Khikhi
par El-Guellil
par El-Guellil

Mais c'est vous monsieur, lui répondis-je, qui n'avez pas le droit de vous irriter. Tu te trompes ya akhi (khi), insista-t-il, me tutoyant comme si on avait gardé elbégri ensemble.
Lui, c'est le commerçant. Ana, c'est le petit client. Lui, c'est le tadjère qui refuse de vous accueillir avec le sourire, et moi, c'est ce mechtari qui refuse d'être roulé ni par ses pairs ni par ses R.
Quelle est cette logique ou cette éducation qui font que fi bladi, au commerçant on dit «s'il vous plaît», à l'agent de bureau on dit «monsieur» et au citoyen on dit «ta gueule». Mais pourquoi donc on se déteste ?
Un sourire ça ne coûte rien. Un bon accueil ne greffe pas le compte bancaire. La politesse n'a jamais érodé la bonne santé. Qu'est-ce qui se passe ? Ce caissier qui vous donne votre argent au guichet d'une banque et qui vous interpelle comme le dernier des mendiants. L'épicier qui vous sert avec le flegme de celui qui semble vous dire «vous me dérangez». Le légumier qui se comporte comme la plus grosse légume, vous fourguant de la camelote et gare à celui qui rouspète. L'agent de police qui se fait appeler «Houkouma» et la télé qui, au lieu de vous distraire et vous informer, s'attelle à vous mener la vie dure. Remarquez que la télé c'est l'Etat, l'Etat c'est les fonctionnaires et les fonctionnaires… c'est le contraire de la télévision. Bref…. Le taxieur vous transporte comme un bétail et refuse que vous soyez à cheval sur la monnaie…
Tant que l'éducation civique, dans nos écoles, n'a pas la même valeur que les mathématiques…
- Papa… papa… c'est quoi ça ? dit un enfant, désignant un livre sur une étagère.
-Touche pas khikhi… répond le père…
Le Quotidien d'Oran
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