Amar Benikhlef, la nouvelle star du judo algérien

[mendz]

APA - Alger (Algérie) - En se hissant à la seconde marche du podium des moins de 90 kg, le judoka algérien Amar Benikhlef a offert à l’Algérie sa seconde médaille dans les Jeux olympiques de Pékin, après le bronze de Soraya Haddad. Ce qui constitue une performance sans précédant dans les annales du judo algérien et africain.

Trois jours seulement après le triomphe de sa compatriote Soraya, médaillée de bronze chez les moins de 52 kg, Benikhlef a créé, mercredi, la sensation sur les tatamis de Pékin en parvenant haut la main en finale de sa catégorie.

Plein d’assurance, Amar (26 ans - 1,86 m) élimine, tour à tour, le Marocain Mohamed El Assri (yuko) et l’Espagnol David Alarza par ippon. En finale de tableau, l’Algérien domine le Français Yves-Matthieu Dafreville par ippon également.

Lors de la grande finale (médaille d’or en jeu) face au champion du monde en titre, le Géorgien Irakli Tsirekidze, Benikhlef s’incline sur pénalité (koka). Une décision arbitrale jugée très sévère par les observateurs.

Dans cette catégorie, l’Egyptien Hesham Mesbah a gagné le bronze. La première médaille égyptienne dans ces Jeux.

Grâce à sa brillante performance, Benikhlef inscrit son nom en lettres d’or dans les annales du sport algérien. Il est le premier judoka, chez les messieurs, à remporter une médaille olympique.

L’enfant de Bachdjerrah, quartier populaire d’Alger, a longtemps caressé le rêve de monter sur un podium olympique. Champion d’Afrique à Agadir (Maroc), en mai 2008, il a mis les bouchées doubles pour être au top aux Jeux de Pékin.

[KAMEL]

revue de presse (el watan )

Amar Benikhlef (Judoka) : « Je sentais que je pouvais être sur le podium »


Le médaillé d’argent, Amar Benikhlef Amar, est en train de savourer la médaille. Au village des athlètes, Benikhlef a toujours la médaille en poche. Il la garde jalousement. Des flashes par-ci et d’autres par-là. Le DTN, Aït Ouarab, et l’entraîneur, Ahmed Moussa, n’hésitent pas à prendre des photos souvenir avec la nouvelle star olympique. Benikhlef, néo licencié en sport, un diplôme décroché au niveau de l’EPS, a tout gagné cette saison. Lorsque nous l’avons accosté, il était également sollicité par plusieurs journalistes, français notamment. Toujours lucide et modeste, il répond à nos questions.



Quelques jours après votre médaille d’argent, que ressentez-vous encore ?
Je suis plus détendu par rapport à la compétition. Maintenant, je vis les JO sans aucune pression. Je reçois des coups de téléphone de partout. Je n’ai jamais vécu des moments aussi intenses que cette fois.
Avant le début des Jeux, croyiez-vous sincèrement à une place sur le podium ?
Sans prétention aucune, je dirais oui. La bonne préparation que j’ai effectuée cette saison était un indice révélateur. Ajoutez à cela le titre de champion d’Afrique et les belles prestations que j’ai réalisées aux tournois de Paris et de Hambourg qui ont été bénéfiques à plus d’un titre pour moi. Des étapes qui m’ont permis aussi de connaître tous mes adversaires. A partir de là, je sentais que je pouvais réaliser quelque chose à Pékin.
Il y a aussi vos qualités intrinsèques qui vous ont propulsé au plus haut niveau dans une catégorie qui n’est guère la spécialité des Algériens ?
Le don seul ne suffit pas. Il faut croire en ses capacités pour atteindre ses objectifs. Mais aussi il faut travailler durement. J’ai eu la chance d’effectuer une bonne préparation. J’ai toujours pris au sérieux mes séances d entraînement. J’ai connu le tatami à l’âge de 8 ans. Mes premiers clubs sont El Harrach, CAM, Protection civile, et depuis 8 années, je suis licencié au MCA.
Comment jugez-vous le niveau technique de la compétition et l’organisation des Jeux ?
Le niveau a été très relevé, à tel point que même les favoris ont été dominés. Lors de mes combats, j’étais obligé à chaque fois d’opter pour une stratégie en fonction des adversaires. Bien sûr que c’est aussi grâce aux conseils de mon entraîneur, Ahemed Moussa, que j’ai pu opérer différents choix tactiques. Mes concurrents avaient aussi une idée sur ma tactique, donc je me devais de changer de style pour tromper l’adversaire. Sur le plan organisationnel, les JO de Pékin sont magnifiques sur tous les plans. Personne ne se plaint, les Chinois ont relevé le défi.
Qu’attendez-vous après cette médaille ?
Je ne vous le cache pas, vu que je viens d’achever mon cursus universitaire, je souhaite obtenir une intégration au niveau de la Sonatrach. C’est mon vœu le plus cher. Etant donné que le MCA est devenu GSP (rattaché directement à la Sonatrach), cela pourrait être salutaire pour moi. La Sonatrach a toujours assuré un emploi pour les médaillés olympiques ou ayant dignement représenté les couleurs nationales. Outre cette intégration, je souhaite que les promesses tenues à la veille des JO concernant les récompenses aux médaillés de Pékin seront tenues.
Est-ce que vous allez prendre du repos après les JO ?
Absolument pas. Dès que je regagnerai Alger, je vais reprendre le chemin des entraînements en vue des championnats du monde qui se tiendront début octobre en Allemagne. Ensuite, il faut préparer les futurs échéances avant les olympiades de 2012
Quels sont les judokas algériens qui vous ont marqué ?
Sans conteste, Harkat, Dahmani et mon entraîneur, Ahmed Moussa, qui étaient mes idoles. D’ailleurs, après ma retraite sportive, je vais me convertir en qualité d’entraîneur comme mon entraîneur, pour transmettre mon expérience aux jeunes athlètes.
On vous laisse le soin de conclure ?
Avec plus de compétition à l’étranger, on pourra s’aguerrir avec les meilleurs judokas au monde. Il n’y a pas de secret. La recette de la réussite existe. Il faut aussi construire des salles au niveau des quartiers pour que les jeunes viennent au judo. Les médailles olympiques serviront d’émulation.