Les robots devenus artificiellement beaucoup plus intelligents que l’homme prendront-ils le contrôle? Ce moment de basculement de l’humanité appelé «Singularité» est considéré tantôt comme de la science-fiction, tantôt comme une réalité possible. Dans la Silicon Valley, emblématique des avancées en robotique et en intelligence artificielle, l’idée fait entièrement partie du paysage scientifique, même chez les sceptiques. Grand reportage en Californie et dans des centres de recherche en Suisse
Le posthumanisme a commencé
Pierre Veya
L’utopie qui avance chaque jour nous oblige à un effort de lucidité. Nos relations avec les machines mettront en péril nos propres libertés si nous ne déterminons pas des règles éthiques définissant une humanité élargie aux autres formes d’intelligence
Un jour peut-être, pas si lointain, les machines conçues par les hommes se comporteront comme des êtres doués d’intelligence. Ce jour-là, l’Humanité aura franchi une nouvelle frontière. Nul ne sait précisément quand interviendra ce basculement, ni comment évolueront nos relations avec des machines capables de mimer nos comportements.
La puissance de calcul sans limites des ordinateurs, les avancées des neurosciences, les possibilités offertes par les nanotechnologies et les interfaces bio-électroniques sont telles, si fulgurantes, que nous nous rapprochons de cette frontière où science et science-fiction se confondent. Clones, cyborgs, robots, organes simulés: bienvenue dans une réalité augmentée qui permet d’envisager l’émergence de nouvelles formes d’intelligence.
Sans doute sommes-nous au début d’une révolution technico-scientifique majeure d’où surgira l’imprévu.
Pour le meilleur, les machines pourront nous remplacer dans des tâches pénibles et dangereuses, pallier nos faiblesses, nous aider à gérer la complexité de systèmes sophistiqués. A bien y regarder, nous vivons déjà dans des sociétés où l’artificiel domine et nous submerge par ses inventions. Nombre de tâches humaines ne peuvent plus être exécutées sans l’aide des ordinateurs. Bientôt, nos voitures se comporteront comme des automates asservis, capables d’anticiper les dangers et de prendre en charge nos déplacements. Des implants soulageront nos douleurs ou compenseront nos handicaps. Les guerres modernes se gagneront grâce à la suprématie d’armes pilotées à distance par des robots… insensibles à la violence et à la souffrance humaine.
Un nouveau monde fascinant, plein de promesses et d’utopies. Un monde terrifiant aussi car il annonce un posthumanisme où l’homme et la femme seront remplaçables par des machines. Nous en pressentons déjà l’imminence avec des systèmes informatiques qui dictent nos comportements et nous poussent à une adaptation sournoise et permanente.
Bien sûr, l’intelligence humaine n’est pas réductible à l’intelligence artificielle. Nous sommes le produit de nos émotions, les sujets pensants de civilisations ingénieuses. Mais l’utopie posthumaniste qui avance chaque jour davantage nous oblige à un effort de lucidité. Nos relations avec les machines mettront en péril nos propres libertés si nous ne déterminons pas des règles éthiques définissant une humanité élargie aux autres formes d’intelligence. A l’entrée dans l’ère atomique, Albert Einstein écrivait: «Il n’y a plus de doute à avoir, nos moyens technologiques dépassent notre humanisme.» Les nouvelles frontières de l’intelligence que nous explorons nous conduisent vers une destination inconnue jusqu’ici. A l’instar des explorateurs de l’ancien monde, nous sommes certains que nous ne renoncerons pas. Parviendrons-nous à sauvegarder nos réflexes humanistes, à dialoguer avec des systèmes artificiels qui pourraient, un jour, nous défier, ou plus simplement nous supplanter? Ces questions nous renvoient à une exigence morale: ne nous laissons pas enfermer dans une évolution non maîtrisée, faute d’avoir été débattue. Soyons curieux, inventifs, mais lucides. Humains avec cette grandeur qui nous rend irremplaçables.
Le posthumanisme a commencé
Pierre Veya
L’utopie qui avance chaque jour nous oblige à un effort de lucidité. Nos relations avec les machines mettront en péril nos propres libertés si nous ne déterminons pas des règles éthiques définissant une humanité élargie aux autres formes d’intelligence
Un jour peut-être, pas si lointain, les machines conçues par les hommes se comporteront comme des êtres doués d’intelligence. Ce jour-là, l’Humanité aura franchi une nouvelle frontière. Nul ne sait précisément quand interviendra ce basculement, ni comment évolueront nos relations avec des machines capables de mimer nos comportements.
La puissance de calcul sans limites des ordinateurs, les avancées des neurosciences, les possibilités offertes par les nanotechnologies et les interfaces bio-électroniques sont telles, si fulgurantes, que nous nous rapprochons de cette frontière où science et science-fiction se confondent. Clones, cyborgs, robots, organes simulés: bienvenue dans une réalité augmentée qui permet d’envisager l’émergence de nouvelles formes d’intelligence.
Sans doute sommes-nous au début d’une révolution technico-scientifique majeure d’où surgira l’imprévu.
Pour le meilleur, les machines pourront nous remplacer dans des tâches pénibles et dangereuses, pallier nos faiblesses, nous aider à gérer la complexité de systèmes sophistiqués. A bien y regarder, nous vivons déjà dans des sociétés où l’artificiel domine et nous submerge par ses inventions. Nombre de tâches humaines ne peuvent plus être exécutées sans l’aide des ordinateurs. Bientôt, nos voitures se comporteront comme des automates asservis, capables d’anticiper les dangers et de prendre en charge nos déplacements. Des implants soulageront nos douleurs ou compenseront nos handicaps. Les guerres modernes se gagneront grâce à la suprématie d’armes pilotées à distance par des robots… insensibles à la violence et à la souffrance humaine.
Un nouveau monde fascinant, plein de promesses et d’utopies. Un monde terrifiant aussi car il annonce un posthumanisme où l’homme et la femme seront remplaçables par des machines. Nous en pressentons déjà l’imminence avec des systèmes informatiques qui dictent nos comportements et nous poussent à une adaptation sournoise et permanente.
Bien sûr, l’intelligence humaine n’est pas réductible à l’intelligence artificielle. Nous sommes le produit de nos émotions, les sujets pensants de civilisations ingénieuses. Mais l’utopie posthumaniste qui avance chaque jour davantage nous oblige à un effort de lucidité. Nos relations avec les machines mettront en péril nos propres libertés si nous ne déterminons pas des règles éthiques définissant une humanité élargie aux autres formes d’intelligence. A l’entrée dans l’ère atomique, Albert Einstein écrivait: «Il n’y a plus de doute à avoir, nos moyens technologiques dépassent notre humanisme.» Les nouvelles frontières de l’intelligence que nous explorons nous conduisent vers une destination inconnue jusqu’ici. A l’instar des explorateurs de l’ancien monde, nous sommes certains que nous ne renoncerons pas. Parviendrons-nous à sauvegarder nos réflexes humanistes, à dialoguer avec des systèmes artificiels qui pourraient, un jour, nous défier, ou plus simplement nous supplanter? Ces questions nous renvoient à une exigence morale: ne nous laissons pas enfermer dans une évolution non maîtrisée, faute d’avoir été débattue. Soyons curieux, inventifs, mais lucides. Humains avec cette grandeur qui nous rend irremplaçables.
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