Italie
Joe Hart Englishman in Torino
Joe Hart Englishman in Torino
Lesoir; le Samedi 18 Fevrier 2017
Laissé de côté par Pep Guardiola à Manchester City,
Joe Hart aurait pu choisir le confort du banc de touche de l'Etihad
Stadium ou un prêt sans risque en Premier League. Mais le gardien de but
de l'Angleterre a opté pour l'inattendu et s'épanouit finalement depuis
six mois en Serie A, au Torino.
«Mia, tua, destra, sinistra, passa, tira, dammela, lascila». A moi, à
toi, droite, gauche, passe, tire, donne-la moi, laisse-la. Encore une
phrase en italien de manuel scolaire et Hart pouvait lancer un long
soupir de soulagement et savourer les applaudissements des journalistes
italiens: sa conférence de presse de présentation était un succès.
«Il a appris entre 30 et 50 mots, ceux qui servent à diriger une
défense, et il les utilise déjà à l'entraînement», assurait dès
septembre son nouvel entraîneur Sinisa Mihajlovic. «Pour nous, c'est une
superbe opportunité. Il est titulaire en sélection, il a de
l'expérience, du caractère et la volonté de gagner», ajoutait alors le
Serbe. De fait, le pedigree du natif de Shrewsbury est assez éloigné des
standards du Torino, 7e, 9e et 12e ces trois dernières saisons en
championnat. A 29 ans, Hart compte en effet 68 sélections avec
l'Angleterre, a joué 40 matches de Ligue des Champions et disputé deux
Coupes du Monde et deux Euros.
«De bons pieds»
Mais son championnat d'Europe en France a été désastreux et à son retour
à Manchester, le nouvel arrivant Pep Guardiola lui fait comprendre qu'il
ne compte pas sur lui. «Le foot est affaire d'opinions. Certains pensent que je fais partie des meilleurs du monde, d'autres que je ne sers à rien. Malheureusement, il
se trouve qu'un de mes anciens entraîneurs ne croyait pas beaucoup en
mes qualités», a-t-il résumé en octobre dans La Gazzetta dello Sport.
Guardiola aime les gardiens qui évoluent très haut, habiles dans le jeu
au pied, et Hart ne correspond pas à ses idées sur le football.
Plus terre-à-terre, Mihajlovic voit lui en Hart un gardien suffisamment
fort avec les pieds comme avec les mains pour faire mieux que le
décevant Padelli et pour tirer son groupe vers le haut. «Guardiola dit
que ce n'est pas le meilleur avec les pieds. Mais de ce que je vois, il
a de bons pieds. Après, si ce que Guardiola veut c'est un Guardiola qui
joue dans les buts, il aura du mal à le trouver», a-t-il ainsi
perfidement lancé.
Wonderwall
Vrai sujet de curiosité dans une Serie A rarement fréquentée par les
Anglais -même si Gascoigne, Hateley, Ince, Beckham brièvement et une
poignée d'autres s'y sont illustrés-, Hart réussit au bout du compte une
saison correcte, sans plus. Très sollicité derrière une défense qui
laisse beaucoup de situations de frappes aux adversaires, il a commis
quelques erreurs, dont une dès ses débuts contre l'Atalanta Bergame, et
n'a pas fait suffisamment de miracles pour hisser le Torino plus haut
que la 9e place qu'il occupe avant d'aller affronter l'AS Rome dimanche.
Mais il s'est parfaitement intégré au groupe, comme l'a prouvé une vidéo
d'un dîner entre coéquipiers où on le voit chanter Wonderwall d'Oasis
accompagné à la guitare par le défenseur Molinaro, et les tifosi
l'adorent. Sa réaction souriante et fair-play après avoir pris les
crampons du Milanais Lapadula en plein visage - avec son étrange
pansement sur le crâne et son visage tuméfié, il était comparé sur les
réseaux sociaux à un Teletubbie - a aussi été saluée en Italie.
Pour autant, la poursuite de son aventure piémontaise semble improbable,
surtout sans qualification européenne. Et un retour à City ? Guardiola a
bien changé d'avis sur Yaya Touré. Et Claudio Bravo ne lui a pas
vraiment donné de raisons de ne pas au moins y réfléchir.
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