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SOS Algériens en dérive

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  • SOS Algériens en dérive

    Écrit par YASMINE BOUKHADRI




    «Alger meurt, Alger vit, Alger dort, Alger crie, Alger peur, Alger prie, Alger pleure, Algérie». Médine


    13 h 00. Port de Marseille. Cela fait deux heures que nous patientons sur le pont du ferry, tout excités à l’idée de retrouver Alger la Blanche. Plusieurs fois par an, je fais le voyage par avion. En cette fin d’août 2013, une fois n’est pas coutume, j’ai traversé la France en direction de la cité phocéenne, après dix ans de trajets exclusivement par les airs.
    Assise sur le banc écaillé et inconfortable d’un «célèbre» navire algérien, je prends mon mal en patience. Les retards font désormais partie d’un triste folklore. Je me sens déjà à Alger, parmi les Algériens. Dans la file de la douane, les klaxons ont fait rage et certains, pour ne pas rentrer les premiers et sortir les derniers, ont trouvé l’astuce : se garer en plein milieu du passage et simuler une panne.

    Pour accéder à la traversée Marseille-Alger, même en fin de saison, il faut se saigner : 1400 euros pour deux personnes en cabine et une voiture standard. A ce prix-là, j’aurais pu trouver une croisière sur le Nil. Mais l’appel du pays est plus puissant. Et puis, c’est l’occasion ou jamais d’arriver en douceur, d’admirer la Méditerranée. De fouler la terre de mes ancêtres sereine et reposée par le bercement des vagues, loin des fouilles à répétition et des sonneries éreintantes des portiques d’aéroport.

    Malheureusement, très vite, mes projets de relaxation ont été avortés. Cette fois, le voyage vers ce pays et cette ville que je chéris aura été amer. De l’instant même où j’ai mis les pieds sur le navire jusqu’à mon retour, le carnet de mes «vacances» ne s’est rempli qu’avec l’encre de la colère et de l’incompréhension, face aux comportements inciviques, irrespectueux, voire même autodestructeurs de certains Algériens d’ici et d’ailleurs. Ecrire est devenu catharsistique.


    IMMONDICES

    Dix minutes à peine après l’arrivée des premiers passagers, des mégots de cigarettes s’amoncellent sur le pont du bateau, bien que des bacs aient été prévus à cet effet. A mon grand désespoir, les immondices n’ont pas fini de joncher les sols du navire. Dans notre cabine – que j’espérais être un havre de paix et de tranquillité vu son prix - les premiers désenchantements nous éclaboussent le visage. Draps souillés, gilets de sauvetage cassés et, le pire, l’impensable, l’insupportable : la crasse, la saleté, la saloperie, appelez ça comme vous voudrez. Partout. Sur les murs, par terre, sur la porte, dans le lavabo. Le dernier ménage semble dater du siècle dernier. L’idée de passer la nuit enfermée dans cet antre insalubre, mal éclairé (à 1400 euros, pas de hublot), où la seule évacuation d’air a été bouchée par un drap tâché d’une substance plus que douteuse, me révulse littéralement. Comment même imaginer pouvoir prier dans un tel endroit ? Le reste n’est guère mieux. Dans le couloir, les sanitaires sont dignes des meilleurs films d’horreur. Aucune porte ne se ferme, tout est sale, et - âmes sensibles s’abstenir - des excréments collent aux cuvettes. Même se laver les mains relève d’un parcours du combattant. Il faut savoir manipuler les robinets à l’aide de lingettes de manière à ne jamais faire entrer l’épiderme en contact avec ce concentré de microbes ambiants. Ce qui m’indispose aussi, c’est le détachement avec lequel le personnel de bord vous indique le chemin des WC, tout sourire et tout fier. Aucune honte ou gêne ne se lisent sur les visages. Est-ce par habitude ? Ont-ils abandonné le combat ? Trouvent-ils ça normal ou alors pensent-ils que l’unique responsabilité incombe à la société ? Je ne saurais jamais. Les absurdités ne s’arrêtent pas là et l’incivisme s’empare aussi des passagers, telle une malédiction. Les gens prennent le bateau pour un véritable camping. Chaque millimètre de moquette est « squatté » par des matelas, gonflables ou pas, oreillers, couvertures, bagages, qui entravent le passage. Quel amusement que de devoir enjamber à longueur de temps tout ce barda ! Cela deviendrait presque une occupation comme une autre, sur un bateau où vous n’avez accès qu’à votre cabine/geôle et au pont lorsque vous êtes en économique. Même les canapés du bateau sont réquisitionnés. J’ai l’impression de me trouver dans un camp de réfugiés. Un couple de Hollandais observe la scène d’un œil étonné, et finit par rejoindre le pont à la recherche d’air frais, loin des effluves de tchaktchouka (oui, qui dit camping sur la moquette dit aussi pique-nique sur la moquette). Certes, la traversée est hors de prix et tout le monde ne peut pas s’offrir une cabine. Mais priver ceux qui se saignent financièrement, espérant un peu de tranquillité, du peu d’espace public à disposition pendant ces vingt longues heures, ce n’est pas très citoyen. Je me sens sur le territoire du chacun pour soi et Dieu pour tous.

    00 H 30. Dans la nuit, je décide de quitter ma cabine lugubre - dans laquelle j’ai vaporisé de la citronnelle, ultime tentative pour masquer certaines odeurs nauséabondes - pour rejoindre le pont supérieur. Pour la première fois, je prends plaisir à être ici. J’aperçois les îles Baléares toutes illuminées. Je commence enfin à relativiser. Le meilleur est à venir. Mais le répit est de court instant. Car très vite un bruit sourd me tire de ma rêverie et me fait sursauter. Au deuxième « plouf », je comprends ce qui se passe : des cuisines du bateau, du personnel jette d’énormes sacs poubelles remplis des déchets du self-service. J’avais pourtant lu sur plusieurs pancartes à l’intérieur : « Interdit de jeter les ordures par-dessus bord, y compris alimentaires ». Mon énervement reprend de plus belle : pourquoi ne pas attendre l’arrivée au port ? Pourquoi contaminer la mer ? Pourquoi asphyxier les poissons avec du plastique ? Pourquoi tant d’irresponsabilité et d’hypocrisie? Des questions du genre, je n’ai pas fini de m’en poser.


    ALGER LA BLANCHE, ALGER LA NOIRE

    7 h 00. Au petit matin, après une nuit écourtée, l’arrivée sur le port d’Alger est, comme dans mes souvenirs, une pure merveille. Encore brumeuse, la capitale se tire lentement de son sommeil et s’anime. Il est temps de débarquer. Un passager nous le rappelle sèchement : « Allez, dépêchez-vous regagnez les garages sinon vous allez tous nous bloqués ». Le ton est donné. La sortie des garages est on ne peut plus sportive. La guerre est clairement déclarée. Les passagers passent en force, quitte à rayer votre voiture et la leur avec pour sortir le plus vite. Pourtant, ils n’iront pas bien loin. Encore deux heures de formalités administratives les attendent. Après quelques jours de repos en famille, nous nous rendons dans une location saisonnière. De France, les échanges avec l’agent immobilier et le propriétaire avaient été courtois. Quelques photos nous étaient parvenues et un proche avait effectué une rapide visite avant notre arrivée, histoire de s’assurer que l’appartement existait bien. Ce n’est pas la première fois que nous louons à
    Alger. Pas de surprise donc, en principe. Le studio est loué à des gens de passage, des émigrés ou bien des «gwar», à 30 000 dinars la semaine. La villa dans laquelle il se trouve est élégante, bien qu’en bord de route. On nous remet les clés, les vacances peuvent enfin commencer. 15 h 00. Mes premiers pas dans l’appartement ont marqué mon séjour et ont inexorablement contribué à ma « décrépitude estivale ». Première mauvaise nouvelle : la climatisation n’a finalement pas été installée comme promis. Aucun ventilateur de substitut à l’horizon. Les nuits s’annoncent difficiles. Très vite, les désillusions s’enchaînent. Le ménage n’a pas été fait : le sol est crasseux, les draps des anciens locataires n’ont pas été lavés en dépit de ce qu’affirme l’agent (les taies d’oreiller puent le cheveu gras…), la douche est bouchée par des résidus capillaires, les toilettes sont loin d’être nettes. L’intermédiaire s’excuse, nous promet une femme de ménage – nous ferons le ménage nous-mêmes. La visite se poursuit, et, avec elle, son lot de grincements de dents. La porte des toilettes ne se ferme pas. Dans la cuisine « équipée », pas de verres, pas de cafetière, pas de four. Une petite casserole, sans passoire. Pratique pour cuire les pâtes ou le riz, la nourriture de base lorsqu’on ne veut pas se casser la tête en vacances. Nous réalisons petit à petit qu’il nous sera impossible de cuisiner, et encore moins de recevoir nos proches. Pas de balai, ni de pelle, ni de seau pour nettoyer les vestiges des précédents occupants. « Pas de problème », selon l’agent, « faites-moi une liste, je vous apporte tout ça ». Nous limitons les frais et ne demandons que le strict nécessaire. Nous nous précipitons à la supérette du coin pour dévaliser le rayon produits ménagers. Quant à Internet, il nous faut l’oublier.

    Une semaine plus tard, notre voisine de palier vient frapper. La discussion vire au cahier de doléances. Dans son studio, la vie n’est guère plus rose. Elle a trouvé du sang dans le réfrigérateur et des selles dans les WC à son arrivée. Une multitude de questionnements nous envahit. Pourquoi cet irrespect envers les locataires ? Le propriétaire, un homme poli et discret, est-il conscient que louer un appartement dans un tel état est inacceptable ? Je ne doute pas que son espace de vie, au-dessus de nos têtes, soit quant à lui irréprochable. Le paradoxe est horripilant : les Algériens sont les gens les plus propres au monde, chez eux. Ne dit-on pas : «Inna an-nadhafa min al-imane» ? Je rumine d’incompréhension. Pourtant habituée à vivre ici deux à trois mois par an, cette fois, l’accumulation en un laps de temps de comportements intolérables et égocentriques m’est difficile à supporter. Je pense aux Algériens qui doivent endurer ces conduites détestables à longueur de temps. Péniblement, je me fais une raison : dans ces conditions actuelles, je ne pourrais ni même n’oserais jamais ramener avec moi mes amis du monde entier. Et ils sont nombreux à vouloir visiter Alger la Blanche que je leur ai toujours décrite comme une ville extraordinaire.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    «BEBE A BORD»

    20 h 00. Histoire d’apaiser les tensions, nous décidons, un soir, de sortir dîner à Draria. L’odeur des brochettes et de la viande grillées titillent nos narines. Après avoir marché le long des restaurants, histoire de sélectionner celui qui, d’apparence, nous conviendrait le mieux, nous finissons par jeter notre dévolu sur l’un d’entre eux. A l’entrée, le rabatteur nous promet un repas de qualité et une salle familiale impeccable. Une fois assis, un serveur arrive et, sans prononcer le moindre salam, balance nos couverts sur la table. On se sent vite dans une cantine d’école. Qu’importe, nous refusons de laisser un personnage quelque peu grognon nous gâcher la soirée. Alors que nous dégustons le repas avec plaisir – en essayant, toutefois, de ne pas faire de fixation sur les quelques fourmis attablées avec nous – du personnel ramène des verres propres et les dépose sur une table couverte de miettes de pain, de frites et d’autres restes alimentaires. Après les avoir essuyés avec un bout de nappe en papier, il empile un à un les verres auxquels s’accrochent des bouts de nourriture non identifiés, sans le moindre état d’âme pour ceux qui viendront prochainement y apposer leurs lèvres. Tout d’un coup, je n’ai plus du tout envie de boire mon Selecto. En sortant, j’aperçois les cuisines, dans un état pitoyable, et un serveur qui ramasse des restes de salade pour les remettre dans une nouvelle assiette. Je ne suis pas difficile, mais là, ça devient écœurant. Des restaurants comme ça, il y en a partout à travers le monde. Mais là, dans l’avenue la plus connue de Draria, les restaurants de « chwa » font presque partie du patrimoine algérien et de nombreuses familles s’y restaurent. Finalement, et contre tout étonnement, ce sera dans une petite pizzeria (qui ressemble plus à une cave de 4m2 !) du marché de Cheraga que nous mangerons le mieux. L’endroit ne paie vraiment pas de mine, mais il est humble, propre, et on ne cherche pas à nous baratiner. Sur les murs, un panneau attire notre attention : « Si vous êtes satisfaits, dites-le nous, ou sinon, dites-le autour de vous». Ni une ni deux, nous nous levons pour témoigner notre satisfaction. Nous ne sommes pas compliqués. Tout n’est qu’histoire de respect de l’autre. Lorsque nous regagnons notre voiture, un camion s’est placé derrière nous, entravant notre sortie. La seule option est de descendre par l’avant un trottoir haut d’une vingtaine de centimètres. La voiture porte encore les séquelles de cet égoïsme alarmant. De manière générale, le respect du code de la route a toujours été optionnel en Algérie. On s’y fait plus au moins. Mais la situation me semble s’être aggravée, surtout avec la mise en circulation continuelle de nouveaux véhicules. Alger est bouchée, Alger asphyxie, Alger se meurt. Bientôt, on ne pourra plus du tout circuler. Pourquoi ne pas penser au covoiturage entre amis, collègues, famille, gens du même quartier ? Pourquoi prendre sa voiture pour aller chercher du pain, quand le boulanger est à 500 mètres ? Et pourquoi conduire aussi dangereusement, sans se soucier des autres ? Finalement, respecter le code en Algérie, c’est signer son arrêt de mort. Il faut devenir plus roi que le roi de la jungle et apprendre à forcer le passage. Mais ce qui m’irrite le plus, c’est l’irresponsabilité de certains parents qui laissent leurs enfants, à l’arrière ou l’avant, sans ceinture. Et qui en plus collent une étiquette «Bébé à bord». Ne savent-ils pas qu’ils sont potentiellement les premiers meurtriers de leurs enfants ? Que même à une petite vitesse, sur un petit trajet, un brusque coup de frein propulsera leur progéniture dans le pare-brise ? Dans l’islam, ne dit-on pas que tuer un innocent équivaut à tuer toute l’humanité ? Ne fait-on pas des enfants pour les protéger ? Mon ventre se tord d’angoisse à la vue de chaque petit être risquant sa vie sur la route. Je n’imagine pas la patience des Algérois qui doivent vivre ça au quotidien.


    PATRIMOINE EN DANGER

    Chaque été, nous faisons route vers Cherchell, Tipasa et, surtout, Hadjret al-Nous, un petit coin de paradis entre ciel et terre. La plage, c’est la sortie incontournable et le gage de vacances réussies. La plage d’Hadjret al-Nous n’était que peu fréquentée il y a encore deux ans de cela. C’était un havre de tranquillité et de propreté. Aujourd’hui, elle a bien triste mine. Cet été, lorsque j’ai posé mes pieds sur le sable chaud, un sentiment de colère m’a encore une fois envahi. Des détritus me collaient aux talons : boîtes de fromage, bouchons de bouteilles, sacs plastiques, morceaux de verres, charbon de bois, paquets de gâteau, etc. Ce bijou naturel, patrimoine de l’Algérie, entouré de montagnes et de forêts, est devenu une déchetterie. Des gens y ont même installé un campement de fortune. A l’aide de draps, de piquets et de grillages, ils y ont construit une sorte de cabane de 10 m2, avec réchaud, lits, table. Gonflé. J’observe les gens autour de moi, je vois des enfants jouer avec de vieux gobelets ramassés ici et là. Un homme laisse le journal qu’il vient de lire. Un coup de vent plus tard, celui-ci s’envole et vient se coller au visage d’un jeune garçon qui n’y voit plus rien.

    Histoire de ne pas rester sur notre faim, nous décidons de changer de plage. Direction un petit coin près de Chenoua. La plage est plus clean, en partie parce qu’à côté du « parking » trône une véritable poubelle à ciel ouvert, empestant à des mètres à la ronde. Nous nous baignons tranquillement dans une eau relativement propre. La baignade est de courte durée : des petits bateaux de pêche, reconvertis en barque de promenade, viennent, moteurs hurlants, se pavaner à cinq mètres du sable dans l’espoir de faire monter des plagistes. Très vite, la mer devient sale et pleine de fioul. Les conducteurs de ces mini-bolides des mers n’ont aucun scrupule à écumer le bord de mer. En toute impunité, ils circulent entre les enfants. Un plongeur en dessous et c’est la mort assurée. J’ai envie de hurler pour qu’ils dégagent. Je n’ai plus le goût de nager.

    Je me rabats sur les musées. Je n’ai jamais compris pourquoi ces petits joyaux de la culture algérienne demeuraient des lieux déserts. Reflets de la richesse de notre histoire, ils sont tout simplement boudés pour les centres commerciaux. Tant pis, au moins, on y respire. A Alger-Centre, près de la Grande Poste, se tiennent des stands du ministère de la Culture, mettant à la disposition des passants toutes sortes d’informations sur les musées nationaux. Une charmante dame nous renseigne et nous oriente vers le MAMA, Musée d’Art Moderne d’Alger. Une fois arrivés sur place, les portes sont tout simplement closes. Un vigile nous prévient que le musée est en travaux, jusqu’à une période qu’il ignore. Nous sommes consternés de voir que la dame du ministère n’était pas au courant.

    Quelques jours plus tard, sur la route vers Bab El Oued, en direction du Palais du Raïs (Bastion 23), je croise par deux fois deux hommes dévêtus de leurs pantalons et de leurs sous-vêtements, déambulant à la vue de tous. C’est la première fois que j’observe une pareille scène en Algérie. A quelques pas, un policier ne semble pas réagir. Je m’étonne d’un tel stoïcisme devant ce qui est d’habitude qualifié d’outrage à la pudeur. Ma pudeur en prend un coup.

    14 h 00. Au Bastion 23, point de parking. Pratique pour accueillir de potentiels touristes. Un tas d’ordures nous souhaite la bienvenue à l’entrée du musée. Heureusement, l’intérieur constitue une véritable perle architecturale. La beauté du lieu me subjugue, et je peine à comprendre pourquoi nous sommes moins de dix visiteurs. Ensuite, direction La Casbah et le Palais du Dey. Encore une fois, une déchetterie tient lieu de décoration extérieure. Il est bientôt l’heure de la fermeture, mais le guide, content d’avoir des visiteurs, nous offre une visite rapide et commentée de ce vestige historique. Nous sommes propulsés plus d’un siècle en arrière, sur les traces du Dey et de ses domestiques. Une exploration hors du temps qui nous fait oublier les tracas extérieurs.

    BATEAU, ÉPISODE II
    La date du départ approche. Bizarrement, la sensation de déchirement habituelle est moins oppressante et a laissé la place à une amertume que je ne connaissais pas. Après 36 heures de retard, dues à une grève et un temps d’embarquement de dix heures, c’est à bord d’un bateau français que je regagne les terres françaises. Le navire, un géant des mers, est propre contrairement à son homologue algérien. La surprise est agréable, mais la comparaison est douloureuse. L’Algérienne que je suis a du mal à avaler la pilule. A l’intérieur, des espaces de loisirs et de restauration ont été aménagés : brasserie, restaurant, self-service, galerie marchande, café. Je risque de moins m’ennuyer. La cabine, bien que minuscule, est nettoyée. Je suis soulagée, je n’aurais pas à utiliser de produits ménagers. Très vite, beaucoup de mes concitoyens reprennent de mauvaises habitudes. Les matelas empêchent l’accès à la galerie marchande, les espaces de détente deviennent des dortoirs, des boîtes à pizzas sont jetées dans les couloirs. Dans les méandres du bateau, je parviens à repérer ma cabine grâce à une serviette sale qu’un passager a balancée. Elle me sert de balise. Au self-service, un énorme écriteau indique qu’il est interdit de sortir les plateaux. Pas mal de gens dérogent à la règle et emportent leurs steak-frites dans leur chambre ou mangent sur la moquette. La plupart ne prendra même pas la peine de les ramener. A l’approche des côtes marseillaises, je suis partagée entre l’envie de pleurer et de rire. Un homme, adossé à la rambarde, balance une bouteille de coca devant des dizaines de passagers. Estomaqué, un membre de l’équipage hurle : « La mer n’est pas une décharge ! ». Oui, il a bien raison. La mer n’est pas une décharge, ni aucun des espaces publics que nous sommes contraints de partager. Savent-ils qu’une bouteille en plastique peut mettre 400 ans pour se dégrader ? Et qu’un simple chewing-gum, balancé sur le pont, peut y rester collé cinq ans ?

    Que laisserons-nous à nos enfants ? Un pays où jeter une couche par la fenêtre de sa voiture est un acte banal ? Et quelle image transmettons-nous des Algériens ? Je commence à comprendre pourquoi le bateau de la compagnie algérienne était si délabré : à quoi cela sert-il de nettoyer quand quelques personnes sapent automatiquement tout le travail ? L’amour que je porte à mon pays est à la mesure de ma colère. Je suis fatiguée par ces impolitesses, ce manque de civisme, cette autodestruction permanente que certaines personnes ont érigée en norme de vie. Mon séjour s’est traduit par un état de nervosité permanent. Je veux mieux pour l’Algérie, pour les Algériens. Réveillez-vous ! Sauvez notre espace de communauté, notre espace de vivre ensemble. La propreté et la sauvegarde de l’environnement ne sont pas une action à l’échelle individuelle.

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      le patrimoine meurt du moment qu'il n ya plus le lien entre les generations
      c'est qu'on remarque que les enfants et les parent , grand parents, chacun vit dans son monde,
      avidement patrimoine ce perd, rien na de valeur

      cette mondialisation a multiple visages, qui nous envahissent, cette relegion etrange qui nous a été imposé, n'avit pour but que couper tout lien entre les humains, chacun pour soit et dieu pour tous
      cette relegion qui appel a demolir tout patrimoine pour etre un bon musulman
      cette mondialisation qui veut que chacun vit isolé pour éviter les problèmes

      le pire est encore en chemin
      المجد والخلود للرفيق والمناضل المغربي ابراهام سرفاتي

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      • #4
        JOURNAL DE BORD D’UNE ALGERIENNE ENTRE DEUX RIVES (AOUT 2013) : «SOS Algériens en dérive»

        Constat amer mais c'est la realité .......Et encore elle a pas tout dit

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        • #5
          et quand elle fait le voyage par avion plusieurs fois par ans comme elle le mentionne là haut , les plages sont archi propre,les zones de baignade d'excellente qualité, les Restaurants sont sympathique , le service nickel, la nourriture est très saine !
          ou bien elle découvre juste ces endroits sales quand elle voyage en bateau !
          si elle y' retourne plusieurs fois par ans ça veut dire qu'il y'a k mm des endroits potable ds cette Algerie ,qu'elle garde bien de citer
          "N'imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe." Victor Hugo

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          • #6
            Pour le bateau c'est la realité

            si elle y' retourne plusieurs fois par ans ça veut dire qu'il y'a k mm des endroits potable ds cette Algerie ,qu'elle garde bien de citer
            C'est vrai qu'il ne faut pas etre totalement negatif j'ai visité Alger
            le resto ou l'on a fait la rencontre des Faïstes est formidable
            Ainsi que d'autres endroits .....

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            • #7
              ....sinon est ce que vous avez des trucs positifs à dire sur bladkoum .
              And ye shall know the truth and the truth shall make you free.

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              • #8
                J 'ai un très mauvais souvenir du voyage sur le bateau Ile de beauté, compagnie SNCM, en lisant la première partie de cet article j'ai eu limprssion de revivre ce cauchemar, il est inadmissible qu’une compagnie traite sa clientèle de la sorte, c’est une honte, que je pense que des familles économisent pendant des années pour pouvoir se payer le billet à prix d’or (allant 1500 à 3500 euros pour certaines)pour ensuite être traité comme du bétail, c'est pas normale.
                d'ailleurs une pétition a été signé contre cette compagnie, mais je ne connais pas la suite.

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                • #9
                  Que laisserons-nous à nos enfants ? Un pays où jeter une couche par la fenêtre de sa voiture est un acte banal ?
                  ...la nouvelle capitale Boughzoul !

                  Pour les couches, pas de problèmes. Boughzoul veut dire lavage automatique.
                  on jette la couche et hop! boughzoul l'a fait disparaitre...
                  Formaté Algérien

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                  • #10
                    Pour accéder à la traversée Marseille-Alger, même en fin de saison, il faut se saigner : 1400 euros pour deux personnes en cabine et une voiture standard. A ce prix-là, j’aurais pu trouver une croisière sur le Nil.
                    ben vas y vite sur le nil........:22:...........t'as qu'a louer une voiture sur place c'est bien plus cool!:22:.......
                    on fait avec..........

                    Commentaire


                    • #11
                      Mauvaise foi et vérités claires

                      Pour accéder à la traversée Marseille-Alger, même en fin de saison, il faut se saigner : 1400 euros pour deux personnes en cabine et une voiture standard. A ce prix-là, j’aurais pu trouver une croisière sur le Nil.
                      Si tu voulais alléger l'addition, il te suffisait de louer sur place un véhicule surtout!

                      Histoire d’apaiser les tensions, nous décidons, un soir, de sortir dîner à Draria. L’odeur des brochettes et de la viande grillées titillent nos narines. Après avoir marché le long des restaurants, histoire de sélectionner celui qui, d’apparence, nous conviendrait le mieux, nous finissons par jeter notre dévolu sur l’un d’entre eux. A l’entrée, le rabatteur nous promet un repas de qualité et une salle familiale impeccable. Une fois assis, un serveur arrive et, sans prononcer le moindre salam, balance nos couverts sur la table. On se sent vite dans une cantine d’école.
                      Mon oeil oui! Et pourquoi ne pas être allé au Woddy wood Pecker, très propre, serveurs pros et serviables, bonne bouffe, véritablement familial? Ah oui c'est vrai, ces gens veulent du luxe à bas prix!
                      Eyt ce n'est pas le seul, il y a de très bons restos à Draria!

                      Que laisserons-nous à nos enfants ? Un pays où jeter une couche par la fenêtre de sa voiture est un acte banal ? Et quelle image transmettons-nous des Algériens ? Je commence à comprendre pourquoi le bateau de la compagnie algérienne était si délabré : à quoi cela sert-il de nettoyer quand quelques personnes sapent automatiquement tout le travail ? L’amour que je porte à mon pays est à la mesure de ma colère. Je suis fatiguée par ces impolitesses, ce manque de civisme, cette autodestruction permanente que certaines personnes ont érigée en norme de vie
                      Par contre ce n'est hélas que la stricte réalité!
                      “Le cours évolutif du progrès européen pendant ces trois cents dernières années pourrait se résumer à seulement quatre mots: égoïsme, massacres, impudeur et corruption.” Yan Fu

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                      • #12
                        des poissons d'eau douce en vacance dans les eaux salées

                        Commentaire


                        • #13
                          salut Sammy

                          des poissons d'eau douce en vacance dans les eaux salées
                          Que dire....
                          “Le cours évolutif du progrès européen pendant ces trois cents dernières années pourrait se résumer à seulement quatre mots: égoïsme, massacres, impudeur et corruption.” Yan Fu

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                          • #14
                            j'aime beaucoup la ville d’Alger arrêter de critiquer votre pays

                            Commentaire


                            • #15
                              wakila

                              Que dire....

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