A bout de force

Le premier week-end en ce mois de pilotage automatique, plus ou moins labess. Les gens avaient le temps de faire la «grâce» matinée, siester et resiester jusqu'à l'évanouissement mais juste avant laftour, je vous ne dis pas. Colle-moi que je te colle. Un geste, une parole, un regard, une chouffa, une khezra et ça pète un plomb. Généralement ça commence doucement.
-Ghil el khir mon frère tu me regardes ainsi ?
-Ce n'est rien. J'ai constaté que tu me scrutais, je t'ai regardé
-Moi te regarder, tu penses que je n'ai rien d'autre à faire. A peine si je dirigeais mon regard vers toi. Mais c'est ainsi que je me suis aperçu que tu me lorgnais avec insistance.
-Ya khouya moi je n'ai même pas fais attention que tu étais là. En plus la loi n'interdit pas le regard.
-Ah les grands mots, la loi el houkouma
A ce moment-là un troisième intervient.
-Allah inaal chitane. Rakoum saymine.
-Toi ça ne te regarde pas. Personne ne t'a sonné.
-Quoi toi tu vas me sonner ? Un minus comme toi ?
Et vas-y. L'un finit au Samu, l'autre au commissariat. Anecdote piétonnière qu'on rencontre à chaque coin de marché.
Mais c'est chez la gente conductrice fois que la bonne humeur est en berne.
L'agressivité, l'impatience, la vulgarité constituent les principales composantes de cette espèce, et pas seulement pour les individus mâles. Priorité à droite, à gauche, à celui qui fait semblant de ne pas avoir vu l'autre pointer du nez. La voiture se transforme en char d'assaut. Ça prend des largesses avec le code de la route, ça rejette ses propres fautes sur les autres et hop un petit choc. Loto jdida tefrini sec.
-Abrass mmma ! oualou, ni constat ni rien du tout. Tu me payes le feu que tu as cassé.
-Ya oueddi.
D'autres voitures s'arrêtent. L'huile sur le feu. Celui qui a eu le feu brisé voit rouge. Il ouvre sa malle. Sort une barre en fer. Les gens se dispersent. Il se dirige vers l'autre bagnole, lui casse deux feux. Range sa barre, démarre à l'américaine, et le soir, tranquille il ira aux « taraouih »
Toute la clique des clics.
par El-Guellil
Le Quotidien d'Oran
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