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Fukushima : le casse-tête de l'eau radioactive

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  • Fukushima : le casse-tête de l'eau radioactive



    La gestion de l'eau contaminée sur le site de la centrale nucléaire dévastée en mars 2011 de Fukushima Daï-ichi relance les inquiétudes des Japonais et les protestations internationales contre la gestion des conséquences de l'accident nucléaire. Même les Chinois réclament de la "transparence", ce qui peut faire sourire au vu des pratiques de Pekin.
    Elle fait également l'objet d'un bras de fer à trois entre la société TEPCo, le gouvernement et la nouvelle Autorité de sûreté (NRA), dotée de pouvoirs accrus et de l'indépendance qui lui faisaient défaut lors de la catastrophe provoquée par un séisme et un tsunami qui a tué plus de 20.000 personnes. Le gouvernement multiplie les déclarations selon lesquelles il prend les choses en main, mais rien ne vient démontrer que c'est vraiment le cas alors que la TEPCo, la société exploitant la centrale, n'est plus qu'une fiction en tant que société privée puisque c'est l'Etat japonais, et donc les citoyens, qui financent le coût de l'accident. Pour tenter de montrer que la société assume ses responsabilité, elle vient de "délocaliser" sont vice-président en charge de la division nucléaire à... Fukushima city, la grande ville de la région où se trouve la centrale. Il sera, dit la TEPCo, chargé de suivre au quotidien les travaux sur le site nucléaire dévasté.
    Pour s'y retrouver dans la confusion des informations de ces dernier jours, il faut distinguer deux problèmes. Le premier concerne un réservoir d'eau radioactive qui a laissé couler plus de 300 tonnes d'eau par une fuite. Le second porte sur les écoulements d'eau souterraine qui passent par les parties basses des bâtiments des réacteurs nucléaires 1 à 4 et s'y chargent de matières radioactives, puis se dirigent vers l'océan.
    Que signifie le classement niveau 3 de l'incident ?

    Le 19 août, un employé de la TEPCo découvre une fuite d'eau sous un des réservoirs d'eau contaminée. Il en existe plus d'un millier sur le site, de tailles variées, qui peuvent stocker près de 450.000 m3. La fuite provenait d'un tank cylindrique de 11 mètres de haut où se trouvait encore 650 mètres cube d'eau (sur 1000 au total), stocké avec d'autres sur une plate-forme de béton près du réacteur n°4. La fuite a
    été d'environ 300 tonnes, dont l'essentiel a coulé sur la plate-forme puis rejoint le sol via des sorties destinées à l'eau de pluie. L'eau ainsi relâchée dans l'environnement, et pour l'essentiel non récupérable, est fortement radioactive puisqu'à 50 cm de la surface d'une flaque, on relève un débit de 100 millisieverts par heure, soit cinq fois la dose annuelle acceptée pour un travailleur du nucléaire. Alors que la TEPCo a dans un premier temps tenté de minimiser l'affaire, l'Autorité de sûreté japonaise l'a classé au niveau 3 de l'échelle internationale des incidents et accidents nucléaires. Ce niveau 3 signifie un "incident grave" comportant notamment une "contamination grave du site nucléaire", il aurait pu se traduire par "une contamination grave de travailleurs", mais ne représente pas de risque radioactif significatif pour la population à l'extérieur du site car il correspond à "une fraction des limites prescrites", selon les critères de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
    Le cauchemar de l'eau contaminée va t-il continuer ?

    Oui. Ce nouvel incident sur l'un de ces réservoirs confirme que la gestion de l'eau contaminée sur la site va rester un casse-tête durant de longues années. Ces réservoirs, reliés par un réseau de tuyaux de plus de 4 km, sont remplis d'eau pompée en permanence dans les parties basses des bâtiment. Il y en aurait 700 000 m3 à mi-2015 prévoit TEPCo . Maintenir un tel système sans aucune fuite sur plusieurs années semble impossible. D'où vient cette eau ? Lors du tsunami, les bâtiments ont été inondés par l'eau de mer. Puis, le déversement de l'eau - de mer puis douce - pour refroidir les réacteurs détruits et fondus a alimenté les parties basses en matières radioactives. Aujourd'hui, le débit nécessaire à ce refroidissement représente près de 350 m3 par jour. Un pompage quasi équivalent est réalisé, et une partie est décontaminée et dessalée. Mais les Japonais laissent entre 14.000 m3 (pour le réacteur 1) et 22.000 m3 (réacteur 3) d'eau dans les sous-sols, de manière à maintenir le niveau d'eau sous celui de la nappe phréatique du sol. Du coup, phénomène qui n'avait pas été correctement anticipé, l'eau qui s'écoule naturellement dans le sol vers la mer est attirée par cette dépression, et s'y charge en matières radioactives qui finissent dans l'océan. Même si les quantités sont très inférieures à celles déversées en mars 2011 et seront diluées dans l'océan, cette pollution supplémentaire contredit l'engagement pris par la TEPCo de ne plus "exporter" de radioactivité dans l'environnement. Pour le respecter, il faudrait entourer tout le site nucléaire d'une barrière souterraine pour détourner le cours de la nappe phréatique. La TEPCo a évoqué pour y parvenir une technique classique en BTP, consistant à congeler le sol en profondeur sous le site, une opération de grande envergure surtout si elle devait durer plusieurs années. Mais aucun calendrier n'a été avancé pour de tels travaux.
    Ces difficultés interdisent-elles la poursuite du démantèlement ?

    Non. Le casse tête de l'eau contaminée et de sa gestion complique mais n'interdit pas la poursuite des opérations essentielles sur le site. Les piscines de stockage des combustibles usés et les réacteurs détruits peuvent désormais supporter des pannes de plusieurs jours des systèmes de refroidissement avant de trop s'échauffer. Les Japonais ont progressé dans la mise en place des structures métalliques à côté du réacteur n°4 qui doivent servir au retrait des combustibles usés de la piscine. La TEPCo annonce qu'elle commencera cette extraction en novembre 2013 et la finira en décembre 2014. Les piscines des réacteurs 1 à 3 seront vidées de leurs combustible ensuite. L'annonce d'un retrait des cœurs fondus d'ici 10 ans laisse en revanche sceptiques nombre de spécialistes, car l'opération ne pourrait se réaliser qu'avec des engins robotisés qui restent à concevoir et fabriquer.
    Pour se faire une idée du chantier en cours, voici deux vues du réacteur N°4. La première, ci-contre, date de septembre 2012. A cette époque, le dernier étage avait été complètement nettoyé de ses débris dus à l'explosion d'hydrogène.
    Et voici l'autre de juillet 2013 où l'on voit la structure métallique installée à côté et au dessus afin d'abriter le dispositif d'extraction des combustibles usés.
    Pour une information plus générale sur le problème de l'eau contaminée, lire ici deux notes de l'IRSN.

    Par Sylvestre Huet, le 21 août 2013
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