Envoyé par nico
Selon cette vision, le scientifique est quelqu'un qui observe des phénomènes dans la nature, étudie la possibilité d'y déceler des lois, émet des hypothèses, les vérifie suivant certains protocoles, puis élabore ses théories. La technique n'intervient qu'en tant que "subalterne", sous la forme d'instruments de mesures permettant de prolonger les organes de sens, ou d'affiner certains résultats; ou bien sous la forme d'application de ces résultats à des domaines divers de la vie ordinaire.
Seulement, dans la réalité on sait que ce schéma scolaire n'est pas vrai. Déjà historiquement il est admis que la technique a fait son apparition bien avant la science, ou en termes anthropologiques l'homo-faber avant l'homo-sapiens. Mais tout au long de l'histoire de la science, selon ce que j'ai pu lire jusqu'ici, le plus souvent c'est la pratique qui stimule la théorie et non l'inverse. On cite généralement l'exemple des mesures des arpenteurs égyptiens qui sont derrière l'avancée des mathématiques, ou bien la machine à vapeur de Carnot qui n'était pas une application de connaissances en thermodynamique, mais bien au contraire c'est elle qui était à l'origine de la découverte des fameuses premières lois, etc.
Donc, c'est à se demander si ce n'est pas la technique (la technologie) qui a toujours été la locomotive, si je puis dire, et la science le wagon. Certes, la science a d'abord et surtout une vocation théorique, mais cette vision d'un esprit scientifique idéal peut-elle réellement résister devant l'esprit technique qui, lui, est mû par d'autres considérations, plus utilitaires, en rapport avec le pouvoir, l'économie, la volonté de puissance ?
J'arrête ici pour ne pas transformer ce sympathique forum en agora philosophique...

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