Un bref instant, la sonde Rosetta va émerger de son interminable sommeil. Lancée en mars 2004, elle ne doit atteindre son principal objectif, la comète Churyumov-Gerasimenko qu'en août 2014. Mais, en chemin, ses concepteurs lui ont trouvé de bonnes raisons de sortir de sa torpeur. La sonde spatiale européenne doit ainsi survoler, vendredi 5 septembre à 22 h 23 (heure de Paris), l'astéroïde Steins, qui sera alors situé entre les orbites de Mars et de Jupiter, à quelque 360 millions de kilomètres de la Terre.
Considérée comme l'une des plus ambitieuses missions spatiales de ces dernières années, Rosetta passera à 800 kilomètres de la surface de Steins. "Nous aurions pu l'amener plus près, dit Rita Schulz, responsable scientifique de la mission à l'Agence spatiale européenne (ESA). Mais, pour être absolument sûr que la sonde ne sera pas endommagée par des nuages de poussières ou des petits corps rocheux gravitant autour de l'astéroïde, nous devions être au-delà d'une certaine distance. A 800 kilomètres, nous sommes hors de la sphère dans laquelle l'astre peut tenir de tels objets dans son orbite."
"En outre, le survol se fera à la vitesse de 9 km/s, c'est-à-dire la vitesse d'une balle de revolver, ajoute Denis Moura, ancien chef de projet de la mission au Centre national d'études spatiales (CNES), qu'il représente aujourd'hui en Italie. Et si vous voulez prendre une photo correcte d'un objet qui se déplace très vite, il vaut mieux ne pas se positionner trop près de lui." Des clichés, Rosetta en enverra quelques-uns. Mais le signal mettra près de vingt minutes pour parvenir sur Terre. "Nous prendrons également des mesures spectroscopiques de l'astre, dit Rita Schulz, afin de déterminer en partie sa composition chimique."
De tels survols d'astéroïdes ont déjà été accomplis par le passé. La sonde Galileo avait, par exemple, rencontré en 1993, sur sa route vers Jupiter, l'astéroïde Ida et avait même mis en évidence la présence d'un petit compagnon, d'un peu plus d'un kilomètre de diamètre, tournant autour de l'astre.
Steins a pour particularité d'appartenir à une catégorie rare et peu connue d'astéroïdes. Son étude, explique Rita Schulz, "pourra nous donner de nouvelles indications sur les mécanismes de formation du système solaire".
"L'intérêt du survol n'est pas uniquement scientifique, précise Denis Moura. Il s'agit aussi de contribuer au maintien des connaissances des équipes sur la mission." Réveiller la sonde pour mobiliser les scientifiques chargés de la manoeuvrer ? C'est l'une des servitudes de cette mission hors normes, qui ne doit arriver sur son objectif qu'une décennie après son lancement. En outre, ajoute Denis Moura, "c'est également l'occasion de ne pas laisser en sommeil trop longtemps les instruments et les systèmes de la sonde, de les mettre également à l'épreuve".
A l'été 2014, lorsque la comète "Chury" sera en vue des instruments de Rosetta, les équipes opérant au centre de contrôle de l'ESA à Darmstadt (Allemagne) ne regretteront sans doute pas cet exercice. A une distance de plusieurs centaines de millions de kilomètres, elles devront régler avec une précision centimétrique la valse entre la sonde et la comète. La première devra en effet être délicatement mise en orbite autour de la seconde, avant d'y larguer, non moins délicatement, un atterrisseur baptisé Philae.
Ce petit robot - de conception principalement française et allemande - devra se poser à la surface de la comète pour y prélever des échantillons et les étudier in situ. Ces dernières manoeuvres seront, elles, opérées depuis le centre de contrôle du CNES à Toulouse et celui de l'agence spatiale allemande (DLR), à Cologne.
Chronologie
Mars 2004 : lancement de Rosetta à bord d'une Ariane 5, depuis le Centre spatial guyanais de Kourou.
Novembre 2007 : fausse alerte sur un géocroiseur menaçant d'entrer en collision avec la Terre. Il s'avérera qu'il s'agissait de la sonde Rosetta, se rapprochant momentanément de la planète pour profiter d'une assistance gravitationnelle.
Septembre 2008 : survol de l'astéroïde Steins, dans la ceinture principale d'astéroïdes.
Juillet 2010 : survol de l'astéroïde Lutetia.
Août 2014 : mise en orbite autour de la comète Churyumov-Gerasimenko.
Par le Monde
Considérée comme l'une des plus ambitieuses missions spatiales de ces dernières années, Rosetta passera à 800 kilomètres de la surface de Steins. "Nous aurions pu l'amener plus près, dit Rita Schulz, responsable scientifique de la mission à l'Agence spatiale européenne (ESA). Mais, pour être absolument sûr que la sonde ne sera pas endommagée par des nuages de poussières ou des petits corps rocheux gravitant autour de l'astéroïde, nous devions être au-delà d'une certaine distance. A 800 kilomètres, nous sommes hors de la sphère dans laquelle l'astre peut tenir de tels objets dans son orbite."
"En outre, le survol se fera à la vitesse de 9 km/s, c'est-à-dire la vitesse d'une balle de revolver, ajoute Denis Moura, ancien chef de projet de la mission au Centre national d'études spatiales (CNES), qu'il représente aujourd'hui en Italie. Et si vous voulez prendre une photo correcte d'un objet qui se déplace très vite, il vaut mieux ne pas se positionner trop près de lui." Des clichés, Rosetta en enverra quelques-uns. Mais le signal mettra près de vingt minutes pour parvenir sur Terre. "Nous prendrons également des mesures spectroscopiques de l'astre, dit Rita Schulz, afin de déterminer en partie sa composition chimique."
De tels survols d'astéroïdes ont déjà été accomplis par le passé. La sonde Galileo avait, par exemple, rencontré en 1993, sur sa route vers Jupiter, l'astéroïde Ida et avait même mis en évidence la présence d'un petit compagnon, d'un peu plus d'un kilomètre de diamètre, tournant autour de l'astre.
Steins a pour particularité d'appartenir à une catégorie rare et peu connue d'astéroïdes. Son étude, explique Rita Schulz, "pourra nous donner de nouvelles indications sur les mécanismes de formation du système solaire".
"L'intérêt du survol n'est pas uniquement scientifique, précise Denis Moura. Il s'agit aussi de contribuer au maintien des connaissances des équipes sur la mission." Réveiller la sonde pour mobiliser les scientifiques chargés de la manoeuvrer ? C'est l'une des servitudes de cette mission hors normes, qui ne doit arriver sur son objectif qu'une décennie après son lancement. En outre, ajoute Denis Moura, "c'est également l'occasion de ne pas laisser en sommeil trop longtemps les instruments et les systèmes de la sonde, de les mettre également à l'épreuve".
A l'été 2014, lorsque la comète "Chury" sera en vue des instruments de Rosetta, les équipes opérant au centre de contrôle de l'ESA à Darmstadt (Allemagne) ne regretteront sans doute pas cet exercice. A une distance de plusieurs centaines de millions de kilomètres, elles devront régler avec une précision centimétrique la valse entre la sonde et la comète. La première devra en effet être délicatement mise en orbite autour de la seconde, avant d'y larguer, non moins délicatement, un atterrisseur baptisé Philae.
Ce petit robot - de conception principalement française et allemande - devra se poser à la surface de la comète pour y prélever des échantillons et les étudier in situ. Ces dernières manoeuvres seront, elles, opérées depuis le centre de contrôle du CNES à Toulouse et celui de l'agence spatiale allemande (DLR), à Cologne.
Chronologie
Mars 2004 : lancement de Rosetta à bord d'une Ariane 5, depuis le Centre spatial guyanais de Kourou.
Novembre 2007 : fausse alerte sur un géocroiseur menaçant d'entrer en collision avec la Terre. Il s'avérera qu'il s'agissait de la sonde Rosetta, se rapprochant momentanément de la planète pour profiter d'une assistance gravitationnelle.
Septembre 2008 : survol de l'astéroïde Steins, dans la ceinture principale d'astéroïdes.
Juillet 2010 : survol de l'astéroïde Lutetia.
Août 2014 : mise en orbite autour de la comète Churyumov-Gerasimenko.
Par le Monde
