Début, hier, de l’ultime chantier de l’ouvrage dont les fondations ont été posées depuis octobre 2018 par Djamel Belmadi et ses troupes. Une double confrontation face aux Lions Indomptables qui décidera du sort d’une sélection qui avait, pourtant, plané sans partage sur le continent en 2019.
Plus le temps de palabrer sur les questions de choix, les piques langagières ou autres états d’âme d’éternels insatisfaits. Belmadi et son équipe sont, depuis hier, en mission qu’ils doivent réussir. Peu importe la manière car il s’agira d’une qualification à un rendez-vous que l’Algérie a raté en 2018 à cause justement de ses palabres intervenus une fois l’aventure au Brésil, en 2014, terminée. C’est une lutte finale pour un sésame cher et pour lequel d’énormes moyens sont mobilisés. En sus d’une mobilisation populaire de tous les instants. Ce n’est pas l’objectif du seul Belmadi mais de tout le monde. Un «monde» qui semble oublier que ce même entraîneur a ramené la joie dans une maison pitoyablement abandonnée par ses enfants.
Depuis hier, Belmadi a lancé les dernières «hostilités». À Malabo, où il préparera son commando, tout semble prêt pour offrir aux troupes de Belmadi le «confort» qui préside au combat de Douala. Un lieu de concentration, Malabo, que le sélectionneur voulait tenir au secret mais qui a fini par être révélé au grand public par ceux-là mêmes qui aiment bien au-devant de la scène lors des moments de liesse. Une préparation qui doit prendre en considération aussi bien la première manche, vendredi au Japoma, que celle, quatre jours plus loin, prévue à Blida.
«L'enjeu sera partout. À Douala ou à Blida !», avouait l’entraîneur national durant sa tumultueuse conférence de presse, dimanche. «Ça sert à quoi d'aller à Douala sinon? On peut les attendre ici tranquillement (...) Imaginez-vous, le 29 mars, devoir jouer le match retour à Japoma. Ça fait peur, non? On a mérité de jouer ce retour à Tchaker, c'est le résultat de trois ans d'avance. Ce n'est pas joué d'avance mais c'est un avantage», commentera-t-il par la suite celui qui ponctuera son intervention en expliquant à ceux qui ont tendance à l’oublier que le moment est «sérieux».
«Pour arriver à un tel évènement, il faut passer dans les moments difficiles, être dans la peur, qu'il faut savoir gérer, ou le stress, qu'il faut aussi savoir gérer. Ressentir ces choses là, c'est normal mais il faut les maîtriser. Si c'était la Coupe Coca-Cola, ce serait trop facile ! On parle de la Coupe du monde, il faut passer par tout ça pour mériter d'y aller», fera-t-il remarquer. Pourtant, dimanche, ses réponses n’étaient pas «crémeuses», plutôt acides à l’endroit de certains agitateurs de dernière heure. Et Belmadi tient bien à faire comprendre que s’il est «méchant», ce n’est pas qu’il a perdu la maîtrise de ses nerfs. Bien au contraire. «Il n'y a pas d'arrogance ni de manque d'humilité, bien au contraire, mais nous on veut mourir sur le terrain. Tout est étudié, même s'il y a les aléas du football, mais nous on a beaucoup de confiance», a-t-il précisé. Si «mourir sur le terrain» n’est pas un engagement formel pour la réalisation de cet objectif, alors plus besoin de crier sur tous les toits que «rien ne va, rien ne vaut». C’est un «testament» d’un sélectionneur qui, dans un coin de sa tête, se sent responsable d’éventuels désagréments que causerait une sortie de route. À peine s’il ne crierait pas lui aussi son désespoir de ne pas aller au Qatar. Là où il est établi…Un Belmadi qui a déjà fait le choix de partir. «C'est très fatigant et ça ne va pas durer longtemps», a lâché le technicien algérien qui se sent «coupable» de vouloir réussir dans un pays où ceux qui cherchent à gravir les montagnes se font marcher dessus, écrasés par l’oubli et le mépris. Et qui mieux que les joueurs qui forment son groupe qui puisse apporter ce soutien intelligible à un monsieur qui a tout sacrifié pour accepter la mission de diriger une sélection à la dérive. «C’est quelqu’un de juste et qui aime l’Algérie», dira de lui le latéral du Borussia Mönchengladbach, Ramy Bensebaïni. Un élément-cadre de l’EN qui a raté sa CAN mais qui promet d’être cet homme sur lequel Belmadi peut compter. «Nos joueurs veulent se racheter dans notre pays, devant notre peuple», a dit un Belmadi très attachant à l’unité de ses troupes qu’il aime par-dessus tout. «Ce sont eux qui sont sur le terrain et pas moi. (…) Préférer gagner une CAN ou jouer une Coupe du monde ? Les goûts, les couleurs... aimes-tu le chocolat ou la vanille, c'est pareil. Moi, j'avais ces deux objectifs en rejoignant mon pays», confessait Djamel Belmadi qui tranche que l’équipe joue «pour l’intérêt du pays». Alors de grâce…
M. B.

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