Deux solutions pour ce peuple
par Kamel Daoud
par Kamel Daoud

La seconde solution est dite celle du dictateur illuminant. Messali en a été l'ébauche émotionnelle et Boumediene l'incarnation militaire. Selon cette thèse, pour que le pays se relève, il faut un homme fort. Vraiment. Pas une grande gueule, ni un doux démocrate, ni un général inquiété par ses pairs, ni un mannequin recruté pour recevoir les Présidents occidentaux en visite. Cet homme fort serait à la fois militaire, civil, du DRS, de l'ANP, du peuple, d'en bas, d'en haut, de l'ouest et de l'est. Il prendra le pouvoir par les cheveux et le peuple par les oreilles. Il dictera ses règles, écrasera toute opposition sans passer par le palais de Justice. Il fermera le pays pour trois ans de ménage à coup de bâton et de gâchette, surveillera le moindre cageot de citron, dégalonnera ceux qui l'ont nommé pour avoir de l'air et les remplacera par des fenêtres pour mieux surveiller tout le monde. Fort, il mettra à son service des hommes forts qui utiliseront la force pas pour manger mais pour que les Algériens apprennent à se laver les mains, n'agressent pas les femmes seules après 20 heures, traversent aux passages cloutés, ne volent pas énormément et refassent les trottoirs avec du ciment et pas avec de la salive. Cet homme est, en effet, selon une psychologie post-coloniale, espéré par tous, même par les démocrates. Il n'aura ni ministres, ni concurrents : seulement des téléphones, son regard dur, un nationalisme ombrageux mais intelligent, des cadavres en exemple et une vision claire de ses propriétés. Pour les Algériens, c'est simple : quand cet homme est là, tout le monde est discipliné ; quand cet homme n'est pas encore né, tout le monde fait ce qu'il veut.
Deux solutions, pas trois, pour sauver l'Algérie des Algériens.
Le Quotidien d'Oran .
Commentaire