Annonce

Réduire
Aucune annonce.

«Dans mon pays, je ne suis pas allé à l’école…»

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • «Dans mon pays, je ne suis pas allé à l’école…»

    REPORTAGEChaque année, prennent place sur les bancs de l'école des élèves de pays étrangers, fraîchement arrivés en France, et qui ne maîtrisent pas forcément la langue. Reportage dans une classe un peu particulière.
    «Est-ce que vous avez déjà entendu le mot “emploi du temps”? Et le mot “fournitures scolaires” ?» Dans sa classe, la professeur de lettres Claire Page parle lentement, articule du mieux qu’elle peut. Devant elle, six paires d’yeux grands ouverts, impressionnés et intimidés.

    Ils ont 12, 13 ou 16 ans, et c’est la première fois ou presque qu’ils mettent les pieds dans une salle de classe. Nous sommes au collège Guy Flavien à Paris, dans le 12e arrondissement, dans l’une de ces classes particulières qui accueillent les élèves non scolarisés antérieurement (Ensa). Depuis les années 70, il existe en France un dispositif destiné à accueillir dans le système scolaire les élèves nouvellement arrivés sur le territoire.

    Les règles de la République sont claires: à partir de 6 ans, tout enfant a obligation de scolarité, qu'il soit ou non de nationalité française, et que sa famille ait ou non des papiers. Mais pour ceux qui maîtrisent mal la langue, ou dont le niveau est insuffisant pour «raccrocher» dès leur arrivée une classe ordinaire correspondant à leur niveau, il existe des passerelles. Les classes d’initiation au primaire, les classe d’accueil et les Ensa, au collège.

    «Il faut leur apprendre la culture scolaire»

    «Bien sûr, plus ils arrivent tard en France, plus c’est compliqué», reconnaît Claire Page, en charge depuis trois ans de la classe Ensa au collège Guy Flavien. «On se retrouve avec des élèves de niveaux très différents. Aujourd'hui, ils ne sont que six mais d'autres vont arriver dans les prochains mois. Certains ne parlent pas un mot de français, d’autres au contraire sont à l’aise à l’oral mais ont des difficultés pour lire et écrire».

    L’expérience aidant (elle est à deux ans de la retraite), Claire Page sait rapidement évaluer le niveau de ses nouveaux élèves. Il y a par exemple, Damé, 15 ans et demi. Sénégalais, il est allé à l’école coranique, avant d’arriver en France, dans un foyer pour mineurs isolés. S’il avoue ne pas savoir lire, «il a quand même quelques bases, il sait par exemple écrire son prénom… Il apprendra vite», assure l'enseignante.

    Une table plus loin, le petit Abdel, deux têtes de moins, tout juste 12 ans. Avec son jogging Adidas et sa trousse bien fournie, il se tortille sur sa chaise, lève le doigt toutes les deux secondes, pressé de montrer ce qu’il sait. Scolarisé une paire d’années en maternelle en France, il est ensuite reparti vivre avec ses parents en Algérie. «Là-bas, je ne suis pas allé à l’école, alors…»

    Au moment d’écrire la liste des fournitures scolaires, il semble un peu perdu, écrit sur une feuille de droite à gauche. «Il faut tout leur apprendre, le français bien sûr, mais pas seulement. Ceux qui sont très peu allés à l’école, n’ont aucune culture scolaire…» Il faut tout recommencer depuis le début: expliquer comment on tient un cahier, comment on lit une carte de géographie ou des notions de base en mathématiques: distinguer un rectangle d’un rond, savoir compter ou lire l’heure.

    Si les cours de français occupent une bonne partie de l’emploi du temps, se glissent aussi quelques heures de maths, SVT, sport, anglais et techno (la nouveauté cette année). «On ne fait pas de miracle. Les élèves restent au maximum un an dans cette classe. Dès qu’ils se débrouillent, même en cours d’année, on les bascule vers des classes ordinaires. Les plus âgés sont orientés vers des formations professionnelles type CAP».

    En raccompagnant ses élèves vers la sortie, elle glisse: «Cette classe, c'est leur chance. Et pour une fois que quelque chose fonctionne bien dans l'Education nationale, disons-le.»
    liberation
    Chaque pétales de cette rose correspond à tout l'amour qui nous unit depuis le premier jour . Donc il ne pourra à jamais se fâner.
Chargement...
X