«Au Moyen-Orient, si vous ne pouvez pas expliquer une chose par la Théorie du Complot n’essayez pas de l’expliquer. Les gens ne vous croiront pas.» Thomas Friedman, Rédacteur du New York Times
Il y a dix ans, le 30 septembre 2000, mourait le jeune Mohamed Ed Doura dans des conditions atroces, victime de tirs croisés entre «l’armée la plus pure du monde» et des Palestiniens suite à la provocation, deux jours plus tôt de Ariel Sharon qui est venu plastronner sur l’Esplanade des mosquées. Ce sera le début de l’Intifada. Charles Enderlin, journaliste de renom, qui se trouvait au carrefour de Netzarim colonie sauvage israélienne à Ghaza avec son caméraman Talal Abou Rame, rapporte par l’image le calvaire de l’enfant qui tentait de se protéger avec son père derrière un petit muret. Le film brutal montre comment le père lève désespérément les mains, on voit nettement l’effroi de l’enfant puis plus rien, l’enfant soubresaute puis ne bouge plus fauché par une rafale, le père sera grièvement blessé. Ces images produites par France 2 feront le tour du monde. Dans le camp de réfugiés de Boureij, Jean-Paul Mari a retrouvé la famille de Mohammed al-Durra, l’enfant de 12 ans tué par les soldats israéliens dans les bras de son père. Jama le père, et le fils Mohamed reviennent, nous dit Jean-Paul Mari, du marché, ils sont obligés de traverser un carrefour. «A l’approche du carrefour de Netzarim, le taxi collectif refuse d’aller plus loin. Pour rejoindre sa maison du camp de Boureij, il faut passer à pied. Jamal prend Mohammed par la main et s’avance prudemment le long d’un mur de parpaing, à 50 mètres en diagonale du fortin israélien. Soudain, une fusillade nourrie éclate. Pendant deux à trois minutes, des coups de feu partent, face au fortin, d’une rue perpendiculaire, là où se trouve habituellement un poste palestinien. (...) La riposte, venue du fortin, inonde le carrefour d’une grêle de balles. Talal voit deux civils tomber sur l’asphalte. Il décide de s’avancer vers le trottoir, est pris sous une rafale et s’aplatit derrière un minibus Volkswagen providentiel. (...) Une ambulance veut s’avancer au carrefour. Elle doit battre en retraite. Talal croit entendre un cri d’enfant. Il voit, en face de lui, à 20 mètres, sur le trottoir opposé, Jamal et son fils Mohammed accroupis derrière un fût en ciment dur, sorte de baril creux qui recouvre une prise d’eau. «Le gosse a pris une balle dans la jambe. Le père le tirait vers lui, le serrait contre son dos pour essayer de le protéger de son corps», se rappelle Talal. Mohammed, terrifié, supplie son père: «Pour l’amour de Dieu, protège-moi, papa!» (...) le père crie en hébreu: «Mon fils est en train de mourir. Arrêtez de tirer!» Mais une pluie de balles s’abat à nouveau. Puis un nuage de poussière a envahi le coin. Quand il est retombé, j’ai vu le gosse allongé, mort, et son père, assis, inconscient, dont le corps blessé se balançait étrangement.» Ils sont restés quarante-cinq minutes en tout, parfaitement visibles, serrés l’un contre l’autre, derrière ce baril. Pour Mohammed, le chirurgien n’a pu que constater sa blessure à la jambe droite et sa mort causée par la balle qui lui a ouvert le ventre. Jamal, le père, avait le bras droit fracturé, la jambe droite broyée et l’os du bassin emporté sur 10 centimètres de large: «Trois impacts de balles de M16 à haute vélocité.(1)»
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Il y a dix ans, le 30 septembre 2000, mourait le jeune Mohamed Ed Doura dans des conditions atroces, victime de tirs croisés entre «l’armée la plus pure du monde» et des Palestiniens suite à la provocation, deux jours plus tôt de Ariel Sharon qui est venu plastronner sur l’Esplanade des mosquées. Ce sera le début de l’Intifada. Charles Enderlin, journaliste de renom, qui se trouvait au carrefour de Netzarim colonie sauvage israélienne à Ghaza avec son caméraman Talal Abou Rame, rapporte par l’image le calvaire de l’enfant qui tentait de se protéger avec son père derrière un petit muret. Le film brutal montre comment le père lève désespérément les mains, on voit nettement l’effroi de l’enfant puis plus rien, l’enfant soubresaute puis ne bouge plus fauché par une rafale, le père sera grièvement blessé. Ces images produites par France 2 feront le tour du monde. Dans le camp de réfugiés de Boureij, Jean-Paul Mari a retrouvé la famille de Mohammed al-Durra, l’enfant de 12 ans tué par les soldats israéliens dans les bras de son père. Jama le père, et le fils Mohamed reviennent, nous dit Jean-Paul Mari, du marché, ils sont obligés de traverser un carrefour. «A l’approche du carrefour de Netzarim, le taxi collectif refuse d’aller plus loin. Pour rejoindre sa maison du camp de Boureij, il faut passer à pied. Jamal prend Mohammed par la main et s’avance prudemment le long d’un mur de parpaing, à 50 mètres en diagonale du fortin israélien. Soudain, une fusillade nourrie éclate. Pendant deux à trois minutes, des coups de feu partent, face au fortin, d’une rue perpendiculaire, là où se trouve habituellement un poste palestinien. (...) La riposte, venue du fortin, inonde le carrefour d’une grêle de balles. Talal voit deux civils tomber sur l’asphalte. Il décide de s’avancer vers le trottoir, est pris sous une rafale et s’aplatit derrière un minibus Volkswagen providentiel. (...) Une ambulance veut s’avancer au carrefour. Elle doit battre en retraite. Talal croit entendre un cri d’enfant. Il voit, en face de lui, à 20 mètres, sur le trottoir opposé, Jamal et son fils Mohammed accroupis derrière un fût en ciment dur, sorte de baril creux qui recouvre une prise d’eau. «Le gosse a pris une balle dans la jambe. Le père le tirait vers lui, le serrait contre son dos pour essayer de le protéger de son corps», se rappelle Talal. Mohammed, terrifié, supplie son père: «Pour l’amour de Dieu, protège-moi, papa!» (...) le père crie en hébreu: «Mon fils est en train de mourir. Arrêtez de tirer!» Mais une pluie de balles s’abat à nouveau. Puis un nuage de poussière a envahi le coin. Quand il est retombé, j’ai vu le gosse allongé, mort, et son père, assis, inconscient, dont le corps blessé se balançait étrangement.» Ils sont restés quarante-cinq minutes en tout, parfaitement visibles, serrés l’un contre l’autre, derrière ce baril. Pour Mohammed, le chirurgien n’a pu que constater sa blessure à la jambe droite et sa mort causée par la balle qui lui a ouvert le ventre. Jamal, le père, avait le bras droit fracturé, la jambe droite broyée et l’os du bassin emporté sur 10 centimètres de large: «Trois impacts de balles de M16 à haute vélocité.(1)»
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