Le singe serait-il un homme comme les autres ? A étudier le chimpanzé, il est de plus en plus tentant de le penser, tant notre proche cousin se révèle subtil artisan. Un constat déjà ancien, que les observations publiées dans le Journal of Human Evolution (juin 2009) par le primatologue Christophe Boesch (Institut Max-Planck de Leipzig, Allemagne), grand connaisseur des us et coutumes de Pan troglodytes, le chimpanzé commun, viennent de confirmer au-delà de toute prévision.
Les chimpanzés ne sont pas seulement intelligents. Ils sont aussi gourmands. Et obstinés. Dans la forêt de Taï, en Côte d'Ivoire, ils cassent de grandes quantités de noix, des heures durant, à l'aide de pierres ou de longues branches dures. A Gombe, en Tanzanie, ils consacrent une bonne partie de leur temps à capturer termites et fourmis, selon des techniques de "pêche" variant d'une population à l'autre. Leurs outils proviennent de branchages, effeuillés et modifiés de façon à produire des objets de tailles et de formes différentes selon le rôle qui leur est prêté.
Ces découvertes, qui s'accumulent depuis une vingtaine d'années, avaient montré que l'homme partage avec les grands singes, mais aussi avec d'autres animaux (vautours, corbeaux, loutres), la faculté d'utiliser des outils. Champions hors catégorie de ce bricolage animalier : les chimpanzés. On leur connaît une trousse à outils d'une cinquantaine d'objets, chaque population employant plusieurs d'entre eux. Mais personne, jusqu'alors, ne soupçonnait les capacités mentales que peuvent montrer les chimpanzés du parc national Loango, au Gabon, pour récolter la nourriture dont ils raffolent : le miel.
"CAPACITÉS COGNITIVES"
"Notre étude n'ayant commencé qu'en 2005, les chimpanzés ne sont pas encore habitués à nous, et leur observation directe est restée exceptionnelle, précise M. Boesch. En revanche, nous avons collecté une grande quantité d'outils, la plupart employés à l'extraction du miel" : 614 exactement, recueillis entre février 2005 et septembre 2007 sur 45 sites d'occupation différents.
"Dans cette région d'Afrique, certaines espèces d'abeilles font leur ruche dans les arbres, d'autres sous la terre, poursuit le chercheur. Pour chacune de ces situations, nous avons déduit de notre récolte que les singes utilisaient de trois à cinq types d'outils distincts, de façon séquentielle et dans un ordre prédéterminé. Ce qui signifie qu'ils sont capables de planifier leurs actions."
Mieux encore : les chimpanzés de Loango imaginent ce qu'ils ne peuvent voir, et fabriquent des sortes de "perforateurs" pour repérer, avec succès, les ruches souterraines... "Tout cela demande des capacités cognitives sophistiquées, peut-être comparables à celles qu'avaient les hommes au début de l'âge de pierre", estime M. Boesch.
A quelques nuances près, toutefois : il n'a pas (encore ?) été trouvé chez les chimpanzés la moindre trace d'un "débitage industriel" analogue à celui de nos silex préhistoriques. Ni d'indices laissant penser qu'ils fabriquent leurs outils... à l'aide d'autres outils. Ouf ! L'honneur est sauf.
Par le Monde
Les chimpanzés ne sont pas seulement intelligents. Ils sont aussi gourmands. Et obstinés. Dans la forêt de Taï, en Côte d'Ivoire, ils cassent de grandes quantités de noix, des heures durant, à l'aide de pierres ou de longues branches dures. A Gombe, en Tanzanie, ils consacrent une bonne partie de leur temps à capturer termites et fourmis, selon des techniques de "pêche" variant d'une population à l'autre. Leurs outils proviennent de branchages, effeuillés et modifiés de façon à produire des objets de tailles et de formes différentes selon le rôle qui leur est prêté.
Ces découvertes, qui s'accumulent depuis une vingtaine d'années, avaient montré que l'homme partage avec les grands singes, mais aussi avec d'autres animaux (vautours, corbeaux, loutres), la faculté d'utiliser des outils. Champions hors catégorie de ce bricolage animalier : les chimpanzés. On leur connaît une trousse à outils d'une cinquantaine d'objets, chaque population employant plusieurs d'entre eux. Mais personne, jusqu'alors, ne soupçonnait les capacités mentales que peuvent montrer les chimpanzés du parc national Loango, au Gabon, pour récolter la nourriture dont ils raffolent : le miel.
"CAPACITÉS COGNITIVES"
"Notre étude n'ayant commencé qu'en 2005, les chimpanzés ne sont pas encore habitués à nous, et leur observation directe est restée exceptionnelle, précise M. Boesch. En revanche, nous avons collecté une grande quantité d'outils, la plupart employés à l'extraction du miel" : 614 exactement, recueillis entre février 2005 et septembre 2007 sur 45 sites d'occupation différents.
"Dans cette région d'Afrique, certaines espèces d'abeilles font leur ruche dans les arbres, d'autres sous la terre, poursuit le chercheur. Pour chacune de ces situations, nous avons déduit de notre récolte que les singes utilisaient de trois à cinq types d'outils distincts, de façon séquentielle et dans un ordre prédéterminé. Ce qui signifie qu'ils sont capables de planifier leurs actions."
Mieux encore : les chimpanzés de Loango imaginent ce qu'ils ne peuvent voir, et fabriquent des sortes de "perforateurs" pour repérer, avec succès, les ruches souterraines... "Tout cela demande des capacités cognitives sophistiquées, peut-être comparables à celles qu'avaient les hommes au début de l'âge de pierre", estime M. Boesch.
A quelques nuances près, toutefois : il n'a pas (encore ?) été trouvé chez les chimpanzés la moindre trace d'un "débitage industriel" analogue à celui de nos silex préhistoriques. Ni d'indices laissant penser qu'ils fabriquent leurs outils... à l'aide d'autres outils. Ouf ! L'honneur est sauf.
Par le Monde
