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Emigrés d’hier et d’aujourd’hui :Rêves de départ

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  • Emigrés d’hier et d’aujourd’hui :Rêves de départ

    Les femmes ne songeaient pas alors à accompagner leurs maris en exil. Cela aurait été un acte grave. La seule pensée d’un tel départ n’effleurait même pas les esprits. Les beaux-parents et les parents se seraient dressés immédiatement contre la réalisation d’un tel projet insensé. Il nuira à la réputation et à l’honneur des deux familles.
    L’émigré partait et revenait parmi les siens pour son seul mois de congé. Cela suffisait pour réjouir sa femme et ses enfants. Un mois durant, celle-ci se parait, dissimulait mal sa joie et ceux la exhibaient fièrement leurs jouets. Ils ne dépassaient jamais deux journées pour se salir ou se casser dans les cours poussiéreuses. Moments de détachement, de rêves et de bonheur. Puis un jour, la parenthèse se refermait. Le père repartait en catimini vers l’usine, abrégeant cette période de félicité. Et jusqu’à son retour, des lettres le harcèleraient exigeant des mandats réguliers même si l’on n’oubliait jamais de lui souhaiter, selon la formule consacrée, des épistoliers du village « Bonne santé et prochaine arrivée ». Beaucoup de femmes rêvent désormais de s’installer en France. Elles espèrent, comme les joueurs de loto, tirer le bon numéro. Accepter la demande en mariage d’un émigré allait de pair avec des arrière-pensées. De préférence, il faut harponner un vieux pour hériter vite d’une fortune supposée et refaire ensuite sa vie. Ces dernières années, parmi les nouvelles et étranges habitudes qui avaient enfiévré les esprits, le départ des femmes vers la France avait d’abord ébranlé les consciences. Elles ont fini par s’en accommoder. Les jeunes y trouvaient toujours quelque intérêt à l’installation d’une sœur ou d’une mère. Elles inondent la famille de fringues et d’argent pour pouvoir rouler carrosse. Les vieux se disent convaincus que le siècle n’a pas livré et dévoilé toutes ses turpitudes. La première à partir fut notre voisine. Accompagnée de son fils aîné, elle arriva à Paris sans crier gare pour surprendre son époux dans sa petite chambre d’hôtel minable. Il n’avait pas donné signe de vie depuis quinze ans. Après, tour à tour, deux autres prétextant des soins s’en allèrent. A leur premier retour, on comprit vite à leurs nouvelles façons de s’habiller, à cette métamorphose de visages devenus plus clairs que désormais personne ne pouvait empêcher un retour au pays de Cocagne. Leurs maris ne voyaient plus d’inconvénient. Ils n’étaient plus les seuls à voyager avec leurs épouses. Il suffit de faire un tour à l’aéroport ou au port pour voir des dizaines de femmes de tout âge encombrant le hall avec d’énormes valises. Parfois, elles sont seulement reconnaissables à ces longs peignoirs mal assortis avec leurs robes aux couleurs chatoyantes ou à cet air égaré de paysannes peu habituées aux foules grouillantes. Les premiers émigrés habitaient seuls ou s’entassaient dans des hôtels sordides. Maintenant, le souci de tout un chacun est d’acheter un appartement, ou mieux un commerce pour installer femme et enfants. Les plus malins construisent au village pour prouver leur réussite et en ville pour revenir deux ou trois fois l’an encaisser le loyer. Des smicards à Paris que la dépréciation du dinar transformait en millionnaires. La plupart ont cessé d’envoyer des mandats par la poste préférant les circuits ou le change avait valeur d’investissement. Ceux qui avaient travaillé en France et n’ayant pas encore atteint l’âge de la retraite, tremblaient à l’idée qu’avant d’atteindre le cap fatidique, l’état aurait déjà mis le holà à ce trafic. Obnubilés par le gain facile, d’aucuns répandirent même une rumeur. La France, disait-on, s’apprêtait à allouer une confortable pension à tous ceux qui, durant la guerre, furent de simples indicateurs. On comprenait mal un pays où tout le monde se voulait en instance de départ. Les derniers à déserter la poste du village furent les vieux. Harcelés par leurs enfants, beaucoup se sont résignés à ouvrir des comptes en France et ne venaient plus chaque matin attendre l’arrivée du courrier. Aucun d’entre eux ne suivait des yeux la petite voiture jaune qui descendait la route en lacets qui mène vers la localité. Un petit point noir qui grandit en même temps que l’espoir de ceux qui espèrent une bonne nouvelle.
    Oh, automobile
    Je suis orphelin
    Je manque d’argent
    Et des êtres chers
    La chanson roulait dans la tête tandis que se perdait de vue la messagère chantée. On devinait seulement qu’elle a dépassé le pont et remontait la route escarpée. D’un moment à l’autre, ses pneus crisseront devant la porte de la poste. Le facteur descendra mais il n’empoignait plus de colis et le volume du courrier se réduisait de plus en plus. Les alentours de la petite bâtisse ne désemplissaient pas pour autant. A ses grilles, s’agglutinaient les jeunes n’ayant pourtant nul mandat à encaisser. Ils étaient à l’affût des lettres provenant du Canada, d’Allemagne ou du Danemark. Des correspondances qui entretenaient elles aussi des amours impossibles et des rêves d’exil.
    R . Hammoudi

    HORIZONS le 5 août 2014
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Tiarti Salam

    Malheureusement c'est la vérité avant on compté le nombre d'Année en exil par le nombres d'enfants
    Maintenant nous sommes face a une société de matérialistes ou des jeunettes se marient avec des Vieux pour la pensions en Euros Pour pourvoir enrichir leurs familles au pays et après faire monter son petit copain ou même avant se payer un amant car le petit vieux ne peut faire son devoir de mari ...
    C'est aussi valable pour les hommes ...

    Merci de ce partage très intéressant et réel ...

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