Vers des statistiques sur le pays d'origine des immigrés
Par Agnès Leclair
Le Haut Conseil à l'intégration a remis un rapport au premier ministre sur la politique d'immigration en France depuis vingt ans.
«La France a besoin de mieux se connaître», plaide le Haut Conseil à l'intégration (HCI), qui a remis mercredi au premier ministre un épais bilan sur la politique d'intégration en France depuis vingt ans et a émis 44 idées «parfois iconoclastes» pour relancer un modèle républicain d'intégration. L'instance propose que l'Insee recueille, lors du recensement, le lieu de naissance de la personne et de ses parents et publie «de façon accessible» l'ensemble des données actualisées concernant les étrangers et les immigrés déclinées par nationalité ou par origine géographique. «Ces données objectives permettront de mieux appréhender la réalité française, la concentration des immigrés dans certaines régions, la mobilité sociale de leurs enfants», précise le Haut Conseil. Le choix de l'Insee de procéder à un recensement par échantillon a engendré une approche «parcellaire de l'immigration», souligne le rapport.
Soucieux d'écarter toute controverse, le HCI évacue dans la foulée la question des statistiques ethniques. Ce système consiste à distinguer les habitants d'un pays en fonction de leur couleur de peau, de leur sentiment d'appartenance à une communauté ethnique, voire religieuse. Le recensement «à l'américaine» des Noirs, des Asiatiques ou encore des Arabes compte d'ardents défenseurs parmi des organisations comme le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), pour qui les « statistiques de la diversité» permettraient de mesurer les injustices subies par les «minorités visibles» et de les combattre. Elles peuvent aussi faire figure de premier pas vers l'instauration de quotas ethniques et dresser «Benoît contre Mohammed», selon l'expression de Nicolas Sarkozy. «La France n'est pas une société raciale», insiste le HCI, vent debout contre un classement «qui fige les identités ethniques». Et de défendre un comptage scientifique, réservé aux chercheurs, limité aux immigrés et à leurs descendants directs pour laisser la troisième génération se fondre dans la masse. Cependant, deux exceptions à cette règle sont avancées. En matière de logement social et de politique, le HCI préconise le recueil de données géographiques. Les candidats aux élections seraient invités à préciser leur lieu de naissance et celui de leurs parents. Des éléments qui permettraient de vérifier que les élus sont à l'image du pays. Le risque ? Favoriser le clientélisme communautaire électoral, reconnaît-on au HCI. Les organismes HLM devraient quant à eux disposer d'informations sur la nationalité des demandeurs et des occupants de logements afin de lutter contre les ghettos communautaires, un obstacle majeur à l'intégration. Dans certaines classes, comme à Évry, les enfants dont le français est la langue maternelle sont minoritaires, rappelle le HCI. «Le logement social a figé les parcours», avance son rapport pour justifier ce petit arrangement avec l'égalité de traitement. La prochaine réunion d'un comité interministériel sur l'intégration, annoncée mercredi par François Fillon, devrait permettre d'examiner la question.
Par Agnès Leclair(rfi)
Par Agnès Leclair
Le Haut Conseil à l'intégration a remis un rapport au premier ministre sur la politique d'immigration en France depuis vingt ans.
«La France a besoin de mieux se connaître», plaide le Haut Conseil à l'intégration (HCI), qui a remis mercredi au premier ministre un épais bilan sur la politique d'intégration en France depuis vingt ans et a émis 44 idées «parfois iconoclastes» pour relancer un modèle républicain d'intégration. L'instance propose que l'Insee recueille, lors du recensement, le lieu de naissance de la personne et de ses parents et publie «de façon accessible» l'ensemble des données actualisées concernant les étrangers et les immigrés déclinées par nationalité ou par origine géographique. «Ces données objectives permettront de mieux appréhender la réalité française, la concentration des immigrés dans certaines régions, la mobilité sociale de leurs enfants», précise le Haut Conseil. Le choix de l'Insee de procéder à un recensement par échantillon a engendré une approche «parcellaire de l'immigration», souligne le rapport.
Soucieux d'écarter toute controverse, le HCI évacue dans la foulée la question des statistiques ethniques. Ce système consiste à distinguer les habitants d'un pays en fonction de leur couleur de peau, de leur sentiment d'appartenance à une communauté ethnique, voire religieuse. Le recensement «à l'américaine» des Noirs, des Asiatiques ou encore des Arabes compte d'ardents défenseurs parmi des organisations comme le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), pour qui les « statistiques de la diversité» permettraient de mesurer les injustices subies par les «minorités visibles» et de les combattre. Elles peuvent aussi faire figure de premier pas vers l'instauration de quotas ethniques et dresser «Benoît contre Mohammed», selon l'expression de Nicolas Sarkozy. «La France n'est pas une société raciale», insiste le HCI, vent debout contre un classement «qui fige les identités ethniques». Et de défendre un comptage scientifique, réservé aux chercheurs, limité aux immigrés et à leurs descendants directs pour laisser la troisième génération se fondre dans la masse. Cependant, deux exceptions à cette règle sont avancées. En matière de logement social et de politique, le HCI préconise le recueil de données géographiques. Les candidats aux élections seraient invités à préciser leur lieu de naissance et celui de leurs parents. Des éléments qui permettraient de vérifier que les élus sont à l'image du pays. Le risque ? Favoriser le clientélisme communautaire électoral, reconnaît-on au HCI. Les organismes HLM devraient quant à eux disposer d'informations sur la nationalité des demandeurs et des occupants de logements afin de lutter contre les ghettos communautaires, un obstacle majeur à l'intégration. Dans certaines classes, comme à Évry, les enfants dont le français est la langue maternelle sont minoritaires, rappelle le HCI. «Le logement social a figé les parcours», avance son rapport pour justifier ce petit arrangement avec l'égalité de traitement. La prochaine réunion d'un comité interministériel sur l'intégration, annoncée mercredi par François Fillon, devrait permettre d'examiner la question.
Par Agnès Leclair(rfi)

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