Le quotidien "Le temps" nous propose un article pour tout savoir sur Franck Ribéry, la star montante du football français. Depuis son grave accident à l'âge de deux ans, jusqu'à sa révélation comme Bleu incontournable, en passant par sa conversion à l'Islam après son mariage avec Wahiba, une Algérienne.

===
Vingt-deux, voilà Franck Ribéry
Etrange trajectoire que celle de Franck Ribéry. A la fois directe et sinueuse. L'homme dévale les chemins de traverse comme s'il se trouvait sur une autoroute: pied au plancher. Et il trouve encore le moyen de siffloter. Quoique né un 1er avril dans une cité de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), où le taux de chômage culmine à 60% et où la vie n'est pas toujours un éclat de rire, Franck Ribéry ne relève pas de la blague. A deux ans, le voilà déjà qui transperce le pare-brise d'une voiture. Ce premier accident, qui aurait aussi pu être le dernier, marque d'entrée de jeu un destin cabossé. Déchirée, sa gueule en portera toujours les stigmates - les supporters du club turc de Galatasaray l'ont surnommé «Scarface». Il est aujourd'hui, après vingt-trois ans de rixes avec le sort, le plus beau visage d'une équipe de France jusqu'ici méconnaissable.
Les Bleus, retrouvés mardi soir face à l'Espagne, affrontent ce samedi le Brésil en quart de finale de la Coupe du monde. Pour la revanche du triomphe de 1998, que Franck Ribéry avait suivi avec ses potes au pied d'une tour. Huit ans plus tard, le mari converti à l'Islam de Wahiba, une femme algérienne, épaule Zinedine Zidane dans sa quête ultime. Mieux: c'est sans doute grâce à son feu que la France est en passe de retrouver une âme. A un groupe repu et divisé depuis six ans, il a apporté mordant, fraîcheur, vitesse et plaisir. Maître «Zizou», sur son piédestal perché, a tout de suite vu arriver ce gars sorti de nulle part. «C'est quelqu'un qui respire la joie de vivre et qui la transmet sur le terrain. Il ne se pose pas de questions», déclarait-il avant le France - Suisse de Stuttgart. «Il peut faire plus que du bien. Il marquera les esprits, il deviendra important pour le football français.»
Rien que ça. L'œil des Bleus a repéré l'exception. Franck Ribéry, qui a fêté sa première sélection dans un costard de joker le 27 mai dernier face au Mexique, est bientôt prêt à enfiler le smoking du chef d'orchestre. Déjà. Réduit au rôle d'agitateur tardif par le sélectionneur Raymond Domenech lors de la phase de préparation, le polyvalent de service - il peut évoluer avec le même rendement à droite, à gauche ou en pointe - reçoit sa première véritable chance contre la Suisse. Il passe un peu à côté, puis retrouve face à la Corée le banc d'un groupe miné à tous les sens du terme. En bisbille avec le reste du monde, le coach, privé de «Zizou» suspendu, relance le chouchou du public marseillais. Vingt-deux - c'est son numéro -, voilà Ribéry!
Au cours de la rencontre décisive devant le Togo, ses courses chaloupées, son art du crochet, son goût pour le dribble et la percussion redonnent des couleurs à des Bleus si pâles. Dans le rôle du moteur, il pétarade.
Son insouciance rejaillit sur l'ensemble et, comme le jeune homme est bien éduqué, il n'oublie pas de glisser une passe décisive à Patrick Vieira pour ses 30 ans. Quatre jours plus tard en huitième de finale, il signe son premier but en sélection pour égaliser face à l'Espagne. Pied au plancher, les bras écartés histoire de simuler l'envol, il se précipite vers les remplaçants. Ses coéquipiers lui emboîtent le pas pour la première scène de joie collective française depuis le début du tournoi. A l'issue des débats, c'est lui qui fait signe à tout le monde d'aller partager la victoire avec les supporters. Franck Ribéry, pour l'équipe de France, c'est un coup de pied dans le désamour, un retour aux bonnes vieilles habitudes.
Sur un terrain de foot, celui que Lyon rêve d'acquérir, au même titre que Manchester United, véhicule les notions de jeu, d'abnégation et de partage. Tout ce qui faisait défaut depuis six ans. Guidé par la devise - «Droit au but» - de l'Olympique Marseille, club où il a explosé cette saison, l'homme pressé embarque les troupes dans son sillage. A propos de chemin, le sien a mis du temps à se dessiner. Formé au FC Conti puis chez les Aiglons, deux clubs de quartier à Boulogne-sur-Mer, le gamin tape vite dans l'œil des recruteurs voisins. Intégré au centre de formation de Lille à 13 ans, il en sera banni trois années plus tard. Retour à la maison, départ pour Alès où il n'est pas payé, chômage, boulot dans l'entreprise de travaux publics où trime son père terrassier, puis percée à Brest durant la saison 2003/04, où il gagne 2 250 euros par mois et distribue une nuée de passes décisives.
Avec Franck Ribéry, ça déménage. Sous le charme, l'entraîneur Jean Fernandez le fait signer à Metz. Lors de sa première séance avec les pros, il lui lance: «Coach, votre lacet est défait.» Il ne l'est pas, le farceur éclate de rire. Pas rancunier, celui qui le fera venir à Marseille après un premier semestre 2005 en Turquie le fait débuter en Ligue 1 en juillet 2004. La flèche reçoit le trophée symbolique de meilleur joueur du mois d'août et, en septembre, elle intègre la sélection des «M21». La machine est lancée.
Sauveur improbable des Bleus, Franck Ribéry évoluait encore en National (3e division) il y a deux ans. Il s'apprête à disputer un quart de finale de Coupe du monde. «Le Brésil? C'est un rêve», piaffe-t-il. Avant le départ pour l'Allemagne, le néophyte déclarait dans L'Equipe: «Je sais que la vie, ça va vite dans un sens ou dans l'autre. Donc, il faut rester simple, garder les pieds sur terre.» Sur terre et au plancher.
Par Le Temps.ch

===
Vingt-deux, voilà Franck Ribéry
Etrange trajectoire que celle de Franck Ribéry. A la fois directe et sinueuse. L'homme dévale les chemins de traverse comme s'il se trouvait sur une autoroute: pied au plancher. Et il trouve encore le moyen de siffloter. Quoique né un 1er avril dans une cité de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), où le taux de chômage culmine à 60% et où la vie n'est pas toujours un éclat de rire, Franck Ribéry ne relève pas de la blague. A deux ans, le voilà déjà qui transperce le pare-brise d'une voiture. Ce premier accident, qui aurait aussi pu être le dernier, marque d'entrée de jeu un destin cabossé. Déchirée, sa gueule en portera toujours les stigmates - les supporters du club turc de Galatasaray l'ont surnommé «Scarface». Il est aujourd'hui, après vingt-trois ans de rixes avec le sort, le plus beau visage d'une équipe de France jusqu'ici méconnaissable.
Les Bleus, retrouvés mardi soir face à l'Espagne, affrontent ce samedi le Brésil en quart de finale de la Coupe du monde. Pour la revanche du triomphe de 1998, que Franck Ribéry avait suivi avec ses potes au pied d'une tour. Huit ans plus tard, le mari converti à l'Islam de Wahiba, une femme algérienne, épaule Zinedine Zidane dans sa quête ultime. Mieux: c'est sans doute grâce à son feu que la France est en passe de retrouver une âme. A un groupe repu et divisé depuis six ans, il a apporté mordant, fraîcheur, vitesse et plaisir. Maître «Zizou», sur son piédestal perché, a tout de suite vu arriver ce gars sorti de nulle part. «C'est quelqu'un qui respire la joie de vivre et qui la transmet sur le terrain. Il ne se pose pas de questions», déclarait-il avant le France - Suisse de Stuttgart. «Il peut faire plus que du bien. Il marquera les esprits, il deviendra important pour le football français.»
Rien que ça. L'œil des Bleus a repéré l'exception. Franck Ribéry, qui a fêté sa première sélection dans un costard de joker le 27 mai dernier face au Mexique, est bientôt prêt à enfiler le smoking du chef d'orchestre. Déjà. Réduit au rôle d'agitateur tardif par le sélectionneur Raymond Domenech lors de la phase de préparation, le polyvalent de service - il peut évoluer avec le même rendement à droite, à gauche ou en pointe - reçoit sa première véritable chance contre la Suisse. Il passe un peu à côté, puis retrouve face à la Corée le banc d'un groupe miné à tous les sens du terme. En bisbille avec le reste du monde, le coach, privé de «Zizou» suspendu, relance le chouchou du public marseillais. Vingt-deux - c'est son numéro -, voilà Ribéry!
Au cours de la rencontre décisive devant le Togo, ses courses chaloupées, son art du crochet, son goût pour le dribble et la percussion redonnent des couleurs à des Bleus si pâles. Dans le rôle du moteur, il pétarade.
Son insouciance rejaillit sur l'ensemble et, comme le jeune homme est bien éduqué, il n'oublie pas de glisser une passe décisive à Patrick Vieira pour ses 30 ans. Quatre jours plus tard en huitième de finale, il signe son premier but en sélection pour égaliser face à l'Espagne. Pied au plancher, les bras écartés histoire de simuler l'envol, il se précipite vers les remplaçants. Ses coéquipiers lui emboîtent le pas pour la première scène de joie collective française depuis le début du tournoi. A l'issue des débats, c'est lui qui fait signe à tout le monde d'aller partager la victoire avec les supporters. Franck Ribéry, pour l'équipe de France, c'est un coup de pied dans le désamour, un retour aux bonnes vieilles habitudes.
Sur un terrain de foot, celui que Lyon rêve d'acquérir, au même titre que Manchester United, véhicule les notions de jeu, d'abnégation et de partage. Tout ce qui faisait défaut depuis six ans. Guidé par la devise - «Droit au but» - de l'Olympique Marseille, club où il a explosé cette saison, l'homme pressé embarque les troupes dans son sillage. A propos de chemin, le sien a mis du temps à se dessiner. Formé au FC Conti puis chez les Aiglons, deux clubs de quartier à Boulogne-sur-Mer, le gamin tape vite dans l'œil des recruteurs voisins. Intégré au centre de formation de Lille à 13 ans, il en sera banni trois années plus tard. Retour à la maison, départ pour Alès où il n'est pas payé, chômage, boulot dans l'entreprise de travaux publics où trime son père terrassier, puis percée à Brest durant la saison 2003/04, où il gagne 2 250 euros par mois et distribue une nuée de passes décisives.
Avec Franck Ribéry, ça déménage. Sous le charme, l'entraîneur Jean Fernandez le fait signer à Metz. Lors de sa première séance avec les pros, il lui lance: «Coach, votre lacet est défait.» Il ne l'est pas, le farceur éclate de rire. Pas rancunier, celui qui le fera venir à Marseille après un premier semestre 2005 en Turquie le fait débuter en Ligue 1 en juillet 2004. La flèche reçoit le trophée symbolique de meilleur joueur du mois d'août et, en septembre, elle intègre la sélection des «M21». La machine est lancée.
Sauveur improbable des Bleus, Franck Ribéry évoluait encore en National (3e division) il y a deux ans. Il s'apprête à disputer un quart de finale de Coupe du monde. «Le Brésil? C'est un rêve», piaffe-t-il. Avant le départ pour l'Allemagne, le néophyte déclarait dans L'Equipe: «Je sais que la vie, ça va vite dans un sens ou dans l'autre. Donc, il faut rester simple, garder les pieds sur terre.» Sur terre et au plancher.
Par Le Temps.ch
Commentaire