Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Faut-il être victime afin d'être reconnu?

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Faut-il être victime afin d'être reconnu?

    Il est vrai que sans insertion dans la presse, nombreuses victimes doivent souffrir leur martyr en silence.

    Cependant, est-il pudique de raconter ses souffrances au lu de tout un chacun? Je crains fort que l'étalement de nos contrariétés ne doit pas être mis à découvert. Sous réserve d'aveux exprimés à un psychanalyste, nos déboires ne sont que d'apanage d'une sphère privée

    Quant à votre opinion?
    ____________________________________________

    Pourquoi Jacques Chirac a-t-il tenu à interrompre ses vacances pour accueillir à son retour d'Irak la journaliste Florence Aubenas, dont le rapt avait ému la France entière? Pourquoi les GI qui reviennent de Bagdad sont-ils considérés comme des victimes plutôt que comme des combattants?

    Dans un ouvrage écrit en commun, la psychanalyste Caroline Eliacheff et l'avocat Daniel Soulez Larivière analysent l'évolution, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, du statut des victimes, en Occident et plus particulièrement en France. Ils montrent comment celles-ci sont aujourd'hui portées aux nues. Ce qui n'est pas sans poser problème: «La valorisation des victimes telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui nous paraît présenter d'immenses avantages mais aussi de graves inconvénients, tant pour la démocratie que pour les victimes elles-mêmes», résument les auteurs. Parce qu'il est dangereux qu'un pays soit gouverné par l'émotionnel, et parce que les victimes, réelles, peuvent être prises dans un tourbillon médiatique qui les dépasse.

    La psychanalyste Caroline Eliacheff n'est pas une inconnue. Elle a notamment publié Vies privées, de l'enfant roi à l'enfant victime en 1997, Mères-filles, une relation à trois en 2002, et La famille dans tous ses états en 2004. Si elle a décidé d'écrire ce livre sur les phénomènes de victimisation en collaboration avec un avocat, c'est, dit-elle, «parce qu'aujourd'hui les victimes frappent à deux portes: celle du psy et celle de l'avocat. Aussi, Daniel Soulez Larivière et moi-même trouvions intéressant de confronter nos points de vue. Et cela nous a appris, à l'un comme à l'autre, énormément de choses». Selon elle, notre engouement pour les victimes est lié à notre fonctionnement démocratique, et il a débuté avec les années 80.

    «A ce moment-là, la nomenclature psychiatrique devient plus favorable aux victimes. En France, Robert Badinter, ministre de la Justice, se préoccupe d'avantage d'elles et encourage la formation d'associations. C'est aussi l'époque de l'éclosion de l'humanitaire. Il y a ainsi toute une série de facteurs qui conduisent la victime sur le devant de la scène.
Chargement...
X