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Le barrage des Trois-Gorges, symbole de la puissance chinoise

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  • Le barrage des Trois-Gorges, symbole de la puissance chinoise

    C'est l'archétype de la volonté chinoise de dompter son immense territoire au risque de contrarier la nature. Le barrage des Trois-Gorges (Qutangxia, Wuxia et Xilingxia), le plus grand du monde, dont la construction a commencé en 1993, se situe dans la province du Hubei au centre de la Chine.

    Après le tremblement de terre survenu lundi 12 mai, les doutes sur la résistance de l'ouvrage ressurgissent. Son effondrement pourrait déclencher la plus grande catastrophe qu'ait jamais connue la Chine.

    D'une longueur totale de plus de deux kilomètres, l'ouvrage revêt un caractère démesuré. Construit pour dompter le fleuve Yangtsé, il s'élèvera à une hauteur de 185 mètres et ne sera définitivement achevé que courant 2009.

    Une idée ancienne

    Le premier projet de barrage sur le site des Trois-Gorges remonte à 1919. Il est formulé par Sun Yat-Sen, le premier président de la République de Chine. Plus tard, un ancien ingénieur en hydraulique, Li Peng, formé à Moscou dans les années cinquante et devenu Premier ministre, défend l'idée du barrage. Le projet est officiellement approuvé lors de la cinquième session de la VIIe Assemblée populaire nationale en mars-avril 1992. S'il est adopté à la majorité absolue, le barrage ne recueille que 68 % d'opinions favorables. C'est le premier vote au cours duquel les membres de l'Assemblée populaire expriment publiquement un désaccord politique.

    10 % de la consommation électrique chinoise


    Ce que les autorités aiment alors à présenter comme le chantier du siècle se doit d'être l'une des principales vitrines de l'ouverture chinoise à l'étranger. La Chine communiste veut prouver au monde qu'elle est capable de mener à bien de grands projets techniques en s'appuyant sur les investissements et le savoir-faire étrangers sans pour autant céder sur son indépendance nationale. Plusieurs entreprises étrangères, dont certaines françaises (EDF, Alstom), ont participé à sa mise en oeuvre.

    Trois objectifs ont présidé à la construction du barrage des Trois-Gorges : les dirigeants chinois successifs rêvaient de dompter le fleuve Yangtsé afin de diminuer les risques d'inondations, développer l'irrigation des terres en aval souvent touchées par la sécheresse et rendre le fleuve navigable pour des navires de gros tonnage.
    Il doit aussi permettre de diminuer la dépendance de la Chine vis-à-vis du charbon pour la production d'électricité. Avec le complexe hydroélectrique qui l'accompagne, il devrait fournir à terme 10 % de la consommation chinoise.

    Forte opposition


    Par son gigantisme, le barrage des Trois-Gorges a soulevé bien des inquiétudes. Sa réalisation a déjà entraîné l'engloutissement de zones entières. Ce qui a suscité une forte opposition d'une partie de la population qui craint les conséquences écologiques pour la région. Elle dénonce la transformation de la faune et la flore voire même la disparition pure et simple de certaines espèces. Plus gênant encore, le projet implique le déplacement de 1,2 million de personnes, parfois sans aucune aide de l'État et la disparition de sites historiques et archéologiques encore inexplorés.

    Des doutes subsistent également sur sa capacité à résister à des séismes de grande ampleur, car il est traversé par de nombreuses failles actives. Cette inquiétude se concrétise aujourd'hui même si les autorités chinoises se veulent rassurantes sur l'état du barrage après le séisme qui a frappé le pays lundi 12 mai. L'épicentre a été localisé bien plus à l'ouest que le barrage.

    Le Centre des études sismiques de Wuhan estime d'ailleurs qu'il y a très peu de risques de voir un tremblement de terre supérieur au niveau 6 secouer la zone du réservoir, lequel est censé résister à des intensités sismiques allant jusqu'au niveau 7. Mais de nombreux experts continuent à s'inquiéter. Sébastien Colin, géographe, maître de conférences au département Chine de l'Inalco, estime pour sa part qu'il est trop tôt pour dire si oui ou non le barrage a été touché comme l'ont fait les autorités chinoises et les gestionnaires du projet quelques heures après la catastrophe. Selon lui, une telle affirmation ne pourra être faite que lorsque des études plus précises auront été menées sur le barrage.

    Par Le Point

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