Repose en paix
par El-Guellil
par El-Guellil

Mais il y a aussi, et surtout, les deux grands qui viennent coloniser le salon et occuper le divan préféré de leur paternel. Alors là, rien qu'en y pensant, Ammi Messaoud se sent des frissons dans le dos... Ses deux universitaires d'enfants qui, pendant les études, demeuraient à la cité, ne décollent plus de la maison. Ils mangent, écoutent la musique, regardent la télé et dorment dans le salon. Ils se transforment en tube digestif et tube cathodique. A croire qu'ils n'ont pas de copains, pas d'amis. A croire qu'ils n'ont pas d'endroit où aller. Avec les petits, c'est demi-mal. Leur mère les «expulse» la matinée pour faire le ménage et ils ne rentrent que pour le déjeuner. En revanche, pour les grands, c'est une autre histoire.
En ruminant tout ça, Ammi Messaoud n'entend pas le téléphone. A la quatrième sonnerie, il sursaute et va décrocher. Il se glace en entendant la voix de sa soeur lui annonçant sa prochaine venue : «Pour passer quelques jours chez toi. Même les enfants n'arrêtent pas de me demander après vous, tu sais !». Ammi Messaoud est statufié. Sa sœur arrive demain avec ses six enfants !
Avant de réaliser pleinement toute l'étendue de la nouvelle, il entend frapper à la porte d'entrée. Méfiant, il entrouvre le battant sur le voisin du dessus qui lui dit en souriant: «Goulli, Ammi Messaoud. Tu peux me garder deux ou trois meubles pendant quelques jours ? C'est les vacances, tu sais, et j'ai envie de profiter de la présence de mes enfants pour repeindre l'appartement avant sidna Ramadane».
Le Quotidien d'Oran .
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