Khadidja Benhamou a revêtu la couronne de Miss Algérie 2019. En France et aux États-Unis où ce titre existe depuis les années 20 en se développant avec l’expansion de la société de consommation, le concours de beauté est vilipendé par les mouvements féministes en ce sens qu’il avilit la femme, la présente comme un objet et introduit une tyrannie de la beauté qui attise le côté voyeur du public tout en étant anxiogène pour les femmes.
Entrée brutalement dans le modèle du consumérisme, l’Algérie, pourtant conservatrice, s’est laissée entraîner dans cette mode d’un concours qui est surtout un événement lucratif pour ses organisateurs. On ne les créditera pas exceptionnellement d’intentions vertueuses.
Qu’importe l’objectif, le concours de cette année aura révélé dans son horreur un monstre qui enlaidit la société algérienne, au cris duquel les réseaux sociaux ont donné une résonance planétaire. Malheur : le jury a distingué une fille à la peau un peu plus pigmentée que la moyenne nationale, venant du plus profond de l’Algérie.
Khadidja Benhamou est d’Adrar, cette ville dont la seule consonance revendique son appartenance à l’histoire multimillénaire de l’Algérie et à son enracinement africain. Examinons au hasard la toponymie des lieux dans cette wilaya du Sud où certains sites présentent encore les signes d’une écriture préhistorique : Abenkour, Admeur, Aghil, Aoulef, Asfaou, Azzekour, Taourirt, Taghouzi, Taguelzi, Taoursit, Tasfaout, Tililane, Tiberghamine. Autant de villes, de villages et de lieux-dits qui ont leur équivalent dans le Nord du pays mais aussi à sa frontière sud, au Mali et au Niger.
Adrar est authentiquement algérienne et profondément africaine. Et pourtant, une de ses filles, Khadidja, ne mériterait pas d’être l’ambassadrice de la beauté du pays. C’est en tout cas ce qui a été décrété par des esprits qui n’ont pas eu la pudeur de retenir leurs miasmes racistes. Ils les ont libérés sans aucune retenue sur les réseaux sociaux (et certainement dans les discussions privées) sur lesquels ils continuent de fleurir.
On voudrait donc réduire l’Algérie à sa capitale, agrandie peut-être de Annaba, Béjaïa, Oran et Tlemcen. Ce faisant, on ignore l’histoire et on oublie la figure de Tin Hinan, la mère du peuple touareg. On ignore la culture et on oublie les joueuses de l’imzad, à la peau hâlée par le soleil du désert et qui de leurs doigts de de leurs voix entretiennent et récitent une poésie amoureuse datant de plusieurs siècles. On ignore la géographie et on oublie que l’Algérie est un pays-continent divers, un peu comme l’est le Brésil avec toutes ses populations.
Il y a bien longtemps que les canons de l’esthétique, en littérature et dans les arts, ont cessé de faire de la beauté un attribut de la noblesse, transmissible par filiation et se manifestant exclusivement par la peau blanche et les yeux verts. “Dans ce pays parfumé que le soleil caresse “(Baudelaire), Khadidja est bien qualifiée pour incarner la beauté de l’Algérienne et soumettre les hommes de sa peau d’ébène, de sa tornade de cheveux et de ses yeux de braise.
TSA
Entrée brutalement dans le modèle du consumérisme, l’Algérie, pourtant conservatrice, s’est laissée entraîner dans cette mode d’un concours qui est surtout un événement lucratif pour ses organisateurs. On ne les créditera pas exceptionnellement d’intentions vertueuses.
Qu’importe l’objectif, le concours de cette année aura révélé dans son horreur un monstre qui enlaidit la société algérienne, au cris duquel les réseaux sociaux ont donné une résonance planétaire. Malheur : le jury a distingué une fille à la peau un peu plus pigmentée que la moyenne nationale, venant du plus profond de l’Algérie.
Khadidja Benhamou est d’Adrar, cette ville dont la seule consonance revendique son appartenance à l’histoire multimillénaire de l’Algérie et à son enracinement africain. Examinons au hasard la toponymie des lieux dans cette wilaya du Sud où certains sites présentent encore les signes d’une écriture préhistorique : Abenkour, Admeur, Aghil, Aoulef, Asfaou, Azzekour, Taourirt, Taghouzi, Taguelzi, Taoursit, Tasfaout, Tililane, Tiberghamine. Autant de villes, de villages et de lieux-dits qui ont leur équivalent dans le Nord du pays mais aussi à sa frontière sud, au Mali et au Niger.
Adrar est authentiquement algérienne et profondément africaine. Et pourtant, une de ses filles, Khadidja, ne mériterait pas d’être l’ambassadrice de la beauté du pays. C’est en tout cas ce qui a été décrété par des esprits qui n’ont pas eu la pudeur de retenir leurs miasmes racistes. Ils les ont libérés sans aucune retenue sur les réseaux sociaux (et certainement dans les discussions privées) sur lesquels ils continuent de fleurir.
On voudrait donc réduire l’Algérie à sa capitale, agrandie peut-être de Annaba, Béjaïa, Oran et Tlemcen. Ce faisant, on ignore l’histoire et on oublie la figure de Tin Hinan, la mère du peuple touareg. On ignore la culture et on oublie les joueuses de l’imzad, à la peau hâlée par le soleil du désert et qui de leurs doigts de de leurs voix entretiennent et récitent une poésie amoureuse datant de plusieurs siècles. On ignore la géographie et on oublie que l’Algérie est un pays-continent divers, un peu comme l’est le Brésil avec toutes ses populations.
Il y a bien longtemps que les canons de l’esthétique, en littérature et dans les arts, ont cessé de faire de la beauté un attribut de la noblesse, transmissible par filiation et se manifestant exclusivement par la peau blanche et les yeux verts. “Dans ce pays parfumé que le soleil caresse “(Baudelaire), Khadidja est bien qualifiée pour incarner la beauté de l’Algérienne et soumettre les hommes de sa peau d’ébène, de sa tornade de cheveux et de ses yeux de braise.
TSA
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