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Boxe: Jean-Marc Mormeck remonte sur le ring

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  • Boxe: Jean-Marc Mormeck remonte sur le ring

    S'il le pouvait, Jean-Marc Mormeck serait un agneau. Ce poids lourd, qui a été champion du monde à plusieurs reprises et qui s'apprête à remonter sur un ring après deux ans d'absence, est un tendre. Il parle d'une voix douce, s'émerveille d'un rien, rit comme un enfant. Mais voilà, le monde est peuplé de loups et, pour se défendre contre les loups, "se pointer en disant, ben, je suis le plus gentil", cela ne suffit pas. Jean-Marc Mormeck sait aussi être un loup, et montre les dents lorsqu'il le faut.

    "Je suis droit et franc, mais si les gens en face de moi ne sont pas honnêtes, pourquoi le serais-je avec eux ?" Le milieu de la boxe est pour lui un monde violent, peuplé d'affairistes, où "tous les coups sont permis, en dehors du ring" et dans lequel les boxeurs se font exploiter. Faire carrière, c'est forcément faire du business, et là "c'est comme à la guerre, tout le monde n'en sort pas indemne". Pour parvenir à ses fins, il reconnaît s'être parfois servi de personnes de son entourage, agents ou intermédiaires. "Je n'ai pas manipulé pour manipuler, ce sont les affaires, même si c'est cruel, et je n'ai tué personne", justifie-t-il.

    Le Guadeloupéen âgé de 37 ans, qui compte 33 victoires, dont 22 par K.-O., et 4 défaites, est devenu champion du monde WBA des poids lourds légers en février 2002, en battant l'Américain Virgil Hill. Il faisait alors partie de l'écurie des frères Acariès. "C'est triste de voir le mépris qu'ils ont pour des boxeurs qui ont pourtant combattu sous leur coupe et leur ont fait gagner de l'argent." Quelques mois plus tard, il confie sa carrière à l'Américain Don King. "Peut-être le roi des voleurs", mais le plus important promoteur du monde.

    Cela lui a permis de suivre une belle route, de faire des combats aux Etats-Unis, d'avoir l'impression de "vivre dans une série télévisée américaine", de conquérir une double ceinture de champion du monde des lourds légers. Mais toujours en bataillant pour faire valoir ses droits, en refusant l'ordre établi qui fait des boxeurs de simples vaches à lait des promoteurs. Jean-Marc Mormeck est allé chercher ce qu'il voulait, ses "rêves de gosse" sont devenus réalité.

    "Jean-Marc peut être très dur avec les autres mais il l'est surtout avec lui-même, capable de se faire violence, avec un côté jusqu'au-boutiste. Dans la jungle du business, il a eu le cran de dire non au système, aux frères Acariès comme à Don King", analyse Nicolas Riffard, l'un de ses entraîneurs. Il voit en lui le premier boxeur français à avoir pris en main sa destinée.

    Le jeune Mormeck n'est pas arrivé démuni dans le milieu de la boxe. Il a vécu son enfance à Bobigny, dans une banlieue parisienne de la Seine-Saint-Denis, où selon lui les gens défavorisés développent un sixième sens. Dans les cités, il a été confronté aux choses de la vie, plus rapidement que d'autres. La maladie, la drogue, la mort y sont plus présentes : "On prend cela en pleine gueule et on grandit avec." Il a vite appris que "tout le monde n'est pas gentil", et s'est préparé à la dureté de la vie.

    "Je viens de nulle part et je vais y retourner." C'est par cette phrase choc que commence A poings nommés, la biographie qu'il vient de publier (Calmann-Lévy, 232 p., 16 euros). En attendant, Jean-Marc Mormeck profite de la vie. "Tu sais quand tu vas mourir, toi, demande-t-il ? Moi je vis comme ça, je m'en fous, il faut tenter les choses, il faut vivre."

    Et il se lance des défis, comme ce retour sur les rings à un âge où les autres prennent leur retraite. "Je sais que cela va être dur mais la vie est faite de piments." La dernière récolte commence à dater : cela fait deux ans qu'il n'a pas combattu. C'était le 10 novembre 2007, à Levallois-Perret où il a perdu ses deux couronnes WBA et WBC de champion du monde des lourds-légers face à l'Anglais David Haye, devenu depuis champion du monde des lourds.

    Alors, aujourd'hui, il repart presque de zéro, dépourvu de tout titre, pour affronter l'Américain Vinny Maddalone, le 17 décembre, dans la catégorie des lourds, en espérant retrouver bientôt David Haye. Tête brûlée, Mormeck ? Non, il se veut libre. Libre de dire oui ou non, "de ne pas être comme tout le monde", de faire ce qu'il veut, de dire ce qu'il pense. Notamment de ses collègues boxeurs, qu'il considère pour la plupart comme des moutons aux ordres, incapables de se révolter contre le système. Les principaux intéressés refusent de se prononcer sinon pour dire que Jean-Marc Mormeck n'est pas du tout celui que l'on croit. Louis Acariès, son ancien promoteur, a déclaré après la parution du livre qu'il le considérait "has been".

    Si la boxe lui a laissé le visage intact, son âme a été un peu cabossée par la vie. Né en Guadeloupe, élevé par sa mère qui s'est remariée, il arrive à Bobigny à l'âge de 6 ans, pour y rejoindre son père, lui aussi remarié. "Quand tu quittes un nid et que t'arrives dans un pays où tu ne connais ni le monsieur ni la dame qui t'attendent, ça fait mal. C'est difficile, mais tu dois t'adapter. Et peut-être que la vie, après, tu la vis autrement. Dans plein de domaines, tu ne t'attaches pas aux choses."

    S'attacher aux personnes oui, mais tant que cela marche. Il préfère mettre fin lui-même aux relations sans attendre que quelqu'un ne le décide avant lui. Le monde des adultes ne lui paraît pas très recommandable. Il préfère les enfants et leur ingénuité. "Une fois qu'on perd l'innocence, on caresse les autres dans le sens du poil et on finit par leur planter un couteau dans le dos parce qu'on veut arriver le premier. Moi je ne peux pas, mais ça ne changera jamais."

    Jean-Marc Mormeck n'en est pas pour autant un irrécupérable misanthrope. Il déborde de projets en faveur des jeunes de la Seine-Saint-Denis. Devenu promoteur - c'est lui qui organise la réunion du 17 décembre - il veut, avec quelques amis et l'aide des collectivités locales, monter un club de boxe. Il a également le projet d'ouvrir un centre de formation audiovisuel pour permettre à des jeunes de trouver leur voie. Il veut changer l'image de la banlieue, à qui il dit tout devoir. Il la considère comme une mine qu'il faudrait juste déblayer pour faire apparaître tout l'or qu'elle recèle.

    De même, il aimerait que l'on voie en lui, derrière ses muscles saillants, celui qui reste un petit garçon émerveillé. Que l'on reconnaisse en lui "le mec intelligent" qui sait ce qu'il veut et où il veut aller. Il ne cherche pas spécialement à plaire. "Je n'aime pas tout le monde, donc je peux comprendre que tout le monde ne peut pas m'aimer. On doit m'accepter comme je suis." C'est à prendre ou à laisser.



    Parcours

    1972
    Naissance à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).

    2002
    Devient champion du monde WBA des lourds-légers à Marseille.

    2005
    Champion du monde WBA et WBC des lourds-légers à Worcester (Etats-Unis).

    2006
    Perd ses couronnes devant Bell, à New York.

    2007

    Redevient champion du monde WBA WBC des lourds-légers à Levallois-Perret en mars.

    2007
    Perd ses couronnes devant David Haye à Levallois-Perret en novembre.

    2009
    Publie "A poings nommés" (Calmann-Lévy) et remonte sur un ring après deux ans d'absence le 17 décembre.

    Par Jean-Louis Aragon, Le Monde

  • #2
    J'y serai à son combat. Je suis fan de ce boxeur
    Je suis père et fais de mon mieux au regard de cette citation :
    "L'exemple, c'est tout ce qu'un père peut faire pour ses enfants." Thomas Mann
    Cette citation me vient de mon cousin chaoui Adhrhar

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    • #3
      Moi aussi, j'y serai inch'Allah! j'attends que mon pote me dise qu'il a pécho les places!
      Sinon je vais le mater sur Orange obligé! il va gagner, le mec en face, c'est pas David Haye ou Mayweather!
      Je suis une Légende, je suis l'Histoire: je suis BYLKUSDU94!

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