Les malades
par El-Guellil
par El-Guellil

Cette année, c'était exceptionnel. Car le premier cours solennel traitait de «l'environnement». Il sort donc, comme chaque veille de rentrée, faire les vitrines. Dès qu'il franchit le seuil de l'immeuble, il reçoit sur les épaules l'eau de la voisine qui nettoyait son balcon. C'est pas très méchant, se dit-il. Il traverse la rue et sous l'autre balcon, il évite la poussière de cette ménagère qui, faisant fi des passants, secouait un tapis. C'est à ce moment qu'il trébuche sur un pot de peinture que les éboueurs ont sûrement refusé de charger lors du ramassage. Tant bien que mal, il se remet sur pied. Avec son mouchoir, il essuie sa paire de godasses. Heureusement que c'était de la peinture lavable.
Arrivé à la rue marchande où il avait l'habitude de faire ses achats... Zdreuvvv...
- Ma tkhafch El-Hadj... Elle est vide... Je ne suis pas fou d'en balancer une pleine du premier étage !
C'était une bouteille de butane «camping» qu'un adolescent avait envoyé à son frère plus âgé, que la conjonctivite, très lente, semble refuser de quitter. Notre instituteur n'en revenait pas. Gueuler ne servirait à rien. Non, il n'ira pas acheter des fringues de sortie. Il présentera son cours sur l'environnement autrement habillé.
C'est ainsi qu'il se présente en classe : un casque sur la tête, des bottes de sécurité, un bleu de travail, un masque antipollution, des lunettes de soudure et un ciré, introduisant le cours par : «Dépolluons les têtes, le reste viendra tout seul». Les malades l'ont pris pour un fou.
LE Quotidien d'Oran
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