évolution humaine à l'Institut Max-Planck, qui vient de publier un livre sur l'histoire de l'humanité (1). Sans pitié pour l'enthousiasme débridé des "réhabilitateurs", il affirme que bon nombre de découvertes récemment médiatisées sont à prendre avec des pincettes. Les rites funéraires? On en a observé des formes embryonnaires chez certains primates et d'autres animaux. Les techniques de taille de pierre ? L'identification des artefacts néandertaliens reste sujette à caution, surtout dans la période tardive, et rien ne prouve qu'ils ne se sont pas inspirés des hommes modernes avec qui ils ont cohabité pendant 4 000 ans. Quant à l'aspect "civilisé" qu'on voudrait leur prêter aujourd'hui, cela fait carrément sourire l'anthropologue: "Si vous en croisiez un dans le métro, vous tireriez aussitôt la sonnette d'alarme!"

    A-t-il eu des croisements entre les néandertaliens et Homo sapiens?


    La morphologie de l'homme de Neandertal s'apparentait effectivement à celle d'un vigile de boîte de nuit fondu de culturisme: très massif et musclé, son organisme était aussi extrêmement gourmand en énergie. On a calculé qu'il consommait près de 5000 kilocalories par jour, soit l'équivalent de ce que brûle un coureur du Tour de France sur une étape de montagne! Quant au volume de son cerveau, le plus gros qu'un hominidé ait jamais possédé, il ne représentait en fait, une fois rapporté à la masse corporelle, que trois cinquièmes du nôtre. Il semble aussi que la croissance des enfants néandertaliens était plus rapide que celle des humains modernes, comme le suggèrent deux études récentes à partir des microstructures des dents, impliquant un temps d'apprentissage plus court que le nôtre, et donc des capacités mentales plus limitées.

    Reste enfin la grande question: y a-t-il eu des croisements entre les néandertaliens et Homo sapiens? Notre patrimoine héréditaire porterait-il encore des traces de l'hominidé, ou bien les deux espèces se sont-elles ignorées totalement? Les chercheurs de l'Institut Max-Planck se sont attelés au décryptage intégral de l'ADN des fossiles de huit individus retrouvés dans la grotte d'El Sidron, en Espagne, dans un état de conservation exceptionnel. Le 15 février, ils vont présenter à Leipzig leurs premiers résultats : une séquence représentant 65% du génome. "On devrait bientôt avoir le fin mot sur un bon nombre de questions", promet Jean-Jacques Hublin. 36 000 ans plus tard, le suspense continue.
    (1) Quand d'autres hommes peuplaient la Terre. Nouveaux regards sur nos origines. Flammarion.

    Par L'Express


  • #2
    Neanderthal très certainement plus proche de nous !

    Néanderthal devait certainement être plus proche de nous sur pas mal de points de vues, que ce que l'on peut s'imaginer, vu ses capacités artistiques et ses compétences exceptionnelles à travailler ses outils ! Il devait avoir les mêmes signes d’intelligence que nous, les mêmes bases potentielles, sans avoir les moyens techniques dont nous disposons de nos jours et c’est juste cela qui fait la différence. Il était sans aucun doute très loin de l’image grossière que l’on veut lui donner !

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