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Le téléphone portable est de loin un objet de torture pour la majorité d'entre nous. Le fil à la patte. Je dirais la puce au milieu du cerveau. Celui-ci en continuel éveil surveille la coordination de la sonnerie avec le décrochage et la prise en compte de l'appel entrant.
La peur s'installe au creux de notre cœur qui palpite au rythme de la sonnerie qu'on aimerait vite couper pour rompre cette angoisse. L'œil à l'aguet surveille le répertoire. Tel une roue de bingo, le numéro élu sort de l'étagère et se jette contre l'afficheur.
Il a l'air de vous demander de l'aide, le numéro entrant. Alors, comme pour le soulager, vous décrochez enfin. Pourvu que la fin arrive vite.
C'est le copain qui a sonné. Il est sonné. Cela faisait longtemps. Là, il a besoin de vous. Alors le décor est planté, rapidement. Et le « j'ai besoin de… » se lance telle une fusée sans préalable aucun. Dans le meilleur des cas, vous aurez un « bonjour, ça va ? » auquel l'autre n'attend pas de réponse. Il met la deuxième et vous déverse ce qu'il a à vous dire, à vous demander.
Il se permet même un « merci » par avance sans attendre votre approbation. Dans le pire des cas, il raccrochera aussitôt et vous laissera planté « là » avec le service que vous devez lui rendre. Vous essayez de le rappeler aussitôt mais c'est déjà trop tard.
Il est en messagerie. Celle-ci prend les messages mais vous donnera aucune indication.
Avant, la distance, la correction, la bonne éducation étaient les paravents naturels à des demandes incongrues. Maintenant, le téléphone permet à celui qui appelle toutes les libertés. Sans visage. Le regard derrière l'appareil n'apparaît pas. On se cache derrière une voix que le numérique transporte vers l'interlocuteur qui demeure loin. Et en même temps trop proche, car dans votre poche.
par El-Guellil
Q oran
La peur s'installe au creux de notre cœur qui palpite au rythme de la sonnerie qu'on aimerait vite couper pour rompre cette angoisse. L'œil à l'aguet surveille le répertoire. Tel une roue de bingo, le numéro élu sort de l'étagère et se jette contre l'afficheur.
Il a l'air de vous demander de l'aide, le numéro entrant. Alors, comme pour le soulager, vous décrochez enfin. Pourvu que la fin arrive vite.
C'est le copain qui a sonné. Il est sonné. Cela faisait longtemps. Là, il a besoin de vous. Alors le décor est planté, rapidement. Et le « j'ai besoin de… » se lance telle une fusée sans préalable aucun. Dans le meilleur des cas, vous aurez un « bonjour, ça va ? » auquel l'autre n'attend pas de réponse. Il met la deuxième et vous déverse ce qu'il a à vous dire, à vous demander.
Il se permet même un « merci » par avance sans attendre votre approbation. Dans le pire des cas, il raccrochera aussitôt et vous laissera planté « là » avec le service que vous devez lui rendre. Vous essayez de le rappeler aussitôt mais c'est déjà trop tard.
Il est en messagerie. Celle-ci prend les messages mais vous donnera aucune indication.
Avant, la distance, la correction, la bonne éducation étaient les paravents naturels à des demandes incongrues. Maintenant, le téléphone permet à celui qui appelle toutes les libertés. Sans visage. Le regard derrière l'appareil n'apparaît pas. On se cache derrière une voix que le numérique transporte vers l'interlocuteur qui demeure loin. Et en même temps trop proche, car dans votre poche.
par El-Guellil
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