Sida, préservatif: les tabous commencent à être levés en Algérie
ALGER (AFP) - Longtemps tabou, le préservatif est désormais ouvertement prôné dans les médias algériens pour contrer la propagation du sida, et les imams ont été appelés par les autorités à en vulgariser l'usage auprès de leurs ouailles.
Passant outre la pudibonderie algérienne, experts et spécialistes se succèdent à la radio et à la télévision pour expliquer que le préservatif reste le seul moyen efficace d'enrayer la progression de la maladie, dont le virus se propage essentiellement à l'occasion de rapports sexuels non-protégés, insistent-ils.
L'Algérie comptait à la fin septembre 740 cas de sida et 2.092 cas de séropositifs, selon le président de l'Association AIDS Algérie, Adel Zeddam.
Quarante nouveaux cas de sida et 120 nouveaux cas de séropositifs sont enregistrés en moyenne chaque année, selon le ministère algérien de la Santé.
Mais ces chiffres sont contestés par des experts indépendants comme le directeur du laboratoire de recherche sur le sida de Tizi Ouzou, le Pr Kamel Senhadji, spécialiste de thérapie génique, qui mettent en avant la faiblesse du dépistage et la méconnaissance de la maladie par la population.
"La meilleure manière de changer les mentalités est de se tourner vers l'école pour inculquer une culture préventive contre le sida, il est urgent de faire des générations conscientes des dangers qui les guettent", a-t-il dit.
Selon des experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) cités par la presse algérienne, il y aurait quelque 20.000 cas de sida non dépistés en Algérie.
La journée mondiale de lutte contre le sida a été l'occasion pour les spécialistes et les associations de parler ouvertement du préservatif sans s'attirer les foudres des imams intégristes qui assimilent tout appel à son usage à une "incitation à la débauche".
Fin novembre, les imams ont même été invités pour la première fois par le ministère des Affaires religieuses à parler dans leur prêche du vendredi des "voies de transmission du sida (...) tels les rapports sexuels non protégés".
"On n'est pas encore au stade de placer des distributeurs dans la rue, mais c'est déjà un grand progrès de parler du préservatif comme unique moyen de protection contre le sida pour ceux qui, ne se résignant pas à l'abstinence, fréquentent des prostituées", a affirmé un jeune chargé de la sensibilisation sur la propagation du virus dans un quartier d'Alger.
Des Algériens interrogés par la télévision publique continuent de croire que le sida se transmet par simple contact avec un malade, ou même du seul fait de le côtoyer. D'autres, sous l'influence d'imams rigoristes, sont convaincus que le sida est une punition, voire une malédiction, qui frappe "les fornicateurs, les débauchés et les déviants" (NDLR: homosexuels).
Contaminée par son mari de retour d'un voyage à l'étranger, une femme a témoigné le visage caché à la télévision que ses proches rejetaient les repas qu'elle préparait et ne touchaient aucun de ses objets personnels.
Selon une étude menée de juin à novembre par un organisme officiel de recherche, "Forem", 40% des jeunes de 20 à 30 ans "ne savent rien sur le sida" ni sur "les moyens de protection ou de prévention" contre cette maladie.
Le président du Comité national de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et sida (CNLIST-SIDA), le Pr Abdelouahad Dif, a indiqué que le Hoggar (Sahara), une région de transit pour des milliers de subsahariens vers l'Europe, constituait "une zone à risque".
Selon le Pr Dif, 54 centres de dépistages gratuits et anonymes doivent être ouverts prochainement en Algérie. Leur ouverture sera accompagnée par le lancement de campagnes de sensibilisation continues "pour une meilleure visibilité" du fléau, a-t-il dit.
Un nouveau centre de dépistage volontaire du sida sera ouvert à Tamanrasset, pour renforcer ceux déjà existants dans cette ville, à Aïn Salah, In Guezzam et Tin Zaouatine, aux confins de l'Afrique subsaharienne.
ALGER (AFP) - Longtemps tabou, le préservatif est désormais ouvertement prôné dans les médias algériens pour contrer la propagation du sida, et les imams ont été appelés par les autorités à en vulgariser l'usage auprès de leurs ouailles.
Passant outre la pudibonderie algérienne, experts et spécialistes se succèdent à la radio et à la télévision pour expliquer que le préservatif reste le seul moyen efficace d'enrayer la progression de la maladie, dont le virus se propage essentiellement à l'occasion de rapports sexuels non-protégés, insistent-ils.
L'Algérie comptait à la fin septembre 740 cas de sida et 2.092 cas de séropositifs, selon le président de l'Association AIDS Algérie, Adel Zeddam.
Quarante nouveaux cas de sida et 120 nouveaux cas de séropositifs sont enregistrés en moyenne chaque année, selon le ministère algérien de la Santé.
Mais ces chiffres sont contestés par des experts indépendants comme le directeur du laboratoire de recherche sur le sida de Tizi Ouzou, le Pr Kamel Senhadji, spécialiste de thérapie génique, qui mettent en avant la faiblesse du dépistage et la méconnaissance de la maladie par la population.
"La meilleure manière de changer les mentalités est de se tourner vers l'école pour inculquer une culture préventive contre le sida, il est urgent de faire des générations conscientes des dangers qui les guettent", a-t-il dit.
Selon des experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) cités par la presse algérienne, il y aurait quelque 20.000 cas de sida non dépistés en Algérie.
La journée mondiale de lutte contre le sida a été l'occasion pour les spécialistes et les associations de parler ouvertement du préservatif sans s'attirer les foudres des imams intégristes qui assimilent tout appel à son usage à une "incitation à la débauche".
Fin novembre, les imams ont même été invités pour la première fois par le ministère des Affaires religieuses à parler dans leur prêche du vendredi des "voies de transmission du sida (...) tels les rapports sexuels non protégés".
"On n'est pas encore au stade de placer des distributeurs dans la rue, mais c'est déjà un grand progrès de parler du préservatif comme unique moyen de protection contre le sida pour ceux qui, ne se résignant pas à l'abstinence, fréquentent des prostituées", a affirmé un jeune chargé de la sensibilisation sur la propagation du virus dans un quartier d'Alger.
Des Algériens interrogés par la télévision publique continuent de croire que le sida se transmet par simple contact avec un malade, ou même du seul fait de le côtoyer. D'autres, sous l'influence d'imams rigoristes, sont convaincus que le sida est une punition, voire une malédiction, qui frappe "les fornicateurs, les débauchés et les déviants" (NDLR: homosexuels).
Contaminée par son mari de retour d'un voyage à l'étranger, une femme a témoigné le visage caché à la télévision que ses proches rejetaient les repas qu'elle préparait et ne touchaient aucun de ses objets personnels.
Selon une étude menée de juin à novembre par un organisme officiel de recherche, "Forem", 40% des jeunes de 20 à 30 ans "ne savent rien sur le sida" ni sur "les moyens de protection ou de prévention" contre cette maladie.
Le président du Comité national de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et sida (CNLIST-SIDA), le Pr Abdelouahad Dif, a indiqué que le Hoggar (Sahara), une région de transit pour des milliers de subsahariens vers l'Europe, constituait "une zone à risque".
Selon le Pr Dif, 54 centres de dépistages gratuits et anonymes doivent être ouverts prochainement en Algérie. Leur ouverture sera accompagnée par le lancement de campagnes de sensibilisation continues "pour une meilleure visibilité" du fléau, a-t-il dit.
Un nouveau centre de dépistage volontaire du sida sera ouvert à Tamanrasset, pour renforcer ceux déjà existants dans cette ville, à Aïn Salah, In Guezzam et Tin Zaouatine, aux confins de l'Afrique subsaharienne.
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