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Que feriez-vous si l’on vous proposait de ne plus jamais ressentir de douleur physique, tout en gardant vos sens éveillés ? Ne plus ressentir la douleur n’est pas forcément enviable : la douleur est un mécanisme d’alerte essentiel à la survie, car elle permet de déterminer les limites de l’organisme et de se soigner après une blessure. Après avoir entendu parler d'un jeune Pakistanais qui était insensible à la douleur, des chercheurs ont trouvé au Pakistan trois familles proches de l’adolescent parmi lesquelles six enfants (âgés de 4 à 14 ans) n’ont jamais ressenti de douleur. Ces enfants restent cependant sensibles au chaud et au froid, et ils ont une bonne santé physique et psychique, ne souffrant d’aucune maladie – si ce n’est des quelques blessures mal soignées.
Chacun des enfants porte une mutation sur le même gène, SCN9A,qui code une sous-unité du canal Nav1.7. Or ce canal membranaire – qui laisse entrer les ions sodium dans les cellules – est responsable de la propagation de l’information électrique dans les neurones sensitifs nocicepteurs, qui envoient au cerveau les messages de douleur. Les mutations entraînent une perte de fonction du canal : aucune information de douleur n’est alors transmise au cerveau. Paradoxalement, chez certains patients, des mutations du même gène renforcent la fonction du canal et, au contraire, exacerbent les sensations de douleur. L’identification de ce gène permettra peut-être de trouver de nouveaux antalgiques qui moduleraient spécifiquement la fonction du canal Nav1.7 et qui seraient dépourvus d’effets secondaires…
Bénédicte Salthun-Lassalle
Des biochimistes et des généticiens ont montré que la mutation d’un gène, nommé SCN9A, suffit à abolir toute sensation de douleur
Chacun des enfants porte une mutation sur le même gène, SCN9A,qui code une sous-unité du canal Nav1.7. Or ce canal membranaire – qui laisse entrer les ions sodium dans les cellules – est responsable de la propagation de l’information électrique dans les neurones sensitifs nocicepteurs, qui envoient au cerveau les messages de douleur. Les mutations entraînent une perte de fonction du canal : aucune information de douleur n’est alors transmise au cerveau. Paradoxalement, chez certains patients, des mutations du même gène renforcent la fonction du canal et, au contraire, exacerbent les sensations de douleur. L’identification de ce gène permettra peut-être de trouver de nouveaux antalgiques qui moduleraient spécifiquement la fonction du canal Nav1.7 et qui seraient dépourvus d’effets secondaires…
Bénédicte Salthun-Lassalle
Des biochimistes et des généticiens ont montré que la mutation d’un gène, nommé SCN9A, suffit à abolir toute sensation de douleur