Dans la promotion 2017, près des deux tiers des bacheliers sont des bachelières. Bien qu’il reste à saisir les causes et les retombées prévisionnelles de ce résultat, cela fait motif à se réjouir de ce pied de nez fait à une école qui justement sert à propager le machisme.
La féminisation tendancielle du personnel de l’éducation n’est peut-être pas étrangère à ce qui paraît être l’effet d’un surcroît de motivation chez les lycéennes en comparaison de leurs camarades garçons. Mais cette évolution dans la structure du personnel enseignant est le résultat d’une division sexuelle du travail qui, au plan global, n’est pas à l’avantage des femmes. À travers cette forme de partage des rôles, les femmes instruites sont sociologiquement poussées vers des “métiers praticables par les femmes” : en priorité, l’enseignement où elles ont affaire à des enfants et à la santé où elles sont dans un rapport de force favorable avec leurs patients, leurs patients masculins en particulier.
Cette “spécialisation” arrange la victime du sexisme parce qu’elle n’aura pas d’obstacles à affronter pour évoluer dans les filières que la société lui préfère. Et elle arrange le promoteur de la discrimination sexuelle parce qu’il pourra parquer les femmes dans des réserves socioprofessionnelles à prédilection féminine.
Ainsi, si ce misogyne ne peut pas encore choisir des professeurs femmes pour sa fille, il peut déjà choisir une femme médecin pour son épouse. Et pas seulement dans le privé ; dans certains centres médicaux (il reste à en estimer la proportion), certains soins sont pris en charge, selon le sexe du malade, par un infirmier ou infirmière ! Loin de contribuer à faire avancer la question de la place de la femme dans la société, la formation en quantité d’enseignantes et de doctoresses a plutôt son utilité pour l’extension pratique de l’idéologie séparatiste
dominante.
Jamais les Algériennes n’ont été autant “indésirables” dans l’espace public que depuis ces deux dernières décennies, depuis qu’elles sont plus nombreuses et vont plus loin dans les études et depuis qu’il paraît que nous sommes pris d’un regain de religiosité. Ainsi, la régression statutaire de la femme est en train d’aller en sens inverse de son “émancipation” scolaire et universitaire !
Par ce beau résultat, renouvelé d’ailleurs, où les filles offrent à la femme en général une sorte de revanche sur sa condition de personne astreinte.
Une belle performance, mais une performance frustrante, si c’est pour devenir médecin ou infirmière et que l’agent de sécurité du centre médical, personnage toujours masculin et partout omnipotent, vous trie les patients par sexe.
Et le pouvoir, obnubilé par le rêve de se réconcilier les islamistes, encourage à la normalisation régressive de tous les compartiments de l’État et de la société. Le cas échéant, c’est lui qui se charge de marginaliser les esprits brillants ou libres. Par son mode de cooptation, il traque la rationalité assumée pour promouvoir l’observance niaise qui fait dire à une ministre que les femmes hauts fonctionnaires devraient renoncer à leurs salaires et s’en remettre à l’entretien de leurs époux tuteurs.
Même améliorée, que peut l’école contre les forces du recul ? Et dans ce texte, est-elle réformable ? Cela dit, bravo les filles !
M. H.
La féminisation tendancielle du personnel de l’éducation n’est peut-être pas étrangère à ce qui paraît être l’effet d’un surcroît de motivation chez les lycéennes en comparaison de leurs camarades garçons. Mais cette évolution dans la structure du personnel enseignant est le résultat d’une division sexuelle du travail qui, au plan global, n’est pas à l’avantage des femmes. À travers cette forme de partage des rôles, les femmes instruites sont sociologiquement poussées vers des “métiers praticables par les femmes” : en priorité, l’enseignement où elles ont affaire à des enfants et à la santé où elles sont dans un rapport de force favorable avec leurs patients, leurs patients masculins en particulier.
Cette “spécialisation” arrange la victime du sexisme parce qu’elle n’aura pas d’obstacles à affronter pour évoluer dans les filières que la société lui préfère. Et elle arrange le promoteur de la discrimination sexuelle parce qu’il pourra parquer les femmes dans des réserves socioprofessionnelles à prédilection féminine.
Ainsi, si ce misogyne ne peut pas encore choisir des professeurs femmes pour sa fille, il peut déjà choisir une femme médecin pour son épouse. Et pas seulement dans le privé ; dans certains centres médicaux (il reste à en estimer la proportion), certains soins sont pris en charge, selon le sexe du malade, par un infirmier ou infirmière ! Loin de contribuer à faire avancer la question de la place de la femme dans la société, la formation en quantité d’enseignantes et de doctoresses a plutôt son utilité pour l’extension pratique de l’idéologie séparatiste
dominante.
Jamais les Algériennes n’ont été autant “indésirables” dans l’espace public que depuis ces deux dernières décennies, depuis qu’elles sont plus nombreuses et vont plus loin dans les études et depuis qu’il paraît que nous sommes pris d’un regain de religiosité. Ainsi, la régression statutaire de la femme est en train d’aller en sens inverse de son “émancipation” scolaire et universitaire !
Par ce beau résultat, renouvelé d’ailleurs, où les filles offrent à la femme en général une sorte de revanche sur sa condition de personne astreinte.
Une belle performance, mais une performance frustrante, si c’est pour devenir médecin ou infirmière et que l’agent de sécurité du centre médical, personnage toujours masculin et partout omnipotent, vous trie les patients par sexe.
Et le pouvoir, obnubilé par le rêve de se réconcilier les islamistes, encourage à la normalisation régressive de tous les compartiments de l’État et de la société. Le cas échéant, c’est lui qui se charge de marginaliser les esprits brillants ou libres. Par son mode de cooptation, il traque la rationalité assumée pour promouvoir l’observance niaise qui fait dire à une ministre que les femmes hauts fonctionnaires devraient renoncer à leurs salaires et s’en remettre à l’entretien de leurs époux tuteurs.
Même améliorée, que peut l’école contre les forces du recul ? Et dans ce texte, est-elle réformable ? Cela dit, bravo les filles !
M. H.
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