Dis-moi comment tu t'appelles... Le choix des parents peut peser sur la carrière de leurs enfants.
Ginette rêve d'un poste de cadre sup. Ryan se voit styliste. Farid s'imagine PDG. C'est loin d'être gagné. Une sonorité plombe leur carrière: leur prénom fait tache sur le CV. Redoutable marqueur social, cet indélébile cocktail de consonnes et de voyelles influence plus qu'on ne le croit notre travail et nos amours, c'est la thèse percutante que défend le sociologue Jean-François Amadieu dans Les Clés du destin (Odile Jacob), publié ces jours-ci. Selon cet expert de la ségrégation - il dirige l'Observatoire des discriminations à Paris - le délit de prénom est aussi pratiqué qu'un délit de sale gueule: «Il stigmatise autant que le poids, la taille, le look, relève-t-il. Dans un marché du travail concurrentiel, un recruteur se fonde sur des critères subjectifs, y compris le prénom. En affubler un démodé à son enfant, c'est déjà le discréditer.»
Et si Kevin s'était appelé François-Xavier? Une Aliénor réussira-t-elle mieux que Loana? Chic, ringard, ou imprononçable, le prénom pèse lourd sur le niveau de revenus et le prestige de la profession, avance Jean-François Amadieu, qui a épluché des enquêtes de l'Insee: «A compétences égales, un dirigeant préférera un candidat qui lui ressemble, a le même mois de naissance ou se nomme comme lui.» En réalité, c'est surtout parce que l'appellation reflète l'origine sociale, celle des parents, qu'elle est déterminante.
La psychologie des prénoms connaît déjà outre-Atlantique un ancrage scientifique. Depuis cinquante ans, The American Name Society réunit sur ce thème psys, sociologues et linguistes. «La plupart de ces études prouvent que le prénom influence les évaluations scolaires, souligne Nicolas Guéguen, professeur en sciences du comportement à l'université de Lorient. Les enfants risquent aussi d'être punis ou récompensés différemment selon qu'ils en portent ou non un désirable.» Mais le choix à la naissance doit rester crédible, prévient Amadieu. Mieux vaut éviter d'accoutrer d'un Charles-Henri un fils d'ouvrier si son école n'accueille que des gamins de milieu populaire. Aux parents de devenir des stratèges: «Ils doivent choisir pour leur enfant un prénom qui lui donnera toutes ses chances.» Aujourd'hui, Léa, Manon, Lucas et Théo règnent sur le top 20. Rendez-vous dans vingt ans.
Par l'express
Ginette rêve d'un poste de cadre sup. Ryan se voit styliste. Farid s'imagine PDG. C'est loin d'être gagné. Une sonorité plombe leur carrière: leur prénom fait tache sur le CV. Redoutable marqueur social, cet indélébile cocktail de consonnes et de voyelles influence plus qu'on ne le croit notre travail et nos amours, c'est la thèse percutante que défend le sociologue Jean-François Amadieu dans Les Clés du destin (Odile Jacob), publié ces jours-ci. Selon cet expert de la ségrégation - il dirige l'Observatoire des discriminations à Paris - le délit de prénom est aussi pratiqué qu'un délit de sale gueule: «Il stigmatise autant que le poids, la taille, le look, relève-t-il. Dans un marché du travail concurrentiel, un recruteur se fonde sur des critères subjectifs, y compris le prénom. En affubler un démodé à son enfant, c'est déjà le discréditer.»
Et si Kevin s'était appelé François-Xavier? Une Aliénor réussira-t-elle mieux que Loana? Chic, ringard, ou imprononçable, le prénom pèse lourd sur le niveau de revenus et le prestige de la profession, avance Jean-François Amadieu, qui a épluché des enquêtes de l'Insee: «A compétences égales, un dirigeant préférera un candidat qui lui ressemble, a le même mois de naissance ou se nomme comme lui.» En réalité, c'est surtout parce que l'appellation reflète l'origine sociale, celle des parents, qu'elle est déterminante.
La psychologie des prénoms connaît déjà outre-Atlantique un ancrage scientifique. Depuis cinquante ans, The American Name Society réunit sur ce thème psys, sociologues et linguistes. «La plupart de ces études prouvent que le prénom influence les évaluations scolaires, souligne Nicolas Guéguen, professeur en sciences du comportement à l'université de Lorient. Les enfants risquent aussi d'être punis ou récompensés différemment selon qu'ils en portent ou non un désirable.» Mais le choix à la naissance doit rester crédible, prévient Amadieu. Mieux vaut éviter d'accoutrer d'un Charles-Henri un fils d'ouvrier si son école n'accueille que des gamins de milieu populaire. Aux parents de devenir des stratèges: «Ils doivent choisir pour leur enfant un prénom qui lui donnera toutes ses chances.» Aujourd'hui, Léa, Manon, Lucas et Théo règnent sur le top 20. Rendez-vous dans vingt ans.
Par l'express
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