Palabre introductive hors sujet… mais pas tout à fait
Par une belle matinée du mois de mai, et suivant l’adage « au mois de mai, fais ce qui te plait », j’ai décidé de partir à la rencontre de la langue de Shakespeare, des fois que l’envie me prendrait d’aller étudier les British dans leur milieu naturel à l’occasion de voyages pour ramener des affaires. Le soleil n’avait pas encore chassé la douce fraicheur matinale, la nature étalait ses fééries printanières, les fleurs exhalaient leurs fragrances et surtout peut-on parler du printemps sans le « wal 3açafirou touzaqziqou fawqa l’aghçane » (les oiseaux prodiguaient d’entre les branches, leurs doux gazouillis.) J’imaginais tout cela dans ma tête en me transportant par la pensée vers les idylliques plaines verdoyantes du pays où je voulais me rendre pour remplir une valise ou deux, point de départ d’une enviable fortune. Mais en ce moment-là, j’étais en plein milieu d’une cité qui étalait la laideur de son béton, de ses antennes paraboliques et de ses sacs en plastique que la brise faisait virevolter, sans arbres, sans oiseaux, sans fleurs. Heureusement que j’étais enrhumé, le nez bouché incapable de sentir les odeurs agressives qui m’auraient fait regretter d’être sorti de mon lit.
J’avançais d’un pas décidé vers mon premier cours d’anglais, emporté par la soif d’apprendre et la joie anticipée de la découverte. J’étais alors loin de deviner qu’il allait être le premier et le dernier, à peine l’unique.
Eh oui ! Nous sommes peu de chose.
Une simple phrase illustrée dans un manuel d’apprentissage de la langue anglaise a brisé un grand destin, celui qui, à partir de deux grandes valises bien bourrées, ramenées du côté de Soho, allaient, petit à petit quoique très rapidement, faire de moi un éminent membre de la maffia de l’import-import, qui aurait passé son temps entre les palaces d’Alger et d’ailleurs, les avions, les grands bazars à marchandises des derniers choix de l’Extrême et Moyen-Orient, les bureaux des transitaires et les banquets bien arrosés, aux côtés de personnalités haut placées elles aussi bien arrosées, le tout expié par des omra, par des festins en guise de sadaqa (aumône)et par de grosses écuelles de couscous déposées à la porte de la mosquée.
Dès que j’ai assimilé le sens des premiers mots de notre manuel d’apprentissage de la langue anglaise, j’ai été comme frappé par la foudre. Pendant un instant, je me suis senti habité par un djinn atteint de Parkinson. J’ai vu de mes deux yeux, là devant moi, l’image de mes projets exploser en une infinité de morceaux et disparaitre à jamais dans le néant. Ah, cette petite phrase, mondialement connue et qui a été reprise dans des films, des romans et autres écrits, est là, gravée dans ma tête, témoin d’une carrière de gros ponte brisée avant même de commencer. Follow me, la voici, dûment illustrée :
« Mon tailleur est riche » inscrite au fronton d’un cours d’anglais fait par des Anglais, citoyens d’un Etat qui ignore le mensonge, la perfidie et l’hypocrisie, veut tout simplement dire que les tailleurs anglais gagnent très très bien leurs vies. Donc que les habits sont très chers dans ce pays. Donc de donc il est impossible que mes maigres moyens de départ me permettent de remplir, même en partie, là-bas deux grosses valises ni d’écouler au bled les marchandises acquises.
Voila !
Ce n’est pas tout…
J’ai aussi appris que les Anglo-saxons avaient la fâcheuse habitude de déformer les prénoms, surtout en éliminant des lettres qu’ils jugent superflues. Ainsi, Edward devient Ed, Albert Al, Elisabeth Liz, Peter Pete… Parfois, on a l’impression qu’ils ont confié la reformulation des prénoms à des bébés comme pour William appelé Bill, Robert Bob ou Bobby…
Cette pratique a joué un mauvais tour à la Télévision nationale à l’occasion de la diffusion d’un feuilleton sur l’envahissement de l’ouest américain par les hordes de colons venus principalement d’Europe. Un des personnages de ce feuilleton s’appelait Zébulon. Pour respecter la tradition, les autres personnages n’utilisaient que les trois premières lettres de son nom pour l’appeler ou l’évoquer. A la RTA, cela a donné: «"Biip"… est parti à la chasse», «"Biip" me manque», «Onc’ "Biip" m’a promis un cadeau»…
En parcourant FA, j’ai constaté que cette pratique de déformation et d’abréviation des pseudos dans les discussions y est très répandue. La conclusion qui s’impose d’elle-même est que FA est envahi par les Américains. Ils doivent même avoir installé une base aux confins de «International», entre «Bouillon de culture», «Cuisine» et «Cinéma et Télévision»
On aborde enfin le sujet
(en peu de mots ce qui explique sans la justifier la longue introduction ci-dessus)
En Algérie, Maroc et Tunisie, ce phénomène de transformation des prénoms existe aussi. Il a parfois, me semble-t-il, un caractère affectif.
Certaines déformations proviennent de la transcription des prénoms par les fonctionnaires français d’état civil.
Voici quelques exemples.
Mohamed
Orthographié parfois M’hamed, il est devenu, notamment en Kabylie, Mohand ou bien M’hand :
Latinisé : Mahomet
Turcisé : Mehmet
Diminutif «francisé» : Momo, Mo’
Diminutif : Moh, Mouh, Moumouh ou Moha
Déclinaisons (à confirmer):
— Hammouda (le voisin idéal),
— Hammoudi, Hammoud (une petite soif ?),
— Hammi (usité du coté de Tlemcen),
— Hammou :
Ahmed
— Hmida
احميدة راس الميدة
جا يصلي صاب جليدة
— Hmimed
— Hamada (dur comme la rocaille)
— Hamadouche, Hamidouche
Fatima
Fatma, Fattoum, Fattouma, Fatna, Tima, Tamou
طَـــامــو يــا بــهــيــج الــخَـــدَّادَة . . . يا الحُرَّة المِنْكَادَة يَا غـايَـة التَـمْـجِـيـد
ديــــري لْـــعـــاشْـــقَـــك مُـــرادُه . . . يــنْــكــي بــيــك كُــلّ حْــســــــــــود
سيدي قدّور العلمي
Poème chanté par Houcine Toulali. Version par Amar Ezzahi;
En milieu tchi-tchi : Faty (va aussi pour Fatiha)
Zahra
S’écrit aussi Zohra.
Souvent accolé à Fatima pour donner Fatima-Zohra
Déclinaisons : Z’hor, Zahira, Z’hirou
Amina
Yamina, Yamna, Mina (l'Explosive)
Par une belle matinée du mois de mai, et suivant l’adage « au mois de mai, fais ce qui te plait », j’ai décidé de partir à la rencontre de la langue de Shakespeare, des fois que l’envie me prendrait d’aller étudier les British dans leur milieu naturel à l’occasion de voyages pour ramener des affaires. Le soleil n’avait pas encore chassé la douce fraicheur matinale, la nature étalait ses fééries printanières, les fleurs exhalaient leurs fragrances et surtout peut-on parler du printemps sans le « wal 3açafirou touzaqziqou fawqa l’aghçane » (les oiseaux prodiguaient d’entre les branches, leurs doux gazouillis.) J’imaginais tout cela dans ma tête en me transportant par la pensée vers les idylliques plaines verdoyantes du pays où je voulais me rendre pour remplir une valise ou deux, point de départ d’une enviable fortune. Mais en ce moment-là, j’étais en plein milieu d’une cité qui étalait la laideur de son béton, de ses antennes paraboliques et de ses sacs en plastique que la brise faisait virevolter, sans arbres, sans oiseaux, sans fleurs. Heureusement que j’étais enrhumé, le nez bouché incapable de sentir les odeurs agressives qui m’auraient fait regretter d’être sorti de mon lit.
J’avançais d’un pas décidé vers mon premier cours d’anglais, emporté par la soif d’apprendre et la joie anticipée de la découverte. J’étais alors loin de deviner qu’il allait être le premier et le dernier, à peine l’unique.
Eh oui ! Nous sommes peu de chose.
Une simple phrase illustrée dans un manuel d’apprentissage de la langue anglaise a brisé un grand destin, celui qui, à partir de deux grandes valises bien bourrées, ramenées du côté de Soho, allaient, petit à petit quoique très rapidement, faire de moi un éminent membre de la maffia de l’import-import, qui aurait passé son temps entre les palaces d’Alger et d’ailleurs, les avions, les grands bazars à marchandises des derniers choix de l’Extrême et Moyen-Orient, les bureaux des transitaires et les banquets bien arrosés, aux côtés de personnalités haut placées elles aussi bien arrosées, le tout expié par des omra, par des festins en guise de sadaqa (aumône)et par de grosses écuelles de couscous déposées à la porte de la mosquée.
Dès que j’ai assimilé le sens des premiers mots de notre manuel d’apprentissage de la langue anglaise, j’ai été comme frappé par la foudre. Pendant un instant, je me suis senti habité par un djinn atteint de Parkinson. J’ai vu de mes deux yeux, là devant moi, l’image de mes projets exploser en une infinité de morceaux et disparaitre à jamais dans le néant. Ah, cette petite phrase, mondialement connue et qui a été reprise dans des films, des romans et autres écrits, est là, gravée dans ma tête, témoin d’une carrière de gros ponte brisée avant même de commencer. Follow me, la voici, dûment illustrée :
« Mon tailleur est riche » inscrite au fronton d’un cours d’anglais fait par des Anglais, citoyens d’un Etat qui ignore le mensonge, la perfidie et l’hypocrisie, veut tout simplement dire que les tailleurs anglais gagnent très très bien leurs vies. Donc que les habits sont très chers dans ce pays. Donc de donc il est impossible que mes maigres moyens de départ me permettent de remplir, même en partie, là-bas deux grosses valises ni d’écouler au bled les marchandises acquises.
Voila !
Ce n’est pas tout…
J’ai aussi appris que les Anglo-saxons avaient la fâcheuse habitude de déformer les prénoms, surtout en éliminant des lettres qu’ils jugent superflues. Ainsi, Edward devient Ed, Albert Al, Elisabeth Liz, Peter Pete… Parfois, on a l’impression qu’ils ont confié la reformulation des prénoms à des bébés comme pour William appelé Bill, Robert Bob ou Bobby…
Cette pratique a joué un mauvais tour à la Télévision nationale à l’occasion de la diffusion d’un feuilleton sur l’envahissement de l’ouest américain par les hordes de colons venus principalement d’Europe. Un des personnages de ce feuilleton s’appelait Zébulon. Pour respecter la tradition, les autres personnages n’utilisaient que les trois premières lettres de son nom pour l’appeler ou l’évoquer. A la RTA, cela a donné: «"Biip"… est parti à la chasse», «"Biip" me manque», «Onc’ "Biip" m’a promis un cadeau»…
En parcourant FA, j’ai constaté que cette pratique de déformation et d’abréviation des pseudos dans les discussions y est très répandue. La conclusion qui s’impose d’elle-même est que FA est envahi par les Américains. Ils doivent même avoir installé une base aux confins de «International», entre «Bouillon de culture», «Cuisine» et «Cinéma et Télévision»
On aborde enfin le sujet
(en peu de mots ce qui explique sans la justifier la longue introduction ci-dessus)
En Algérie, Maroc et Tunisie, ce phénomène de transformation des prénoms existe aussi. Il a parfois, me semble-t-il, un caractère affectif.
Certaines déformations proviennent de la transcription des prénoms par les fonctionnaires français d’état civil.
Voici quelques exemples.
Mohamed
Orthographié parfois M’hamed, il est devenu, notamment en Kabylie, Mohand ou bien M’hand :
Je suivais des yeux le soleil
En route vers mon pays
Il poussait vers l’occident sa course
Comment mon cœur connaîtrait-il la joie
J’ai laissé là-bas mes amis
Parfums de musc et d’ambre
---------------
Je le jure de Tizi-Ouzou
Jusqu’à l’Akfadou
Nul d’eux ne me commandera
Plutôt rompre que plier
Plutôt être maudit
Dans un pays où les chefs sont des entremetteurs…
---------------
Faucon écoute bien mon message
Avant de déployer tes deux ailes
Sois de ceux qui comprennent
Par-delà la montagne
Emporte mes lettres
Et raconte à chaque ami
S’il est encore des cœurs qui s’attendrissent
Qu’ils se souviennent de moi
Enfant prédestiné à l’exil.
Extraits de poèmes de Si Mohand Ou M’hand
En route vers mon pays
Il poussait vers l’occident sa course
Comment mon cœur connaîtrait-il la joie
J’ai laissé là-bas mes amis
Parfums de musc et d’ambre
---------------
Je le jure de Tizi-Ouzou
Jusqu’à l’Akfadou
Nul d’eux ne me commandera
Plutôt rompre que plier
Plutôt être maudit
Dans un pays où les chefs sont des entremetteurs…
---------------
Faucon écoute bien mon message
Avant de déployer tes deux ailes
Sois de ceux qui comprennent
Par-delà la montagne
Emporte mes lettres
Et raconte à chaque ami
S’il est encore des cœurs qui s’attendrissent
Qu’ils se souviennent de moi
Enfant prédestiné à l’exil.
Extraits de poèmes de Si Mohand Ou M’hand
Latinisé : Mahomet
Turcisé : Mehmet
Diminutif «francisé» : Momo, Mo’
Diminutif : Moh, Mouh, Moumouh ou Moha
Déclinaisons (à confirmer):
— Hammouda (le voisin idéal),
— Hammoudi, Hammoud (une petite soif ?),
— Hammi (usité du coté de Tlemcen),
— Hammou :
عندي ربيب اسمو حمو كلا عشاه و عشا مو
الشحم دايب ف فمو و بالعظم كوى راجل مو
Sidi Abderrahmane El Mejdoub
الشحم دايب ف فمو و بالعظم كوى راجل مو
Sidi Abderrahmane El Mejdoub
Ahmed
— Hmida
احميدة راس الميدة
جا يصلي صاب جليدة
— Hmimed
— Hamada (dur comme la rocaille)
— Hamadouche, Hamidouche
Fatima
يـــــوم الـــخـــمــــيــــس ســــــارت بــيـــــــا رجـــلـــــي لـــعــــنـــــــد رأس الــــشــــــــارع
لــقــيـــت فــــــاطــــمــــــة الـــهــــمــــيــــــة شـــبـــيــــهـــــــة الــهــــــــلال الــــــطــــــالـع
مـــــا لــهـــــا مــثــيــــــل فـــي الــــــدنــيــــا تــــــــاج الأريــــــــــام يــــــا مــــن تــــســمـع
كـــــواتـــنــــــي بـــنـــــــــار قـــــــــويـــــــة و مـــــشـــــيــــــت بـالـــــغــــــــــرام مــــولــع
Bensahla
Déclinaisons:لــقــيـــت فــــــاطــــمــــــة الـــهــــمــــيــــــة شـــبـــيــــهـــــــة الــهــــــــلال الــــــطــــــالـع
مـــــا لــهـــــا مــثــيــــــل فـــي الــــــدنــيــــا تــــــــاج الأريــــــــــام يــــــا مــــن تــــســمـع
كـــــواتـــنــــــي بـــنـــــــــار قـــــــــويـــــــة و مـــــشـــــيــــــت بـالـــــغــــــــــرام مــــولــع
Bensahla
Fatma, Fattoum, Fattouma, Fatna, Tima, Tamou
طَـــامــو يــا بــهــيــج الــخَـــدَّادَة . . . يا الحُرَّة المِنْكَادَة يَا غـايَـة التَـمْـجِـيـد
ديــــري لْـــعـــاشْـــقَـــك مُـــرادُه . . . يــنْــكــي بــيــك كُــلّ حْــســــــــــود
سيدي قدّور العلمي
Poème chanté par Houcine Toulali. Version par Amar Ezzahi;
En milieu tchi-tchi : Faty (va aussi pour Fatiha)
Zahra
S’écrit aussi Zohra.
Souvent accolé à Fatima pour donner Fatima-Zohra
Déclinaisons : Z’hor, Zahira, Z’hirou
Amina
Yamina, Yamna, Mina (l'Explosive)
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